Nouveau revers pour Michel Houellebecq: l'auteur figure dans un film pornographique non-diffusé et fait tout son possible pour interdire sa sortie en ligne. Un tribunal des Pays-Bas vient de refuser sa demande, ont rapporté Le Figaro et Libération.
Sera-t-il possible de bientôt voir les galipettes entre la sensuelle étudiante néerlandaise et actrice porno Jini van Rooijen et Michel? Lui «qui baise comme un fou» et est «très viril avec les femmes» — oui, on en profite pour ressortir quelques-unes des punchlines du réalisateur tirées de son interview avec Vice.
«Kirac 27» devrait donc bel et bien être diffusé en ligne. Michel Houellebecq a fait appel du verdict. L'auteur estime avoir été piégé par le réalisateur, Stefan Ruitenbeek.
Houellebecq a donc signé pour coucher avec une sensuelle étudiante face caméra, d'ailleurs présente sur OnlyFans, et peste qu'il s'est fait manipuler et que la démarche artistique qui lui a été vendue ne correspond pas au film s'apprêtant à être diffusé en ligne. Même s'il admet volontiers dans son billet publié sur la Règle du jeu, parlant de lui à la troisième personne, que:
Tout cela a l'air bien clair... Toutefois:
Houellebecq n'aurait pas non plus apprécié que l'équipe de tournage l'ait accueilli dès la sortie du train à Amsterdam, sans prévenir. Les caméras étaient partout durant plusieurs jours, ce qui a déplu à l'écrivain et, au terme de plusieurs jours de tension, il a fini par renvoyer le réalisateur hors de sa chambre d'hôtel, coupant toute communication et indiquant qu'il prendrait en charge tous les frais. «Nous ne nous sommes pas revus depuis», explique le premier intéressé.
En cause dans toute l'histoire: le texte du contrat, que Michel Houellebecq a publié sur la Règle du jeu. En voici un bref extrait, qui concerne aussi la femme de l'auteur, Lysis (qui n'apparaît pas nue):
Libération rapporte que ce point devra être bel et bien respecté par Stefan Ruitenbeek dans le montage de son film, ce qui aura pour conséquence de «semer le doute entre fiction et réalité» et «entretenir l’idée d’éventuelles doublures». Mais concernant la validité finale du contrat, pour le tribunal compétent, les choses sont claires:
Un autre argument a été retenu par la cour, qui juge que l'homme n'en est pas à son premier bout de papier griffonné:
Michel Houellebecq assure, dans son billet de la Règle du jeu, qu'une partie des plans a pourtant été tournée avant la signature du contrat.
Le texte de Houellebecq sur la Règle du jeu est d'ailleurs titré: «Que celui qui n'a jamais signé un contrat sans le lire me jette la première pierre». Une défense un peu faiblarde, pour le reste surprenante provenant de l'écrivain incisif, sulfureux et d'habitude jamais prompt à reculer devant une polémique — et qui n'aura pas convaincu la cour.
L'auteur en remet plusieurs couches, indiquant que «la société ne repose pas sur un contrat, ni même sur des contrats, puisque presque personne ne les lit», et de compléter: «la société repose sur une certaine confiance mutuelle». Et dans une récente interview au Tages-Anzeiger, il déclarait platement:
Et concernant les contrats, il y indique que, d'habitude, c'est son agent qui les lui prépare. Cette fois-ci, il aurait signé seul, dit-il, alcoolisé:
L'auteur du film, lui, n'en démord pas, et préfère jouer la carte de la sympathie pour l'écrivain:
Alors, Michel Houellebecq aurait-il mieux faire de lire ce plutôt court et concis «contrat aberrant, signé à toute vitesse dans une chambre d’hôtel», plutôt que de signer à la va-vite? L'appel le dira.