Baissez les stores, bouclez les fenêtres, fermez tout. Et, SURTOUT, ne laissez filtrer aucun rayon de soleil, ni petit courant d'air. Les ordres sont clairs. Une stratégie à la rigueur militaire a été mise en place, avec des horaires calculés à la minute, sans doute sur la base de théories pseudo-scientifiques très sûres.
Non, malgré les apparences, nous ne sommes pas sur le point de subir une attaque à la bombe atomique dans la rédaction de watson ce vendredi matin. Il est 8h53 et il fait 25 degrés. Le pic de chaleur approche lentement mais sûrement. Déjà, les collègues dégainent ventilateurs, brumisateurs, claquettes, maillots de bain et bâtons de glace. Certains se cloîtrent dans l'ombre d'une pièce fermée à double tour quand d'autres se posent, ordinateur et front perlé de sueur, à deux centimètres de la clim, réglée sur -12°C. Dans presque toutes les bouches asséchées, le même soupir:
Résultat: on sort des bureaux en fin de journée avec l'impression d'être une sorte de Dracula évadé de son caveau, les yeux injectés de sang, privé d'oxygène et de lumière naturelle depuis des siècles.
S'il est des personnes qui doivent fuir la chaleur à juste titre (seniors, enfants, personnes à risque), il en est d'autres, les «faussement fragiles», qui trouvent un plaisir presque masochiste à patauger - outre leur transpiration - dans les complaintes inutiles.
Incontournable sujet de small talk, la météo est un indispensable défouloir pour le commun des mortels. Particulièrement à propos quand le thermomètre affiche 50°C (seuil dépassé en Inde et au Pakistan récemment).
Même à 35°C, on vous l'accorde, il faudrait être idiot, inconscient ou vaguement suicidaire pour se lancer dans un marathon alors qu'on n'a jamais couru de sa vie, ou décider soudainement de se priver d'eau, parce qu'au fond, on trouve ça un peu fade.
Qu'on aime la sensation de l'air tiède brassé par un ventilateur (et tous les liquides corporels de son voisin qui vont avec) est une chose. Se faire prendre pour un abruti en est une autre. Ces derniers jours, on ne compte plus les articles de «trucs et astuces» proférés par spécialistes, médias et autorités, afin de nous aider à traverser la canicule dans des conditions optimales.
Parmi mes conseils préférés, repérés ici et là sur internet:
Vous apprécierez ce ton systématiquement gentillet qui flirte dangereusement avec la condescendance. A se demander si notre bon sens et deux-trois neurones ne se seraient pas évaporés avec la hausse des températures.
Boire beaucoup d'eau et veiller à ne pas s'exposer en plein cagnard, ok, ça tombe sous le sens. Mais quand on nous supplie d'arrêter les crèmes glacées «qui donnent envie, mais sont très sucrées, ce qui impacte notre digestion» ou de nous priver de café (voire pire, de cocktails, car l'alcool «contribue à la déshydratation»), il n'en faut pas plus pour me rendre méchamment ronchon.
Non mais, allez quoi, c'est l'été. Synonyme de vacances, de relâchement, d'interminables après-midi dans la piscine, de petits plaisirs et autres folies pas bien graves qui font le sel, le sucre et le chlore des vacances.
Entre recommandations gnangnans et chaleur suffocante, difficile de décider ce qui est le plus plombant. Heureusement: ni ce dilemme, ni la canicule, ni les gémissements des collègues ne sont voués à s'éterniser. L'actuelle vague de chaleur devrait toucher à sa fin d'ici ce soir, selon les prévisions de MeteoSuisse.
Optez pour La Brévine (NE) lors de la prochaine vague caniculaire. La bien nommée «Sibérie de Suisse» affichait un petit 8,1 degrés ce matin. De quoi rafraîchir les ardeurs des inconditionnels râleurs.