Bobi n'était pas qu'un simple chien. En fait, ce loulou n'aurait jamais dû vivre. Son existence, il l'a doit aux enfants de la famille Costa qui l'ont sauvé d'une mort certaine. Couronné «chien le plus vieux du monde» par le Guinness des Records, rien ne le destinait à un tel titre. Hommage.
Tout commence en 1992, lorsque Gira («jolie» en français), la chienne de la famille, donne naissance à quatre chiots dans le petit village portugais de Conqueiros, à Leiria. Le père de la famille, alors chasseur et déjà propriétaire de nombreux chiens, refuse catégoriquement de les garder. L'homme ne voit alors qu'une seule issue possible: la mort. Et au grand désarroi de ses enfants, il fera ce qu'il faut pour s'en débarrasser.
Mais le destin en a décidé autrement pour Bobi qui, alors qu'il ne savait pas encore, avait été promis à une longue et paisible vie auprès des siens. Le chiot a échappé à la vigilance du père et restera là sous les rondins de bois où il est né. Seuls les enfants se rendront compte de cet oubli et feront tout pour le sauver et le protéger. Ainsi a donc survécu Bobi, un Rafeiro de l’Alentejo, une race de chien de montagne originaire du centre du Portugal et initialement créée pour la garde de troupeaux.
Mais Bobi n'aura jamais supervisé de troupeaux ni quitté le village dans lequel il est né. Sa vie se résumera à manger, boire et... dormir. Bref, un vrai petit chien de salon. Bobi a vieilli aux côtés de Leonel Costa, l'un des enfants qui l'a sauvé alors qu'il n'était qu'un bébé, dans un «environnement calme, paisible et loin de la ville». Il était très sociable et «pas du tout protecteur», c'était un «ange». Il aimait simplement les gens, expliquait Leonel Costa en mai dernier, alors que le chien fêtait ses 31 ans lors d'une fête d'anniversaire traditionnelle portugaise.
Connu de tous, il était une vraie star au pays et a même eu droit à un compte Instagram et à sa page Wikipédia. Le chien a également fait le tour des plateaux télé des chaînes nationales. Bref, Bobi était devenu la mascotte du Portugal.
Si Leonel avait déjà eu des chiens très âgés, à l'instar de Gira, mère de Bobi et morte à 18 ans, il n'a jamais su expliquer l'âge exceptionnel de son compagnon à quatre pattes. Seule certitude, Bobi buvait beaucoup d'eau et mangeait les restes des repas de famille, «on rinçait juste pour enlever l'assaisonnement». Mais pas question de lui donner des spaghettis bolognaises, Bobi n'aimait pas ça. Son truc à lui, c'était plutôt la daurade et les brochettes de porc. Il n'a donc jamais vu la couleur d'une croquette. Etait-ce là le secret? Nul ne le saura jamais.
Bobi n'a connu aucun souci de santé majeur hormis une mauvaise vue et quelques problèmes respiratoires. C'est d'ailleurs ce qui a étonné tous les spécialistes du pays, surpris de voir à quel point il se portait bien. «C'est curieux, car d'après les images diffusées, il ne semble pas présenter les signes d'un chien très âgé», disait d'ailleurs l'un d'eux en février dernier.
Naturellement affaibli par les années, celui qui a connu plusieurs générations de la famille s'en est allé le 23 octobre 2023. Bobi avait 31 ans et 163 jours exactement. Il est, encore et toujours, le chien le plus vieux jamais répertorié de l'histoire.