Depuis que l'Université de Zurich a publié, en septembre, une nouvelle étude sur les abus sexuels au sein de l'Eglise catholique en Suisse, le nombre de sorties de l'Eglise a explosé. La Conférence des évêques suisses, qui a mandaté l'étude, se trouve en permanence sur la défensive. Son président, Felix Gmür, évêque du diocèse de Bâle, est confronté à des appels à la démission; on lui reproche une mauvaise gestion des cas d'abus dans le diocèse de Bâle. Il reconnaît avoir commis des erreurs.
Dans une interview à la NZZ am Sonntag donnée fin septembre, Gmür, au pied du mur, a appelé plus clairement que jamais à l'abolition du célibat obligatoire et à l'ordination des femmes. Cela signifierait que les femmes pourraient par exemple être ordonnées diacres ou prêtres.
Gmür a promis de s'engager pour des réformes qui vont dans ce sens lors du synode à Rome – et pour des solutions décentralisées. Cela signifie que les différentes régions devraient pouvoir trouver la voie qui leur convient – une sorte de fédéralisme à l'échelle de l'Eglise catholique.
Dimanche dernier, le synode qui a duré presque un mois a pris fin. Cette assemblée qui conseille le pape a réuni 365 évêques ainsi que, pour la première fois, des prêtres et des hommes et femmes laïcs pour discuter de l'avenir de l'Eglise catholique. Nouveauté intéressante: les discussions se sont déroulées en petits groupes autour de tables rondes.
Mais qu'est-il advenu des demandes que l'évêque Suisse voulait déposer à Rome? «Tous les thèmes ont été abordés et ont été intégrés dans le document final du synode», explique Gmür. Le souhait de trouver des solutions décentralisées a été enregistré. Il se manifeste, par exemple, dans le fait que les Eglises africaines sont encouragées à réfléchir à la manière dont les personnes vivant dans la polygamie peuvent être accompagnées sur le plan spirituel.
Et oui, l'abolition du célibat obligatoire a également été abordée. La question s'est pose de savoir s'il faut vraiment le maintenir partout, car cela est très difficile selon le contexte culturel et social. Il a également été question de l'ordination des femmes, non pas comme prêtres, mais comme diacres. Une ombre au tableau: les passages concernant le diaconat des femmes ont reçu «de loin le taux d'approbation le plus bas», à près de 80%, comme l'a constaté le portail cath.ch. Helena Jeppesen-Spuhler a participé au synode:
La deuxième partie du synode aura lieu dans un an. Les questions soulevées lors de la première partie devront alors être approfondies. L'évêque Gmür veut maintenant élaborer des propositions concrètes pour le diaconat des femmes et trouver des formulations appropriées pour l'abolition du célibat obligatoire.
Sur un point, le synode est en plein accord avec la Conférence des évêques suisses: il faut créer une autorité pour les procédures de droit canonique, composée d'experts indépendants et externes. Il est donc question de séparation des pouvoirs; l'évêque ne doit plus être à la fois le père spirituel et le juge des prêtres. C'est précisément ce double rôle qui s'est révélé hautement problématique dans le rapport de l'Université de Zurich.
Ce synode dégage une atmosphère de renouveau, mais il ne faut pas oublier qu'en fin de compte, c'est le pape qui décidera des réformes. A la suite des synodes précédents, François a écarté des points délicats. Il a, par exemple, empêché que des hommes mariés puissent être ordonnés prêtres en Amazonie, bien que la majorité des évêques locaux le souhaitaient.
Les efforts de réforme se fracasseront-ils cette fois encore sur le rocher du pape? La question reste ouverte. L'évêque Felix Gmür affirme que le pape doit maintenir l'unité de l'Eglise universelle et craint que certains changements ne conduisent à une scission. De plus, François aurait des réserves quant aux réglementations. D'autre part, Gmür a l'impression que le pape accorde une grande liberté aux évêques locaux selon la devise:
La question se pose: François fermerait-il les yeux si l'Eglise catholique en Suisse avançait avec des solutions progressistes?
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci