C'est l'histoire d'un couple qui se rencontre en Espagne en 2019 et se passe la bague au doigt en Ecosse deux ans plus tard. Rendus euphoriques par l'amour, les jeunes mariés ont décrété que «métro-boulot-dodo», c'était trop chiant pour eux. Alors à la place, les amoureux ont décidé de partir en lune de miel... pour les dix prochaines années. «Mais comment financer un tel projet?», se sont demandé Silke et Kieran. Eh bien c'est simple Jammie, en vendant des photos olé olé.
Mais attention, pour le couple, olé olé ne veut pas dire vulgaire. Comme ils l'expliquent sur leur site, chaque vendredi, c'est «Freaky Friday»: les amoureux publient des photos et/ou des vidéos où ils ne portent «rien d'autre qu'un sourire». Ils vivent grâce aux abonnements à leur contenu, dès six livres sterling par mois (environ 6,70 francs). Du contenu dans lequel ils «diffusent la positivité corporelle» (une phrase qui sonne mieux en anglais: «spread body positivity»).
Ainsi, si vous cherchiez du trash, il faudra continuer vos recherches sur des sites plus obscurs: les deux voyageurs sont ce que les gens urbains comme moi appellent «des hippies». Des gens qui aiment partager des good vibes, clamer qu'ils s'aiment, se faire mutuellement des chignons, dormir dans des hamacs, faire la position du lotus (je parle du yoga), être nus, ou porter des fringues marron en coton organique quand vraiment il fait très très froid.
C'est d'ailleurs ce mode de vie plus «proche de la nature» (entendez: moins hôtels cinq étoiles et davantage auberges qui sentent la chaussure de rando) qui permet aux jeunes mariés de se contenter de huit dollars par jour pour vivre (environ 7,8 francs). Il est vrai que quand on est plus «route de la soie pieds nus» que «Dubaï en Balenciaga», huit balles, c'est jouable.
Trêve de moquerie, leurs photos (celles avec des habits, celles qu'ils partagent sur Instagram) sont belles, colorées, travaillées et ne témoignent que de bonnes intentions. Bonus: le passé de danseurs de Silke et Kieran leur permet des mises en scène légères et aériennes, là où le commun des mortels se serait déjà fait trois lumbagos.
Et puis fuck le capitalisme, en fait. Vive les hippies, la décroissance, la vie à poil et à huit dollars par jour, le coton bio et les jolies photos. Patron, si tu lis ceci, je suis partie vivre naked and happy quelque part comme Silke et Kieran. Merci et bravo à eux. (Et n'oubliez pas de leur donner huit balles, il leur reste neuf ans de lune de miel.)