Depuis le 1er janvier 2023, les préservatifs sont gratuits en France pour tous les jeunes de moins de 25 ans, mineurs compris. En cause: une recrudescence des maladies sexuellement transmissibles. La contraception est, quant à elle, gratuite pour toutes les femmes de moins de 25 ans depuis janvier 2022.
La gratuité des préservatifs pour les jeunes s'appuie sur d'autres mesures : gratuité de la contraception d’urgence pour toutes les femmes en pharmacie, dépistage gratuit sans ordonnance élargi à d’autres infections sexuellement transmissibles que le VIH pour les moins de 26 ans.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 8, 2022
En Suisse, plusieurs actions ont été menées dans ce sens, dont une motion déposée en 2019 par le conseiller d'Etat valaisan Mathias Reynard. Elle a été refusée en 2021. «L'un des arguments avancés par le Conseil fédéral était le fait que la grossesse ne peut être considérée comme une maladie», explique-t-il. «Ainsi, l'assurance-maladie obligatoire ne pourrait, selon le Conseil fédéral, pas prendre en charge les coûts qui permettent d'éviter un tel scénario.»
Selon lui, cette décision envoie un message clair:
Pour Simone de Montmollin, Conseillère nationale PLR à Genève, les questions suivantes doivent se poser: est-ce qu'une telle mesure est nécessaire? Avec quel objectif, et à qui cela profiterait? Si elle encourage la mise à disposition gratuite de préservatifs – car ils permettent d'éviter les maladies sexuellement transmissibles, en plus de l’effet contraceptif –, elle rappelle que la contraception s'envisage de manière beaucoup plus large:
Et puis, «rien n'est jamais gratuit», souligne-t-elle: les coûts se reporteraient sur les impôts et les primes d'assurance-maladie.
Simone de Montmollin serait en revanche plus encline à encourager les efforts en termes de sensibilisation et d'éducation sexuelle: «Cela serait beaucoup plus utile pour renforcer l'accès à une contraception responsable, contrairement à une mesure symbolique comme la gratuité de celle-ci».
Alain Léo Pfammatter, conseiller en santé sexuelle à Profa (Centre vaudois de référence en santé sexuelle), confirme en effet que le travail fait en Suisse en termes d'éducation sexuelle porte ses fruits: «Nous n'avons que 6 à 7 interruptions de grossesse (IG) pour mille femmes par année. C'est le taux le plus bas d'Europe», salue-t-il. Il est toutefois d'avis qu'on peut toujours faire mieux.
La gratuité des préservatifs, par exemple, permettrait selon lui aux personnes, aux jeunes notamment, d'avoir plus de facilité à s'en procurer. Ils pourraient ainsi mieux se familiariser avec et sauraient les utiliser. Souvent, rappelle-t-il, faute d'expérience, ils ont tendance à ne pas les inclure dans leur pratique sexuelle. Il ajoute:
Aujourd'hui encore, les frais liés à la contraception sont souvent à la charge des femmes, malgré le fait que de plus en plus d'hommes souhaitent participer aux coûts et s'investir dans les démarches. «De plus en plus d'hommes aimeraient pouvoir prendre une contraception», poursuit Alain Léo Pfammatter. «Malheureusement, les seules qui ont été approuvées scientifiquement à l'heure actuelle sont les préservatifs et la vasectomie.»
Il regrette que le sujet de la gratuité soit régulièrement balayé par la plupart des politiques. «Mais nous revenons régulièrement dessus», assure-t-il, «et j'espère qu'un jour, nous serons alignés avec nos voisins européens». Une motion a d'ailleurs à nouveau été déposée au Conseil national en mai 2022, par Samira Marti (PS/BS), qui demande de garantir la gratuité des moyens de contraception pour les moins de 25 ans. Le Conseil fédéral propose de la rejeter, pour les raisons déjà invoquées. Le Parlement n'a pas encore tranché.