On l'attendait avec autant de frissons que d'excitation: après trois premiers épisodes moins consistants qu'un morceau de pudding, l'ultime volet d'Harry&Meghan sur Netflix jurait d'être plus croustillant. Promesse tenue.
Rejoignons les tourtereaux là où nous les avions laissés, en mai 2019. Harry et Meghan se marient dans la joie, la bonne humeur et la liesse populaire, sous les yeux de Serena Williams ou du couple Beckham. Tout le monde il est heureux, tout le monde il est content. Jouir de ses royaux privilèges dans un cottage cozy tous frais payés, c'est super!
En revanche, l'antique devise Never complain, never explain, l'est beaucoup moins. Le protocole et les paparazzi, très peu pour ces ardents défenseurs de la bienveillance et de l'écoute de soi.
Alors, quitte à servir le pays, autant se poser en sauveurs de cette institution monarchique encroûtée, raciste, coincée, incapable d'évoluer avec son temps. «Ce qu'on a réussi à faire est stupéfiant!», se congratule Harry avec aplomb.
Le documentaire prend une tournure qui fleure la théorie complotiste. Victime de son succès et mal récompensée de ses efforts, la pauvre Meghan se serait muée en rivale dangereuse de Kate.
Pour éviter de faire ombrage à sa royale belle-soeur, instructions auraient été données aux tabloïds de faire de Meghan une brebis galeuse de premier choix.
Face à la caméra et à son échec de faire plier la monarchie, Meghan soupire un larmoyant «I tried so hard!».
Quant à Harry, il lâche bombe sur bombe sur un ton policé. L'existence d'un «jeu sale» entre le palais de Buckingham et les médias. La correspondance privée de Meghan, étalée dans les colonnes du Daily Mail. Sa dépression. Le manque de soutien flagrant des Windsor et les prises de becs familiaux. Les fuites «volontaires» d'un membre de la maison royale dans la presse. Charles? William? Pour Harry et Meghan, tous les doutes sont permis.
Plus contraints que libres de leur choix, le duc et la duchesse de Sussex doivent se résoudre à l'impensable: fuir le Royaume-Uni, cette belle-famille corrompue et ces médias diaboliques, pour trouver refuge dans l'énorme villa d'un ami de Beverly Hills.
On ne remet pas en doute les souffrances de Meghan. Les petits-fours et les promenades dans le parc de Frogmore Cottage ne compensent pas l'absence totale de vie privée. Encore moins les menaces de mort sur les réseaux sociaux.
Difficile toutefois de ne pas s'agacer de ce couple qui chante haut et fort sa misère, confortablement installés dans un canapé à 10 000 dollars.
Ils ont beau réclamer qu'on leur foute la paix, Harry et Meghan se délectent, encore et toujours, de leur propre brouhaha. Non contents d'avoir obtenu leur liberté chérie, les principaux protagonistes du conte de fées sont incapables de tourner la page. Ils sont les auteurs du prochain chapitre, entamé le 6 janvier 2023, avec la publication de Spare.