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7 enfants élevés par des loups

Ces 7 enfants ont été élevés par les loups: voici leurs histoires

Des enfants élevés par des loups, ce n'est pas uniquement dans le monde de Disney que ça existe. Voici les histoires insolites de sept «enfants-loups», qui démontrent que la séparation d'avec la société humaine ne se fait pas sans dommage.
17.12.2022, 08:0018.12.2022, 10:46
Daniel Huber
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Les histoires d'«enfants-loups» – des enfants qui auraient été élevés par des animaux – existent depuis l'Antiquité. On connaît par exemple les jumeaux Romulus et Remus du mythe de la fondation de la ville de Rome, qui auraient été allaités par une louve après leur abandon. Tarzan – l'homme-singe imaginé par Edgar Rice Burroughs – et Mowgli du Livre de la jungle de Rudyard Kipling sont des exemples sans doute encore plus célèbres.

Cependant, seuls ces personnages fictifs ont pu survivre sans dommage à la séparation d'avec la société humaine. Tous les récits de cas réels d'enfants négligés ou abandonnés qui ont survécu un certain temps dans la nature en communauté avec des animaux montrent clairement que les bêtes ne peuvent pas remplacer le contact avec les humains.

Kapitolinische Wölfin mit Romulus und Remus
Romulus et Remus, les fondateurs mythiques de Rome, auraient été nourris par une louve lorsqu'ils étaient enfants. image: Shutterstock

Même les «enfants-loups» au sens large – ceux qui ont pu survivre seuls dans la nature sans l'aide d'animaux – n'ont pu se réintégrer dans la société que s'ils avaient déjà été socialisés par l'homme auparavant, lors d'une phase marquante, et avaient notamment appris à parler. Dans le cas contraire, leurs perspectives d'une vie normale étaient sombres.

La plupart des scientifiques considèrent qu'il est peu probable qu'un enfant humain ait jamais été réellement élevé par des animaux et qu'il n'ait pas seulement trouvé un lien temporaire avec un groupe d'animaux.

De plus, un grand nombre de récits d'enfants-loups se sont révélés être des faux par la suite – comme dans le cas des deux fillettes Kamala et Amala, qui auraient été trouvées en Inde en 1920 dans une meute de loups. Nous vous présentons ici sept cas d'enfants qui ont réellement vécu un certain temps avec des animaux ou qui se sont débrouillés seuls dans la nature.

Victor de l'Aveyron

En 1797, un garçon nu a été aperçu dans une forêt du sud de la France, mais il s'est enfui. Ce n'est que trois ans plus tard que l'on parvint à le capturer. Le garçon, âgé d'environ douze ans, ne pouvait pas parler et dormait du lever du soleil jusqu'à la tombée de la nuit, comme un animal nocturne. Victor, comme on l'appelait, est devenu le cas le plus documenté d'enfant-loup ; le «sauvage de l'Aveyron» a été étudié en détail par les naturalistes.

Ils ont découvert que Victor ne reconnaissait pas son propre reflet et détestait les sucreries, les épices et les aliments cuits. Il mangeait principalement des glands, des noix et des châtaignes. De plus, il ne pouvait pas distinguer les personnes selon leur sexe. Il n'avait pas d'instinct sexuel et était étonnamment insensible à la chaleur et au froid.

Victor von Aveyron
https://de.wikipedia.org/wiki/Victor_von_Aveyron#/media/Datei:Victor,_the_salvage_of_Aveyron,_end_XVIIIe.jpg
Victor, le «sauvage de l'Aveyron».image: Wikimedia

Jean Itard, médecin-chef d'un établissement pour sourds-muets, a observé Victor pendant cinq ans et a essayé de lui apprendre à parler. Même si Victor n'a jamais appris à parler, il y a eu des progrès – c'est ce que rapporte le médecin en 1801:

«Il s'habille désormais seul, s'efforce de ne pas salir sa couche, met la table, tend son assiette pour obtenir de la nourriture, va chercher de l'eau quand la cruche est vide, se débarrasse des visiteurs importuns en leur indiquant la sortie, invite les curieux à le promener dans une petite charrette à bras, apporte un peigne au médecin quand celui-ci a volontairement mis ses cheveux en désordre et, le matin, arrange les vêtements de son éducatrice.»

En 1806, le deuxième rapport d'Itard ne faisait état que de succès mineurs. Victor a tout de même appris à comprendre la signification des mots importants et il a même été capable de les écrire seul. Mais Victor est resté toute sa vie – il est mort à l'âge de 40 ans environ – un cas nécessitant une prise en charge. Le réalisateur François Truffaut a porté son destin à l'écran en 1970 dans L'enfant sauvage.

Dina Sanichar

En 1867, des chasseurs de la région indienne de Bulandshahr ont trouvé un animal étrange dans une tanière de loup, qui s'est avéré être un enfant d'environ six ans. Le garçon, qui avait probablement été abandonné par ses parents, avait vécu au sein d'une meute de loups; il émettait des sons semblables à ceux des loups, marchait à quatre pattes et mangeait de la viande crue. Il a été placé dans un orphelinat à Agra, où on lui a donné le nom de Dina Sanichar.

Dina Sanichar as a young man, c. 1889-1894
https://en.wikipedia.org/wiki/Dina_Sanichar#/media/File:Sanichar-cropped.png
Dina Sanichar n'a jamais appris à parler – mais à fumer, oui.image: Wikimedia

Il y a vécu avec d'autres enfants et, avec le temps, il a appris à manger des aliments cuits. En revanche, Sanichar n'a jamais appris à parler et a nécessité de l'assistance pendant toute sa vie. Ce grand fumeur est mort de la tuberculose en 1895, à l'âge de 44 ans environ. Il est possible que Rudyard Kipling se soit inspiré de ce cas pour créer son personnage Mowgli.

Robert Mayanja

Au début des années 1980, l'Ouganda était en proie à une guerre civile. C'est probablement vers 1982 que les parents d'un petit garçon d'environ trois ans ont trouvé la mort dans ces troubles. Il est ensuite resté seul dans la forêt et a rejoint une horde de singes, probablement des singes verts.

On estime que l'enfant a survécu ainsi pendant trois ans dans la jungle, jusqu'à ce que des soldats le retrouvent en 1985 et le ramènent dans le monde des humains. Selon les rapports des soldats, les singes ont essayé de protéger le petit; une femelle l'aurait serré contre elle.

Lorsqu'il a été retrouvé, Robert Mayanja – comme on l'a appelé par la suite – ne pouvait ni s'asseoir ni se tenir debout, mais seulement s'accroupir et sauter. Il ne pouvait pas non plus parler; ses sons ressemblaient à ceux des singes. De plus, Mayanja ne souriait pas. Il se nourrissait de fruits, de baies et de racines.

Robert Mayanja
https://crossriverwatch.com/2013/02/ugandan-boy-raised-by-monkeys-tries-to-adapt-photos/
Robert Mayanja a appris à mâcher sa nourriture et non à l'avaler.image: crossriverwatch.co

En 1991, Mayanja est arrivé à l'institution «L'Arche» à Busega, dans la capitale Kampala, où il se trouvait encore en 2013. A l'époque, le garçon ne pouvait pas s'habiller lui-même, mais il aidait en tendant les jambes et les bras. Il allait lui-même aux toilettes, où il avait toutefois besoin d'aide, tout comme pour se laver. Il continuait à marcher légèrement courbé comme un singe. Alors qu'au début, il ne pouvait pas mâcher et avalait rapidement la nourriture, il a ensuite mangé plus lentement et mâché la nourriture. Il exprimait ses sentiments par des sons, car il n'avait pas appris à parler.

John Ssebunya

John Ssebunya avait environ quatre ans lorsqu'il a assisté au meurtre de sa mère par son père en 1988. Le petit garçon s'est enfui dans la jungle ougandaise et son père a été retrouvé plus tard pendu. Comme Robert Mayanja, John Ssebunya a trouvé refuge auprès d'un groupe de singes verts et, comme Robert, John a survécu pendant environ trois ans dans la forêt, se nourrissant de fruits, de noix et de racines.

En 1991, une femme du nom de Millie a vu le garçon dans un groupe de singes et a ensuite fait venir des hommes du village pour l'aider à capturer John. Ce dernier s'y est opposé et sa «famille de singes» a également tenté de chasser les hommes en leur lançant des bâtons.

John avait des poils sur tout le corps, mais ceux-ci n'auraient pas repoussé après qu'il ait été rasé. Ses ongles étaient également très longs et ses genoux étaient presque blancs, car il se déplaçait constamment sur eux.

John Ssebunya
https://www.youtube.com/watch?v=quYfFS6MMZc
John Ssebunya savait probablement déjà parler lorsqu'il s'est enfui dans la forêt. C'est pourquoi il a pu réacquérir cette compétence plus tard.Screenshot: Youtube/NatGeoWebisodes

Après avoir reçu de la nourriture chaude, il a été très malade pendant trois jours, au cours desquels les secouristes ont retiré de son intestin des vers solitaires, dont certains mesuraient, dit-on, jusqu'à trois mètres de long. Son apparence animale et son comportement sauvage ont effrayé certains villageois, qui ont cru qu'il s'agissait d'un esprit maléfique.

Millie et ses assistants ont alors emmené John chez Paul et Molly Wasswa, qui géraient une organisation caritative pour les orphelins. Sous leur protection, le garçon a appris à parler – ce qui laisse supposer qu'il savait déjà parler avant de s'enfuir dans la forêt.

Les soignants ont constaté que John chantait bien. Ils lui ont trouvé une place dans la chorale d'enfants «The pearl of Africa», avec laquelle il est allé jusqu'au Royaume-Uni. En outre, il a pu participer à deux reprises aux Jeux olympiques spéciaux: en 1999, il a couru le marathon et en 2003, il était capitaine de l'équipe de football ougandaise.

John se souvient avec gratitude des singes avec lesquels il a vécu:

«Je suis reconnaissant, oui, je le suis. Pas à cause de l'amour qu'eux m'ont donné, les singes. Mais parce que ce qu'ils ont fait m'a permis d'être aimé par d'autres personnes, par des êtres humains.»

Bello

Bello, le «petit chimpanzé nigérian», a été trouvé en 1996 dans la forêt de Falgore, à 150 km au sud de Kano, dans le nord du Nigeria. Le garçon est né handicapé physiquement et mentalement, ce qui est peut-être la raison pour laquelle ses parents l'ont abandonné lorsqu'il avait environ six mois. La pratique de l'abandon des enfants handicapés existait encore à l'époque chez les Peuls nomades et les enfants mouraient généralement. Bello n'aurait pas pu survivre seul à cet âge, mais il a été recueilli par un groupe de chimpanzés et peut-être allaité par une mère chimpanzé.

Bello, der nigerianische Schimpansenjunge 
https://ng.opera.news/ng/en/sex-relationship/35c334768163009d75387dfd16007f45
Bello a été recueilli par un groupe de chimpanzés alors qu'il était bébé. image: ng.opera.news

Bello a probablement passé environ un an et demi avec les chimpanzés; lorsqu'il a été trouvé par des chasseurs, il avait environ deux ans. Il avait déjà adopté le comportement des singes: il criait comme un chimpanzé et traînait ses bras sur le sol en marchant. Le garçon a été emmené au foyer Tudun Maliki Torrey à Kano, où il était très agité au début, sautant par exemple dans le dortoir la nuit ou jetant des objets. Après quelques années, il s'est considérablement calmé, mais il n'a jamais appris à parler, continuant à émettre des sons simiesques et à sauter comme un chimpanzé. En 2005, Bello est mort pour des raisons inconnues.

Oxana Malaya

Oxana Malaya est née en 1983 en Ukraine et vivait dans le village de Nova Blahovishchenka dans l'oblast de Kherson. Mais très vite, elle a été négligée par ses parents alcooliques; à l'âge de trois ans, ils ont laissé la fillette dehors la nuit, dans le froid. En quête de chaleur, Oxana s'est glissée dans le chenil situé dans le jardin arrière de la maison de ses parents – et a vécu dès lors avec les chiens pendant près de cinq ans. Ses parents n'y ont pas prêté attention.

Oxana Malaya
Oxana était une enfant normale. image: UnheardPerception

Oxana se nourrissait principalement de restes de nourriture donnés aux chiens, mais de temps en temps, elle se rendait dans la maison de ses parents, généralement pour y chercher de la nourriture. Sinon, elle vivait avec les chiens et à l'extérieur et devenait de plus en plus sauvage.

Lorsqu'elle avait sept ans et demi, un voisin a contacté les autorités et Oxana a été enlevée à ses parents. Les policiers ont d'abord dû attirer les chiens en leur donnant de la nourriture pour s'emparer de la fillette.

Oxana Malaya
Oxana se tenait et se comportait comme un chien.Screenshot: Youtube
A ce moment-là, Oxana ne pouvait pas parler et elle se déplaçait et se comportait en grande partie comme un chien: elle marchait et courait à quatre pattes, mangeait, haletait, aboyait et montrait ses dents comme un chien et dormait par terre.

Elle a été placée dans un centre de soins pour enfants handicapés mentaux à Barabol, dans l'oblast d'Odessa, où une thérapie spéciale a été mise en place pour lui faire perdre son comportement de chien et lui réapprendre à parler. Cela a été possible parce qu'elle avait déjà parlé avant de devenir sauvage.

Jeune adulte, les médecins lui ont attribué les capacités mentales d'une enfant de six ans. Aujourd'hui, Oxana vit toujours dans un centre de soins pour adultes à Odessa, où elle s'occupe des vaches de la ferme de l'hôpital. Les chances qu'elle puisse un jour vivre de manière totalement autonome sont minces. Elle peut parler, mais le fait d'un ton plat et sans émotion.

En 2013, Oxana a participé au talk-show Govorit Ukraina à la télévision nationale ukrainienne. Elle y a décrit sa vie au foyer et a parlé de son petit ami et de son travail avec les animaux. Elle a également exprimé son souhait d'être traitée comme un être humain normal. Elle a déclaré se sentir blessée lorsque les gens l'appelaient «fille-chien» et que son rêve le plus important était de retrouver sa mère biologique.

Ivan Mishukov

On ne sait pas si le petit Ivan Mishukov a été jeté à la rue ou s'il s'est lui-même enfui pour échapper à la précarité de sa situation familiale: dans un appartement avec son grand-père alcoolique, sa sœur de 17 ans et son bébé, abandonné par sa mère alcoolique elle aussi, son père en prison... Quoi qu'il en soit, l'enfant de quatre ans s'est retrouvé dans les rues de Reutov, juste à l'extérieur des limites orientales de la ville de Moscou.

Il y a rencontré des enfants des rues qui sniffaient de la colle et vivaient dans des trous de cave – et une meute de chiens errants. Avec les autres enfants, Ivan mendiait de la nourriture devant une boulangerie et partageait le maigre revenu avec les chiens, qui ont fini par l'accepter comme membre de la meute. Les chiens le protégeaient des personnes agressives et, en hiver, des températures glaciales qui peuvent descendre jusqu'à moins 30 degrés.

Iwan Mischukow
Ivan Mishukov a réussi à retrouver une vie normale. photo: Channel One/YouTube

Pendant environ deux ans, Ivan a vécu avec les chiens, qu'il a appelés Jesse, Goga, Macha et Seva, et dont il est devenu le chef. Puis, en 1998, la police l'a attrapé. Ce n'est qu'à la troisième tentative que les policiers ont pu attraper le garçon de six ans; les chiens le défendaient à chaque fois contre la saisie. Ivan avait déjà appris à parler avant de devenir un chien errant et il n'a jamais oublié.

Il a été placé brièvement dans un foyer pour enfants à Reutov, puis il a été recueilli par Tatiana Babanina. Cette mère adoptive a réussi à redonner confiance à Ivan en les êtres humains. Il a terminé sa scolarité avec succès et a ensuite intégré l'école des cadets de la marine de Kronstadt. Aujourd'hui, il travaille à plein temps.

Il se souvient avec gratitude de «ses» chiens, tués par la police, et dit que c'était sa seule famille.

«J'aimais les chiens et ils m'aimaient. Ils me léchaient le visage – c'est comme ça que les chiens donnent des bisous»

(Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder)

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