La semaine dernière, la Ville de Lausanne a trouvé la personne qui sera en charge de mettre en place la politique LGBTIQ+ dans la capitale olympique, dès 2023. Le but d'une telle démarche? Répondre aux demandes et aux besoins de la population, de plus en plus nombreux ces dernières années en raison notamment d'une plus grande visibilité de la thématique.
Pierre-Antoine Hildbrand, conseiller municipal qui s'est occupé de créer la stratégie, raconte:
Après deux ans de développement, la stratégie aura donc pour objectif de faire de Lausanne une ville inclusive et non-discriminante, d'offrir des espaces publics accueillants et la possibilité à la communauté LGBTIQ+ de développer des projets et, finalement, de sensibiliser l'administration publique pour qu'elle soit en mesure de traiter les différentes demandes des personnes LGBTIQ+.
Un sondage a d'ailleurs été réalisé à l'interne qui a démontré que les employés et les cadres étaient très sensibles à ce sujet.
Pour Sara Blaser, co-secrétaire générale de Vogay, l'association vaudoise pour la diversité sexuelle et de genre (dont les quartiers sont à Lausanne), la requête générale de la communauté se résume en une phrase:
En plus des quatre grands axes développés, le fait d'avoir créé ce nouveau poste – et d'avoir engagé quelqu'un pour être la personne de référence et l'exécutant –, offre une légitimité aux actions et au discours LGBTIQ+.
Par exemple, à l'heure actuelle, il existe certes de la discrimination et des violences à Lausanne, mais aucun chiffre n'est recensé dans le monde du travail ou la rue. Le problème est donc connu, mais il est difficilement défendable et condamnable. Dès 2023, la personne engagée travaillera avec la police pour palier ce manque.
Dans le futur, l'objectif serait d'avoir une politique commune au niveau communal, cantonal et national, et non plus des actions isolées. En effet, le positionnement adopté par Lausanne a aussi pour objectif d'envoyer un message clair et de communiquer, au niveau politique notamment, en faveur des questions LGBTIQ+.
Et puis, Lausanne pourra peut-être un jour rejoindre le Rainbow Cities Network, qui regroupe une quarantaine de villes – dont Genève, Berne et Zurich –, engagées dans l'élaboration de politiques qui répondent aux besoins des personnes LGBTIQ+. La participation est réévaluée et renouvelable selon les actions favorables mises en place par les villes. D'ailleurs, sans poste dédié comme celui fraîchement créé par Lausanne, pas de Network.
Genève est d'ailleurs membre fondateur du Rainbow Cities Network et sa stratégie LBGTIQ+ friendly remonte à 2012. La ville est donc pionnière en Suisse. Guillaume Mandicourt était à l'origine de la démarche et occupe, aujourd'hui encore, le poste de chargé de projets LGBTIQ+. Il se souvient:
C'est pour formaliser ces demandes que son poste a été créé et qu'une stratégie a été développée. Elle englobe, entre autres, le soutien aux associations LGBTIQ+, la mise en place de projets de sensibilisation auprès du public, la formation des employés et cadres de la Ville, ou l'engagement des politiques ou encore la coopération au niveau international.
Avec quels effets? Depuis 10 ans, Guillaume Mandicourt observe un changement sociétal et une meilleure compréhension, acceptation et inclusion des personnes LGBTIQ+ dans toutes les sphères de la vie publique et au niveau des politiques, malgré des violences et discriminations qui restent présentes. D'ailleurs, pour y faire face, Genève s'est par exemple inspirée de Lausanne et a mis en place cet été une application pour dénoncer le harcèlement de rue.
La question se pose alors: Lausanne est-elle en retard par rapport à ses voisines suisses? Sara Blaser n'est pas aussi radicale. Selon elle, les communautés LGBTIQ+ sont très présentes depuis les années 1990. Elles existaient donc déjà par elles-mêmes et faisaient de la capitale olympique une ville arc-en-ciel.