Société
Humeur

«Princess treatment»: sur TikTok, la femme-objet est de retour

«Princess treatment»: sur TikTok, retour de la femme bibelot
Vous avez peut-être vu passer sur les réseaux la tendance du «princess treatment». Comprenez: se faire traiter comme une princesse (oui, on ...
Lui, le pourvoyeur, elle, la muse décorative.Image: watson / dr
Humeur

La femme-objet est de retour

Vous avez peut-être vu passer sur les réseaux la tendance du «princess treatment». Comprenez: se faire traiter comme une princesse (oui, on aime enfoncer des portes ouvertes ici). Et si l’avalanche d’attentions semble inoffensive, elle cache en réalité une vision ultra genrée des relations. Plongée dans un conte de fées un peu foireux.
10.08.2025, 18:5710.08.2025, 18:57
Plus de «Société»

Les vidéos se ressemblent: elle est maquillée comme si elle allait à un gala, alors qu’elle va juste dîner. Il lui tend son manteau, il lui commande son plat sans même la consulter (spoiler: elle adore ça), il paie l’addition pendant qu’elle prend la pose. «That’s what princess treatment looks like», écrit-elle en description.

Sur TikTok, le #PrincessTreatment comptabilise des centaines de millions de vues. Et le principe est simple: une femme, dans une relation hétérosexuelle très codée, se doit de recevoir une quantité industrielle de petits gestes et d'attention d’un homme ultra-galant, qui se positionne en preux chevalier, toujours prêt à dégainer la MasterCard, lui ouvrir la portière, réserver les restos et deviner ses envies. Elle, elle ne fait rien. Sauf sourire. Et filmer, évidemment.

A première vue, ça peut sembler mignon. Qui ne voudrait pas d’un homme attentionné? Qui refuserait un bouquet de fleurs ou un resto payé sans sourciller? Sauf que le «princess treatment», ce n’est pas juste de la gentillesse. C’est une mise en scène sur les réseaux sociaux où l’homme agit et paie, et la femme se fait adorer. Statique. Instagramable.

Sous le diadème, les chaînes

Le problème, ce n’est pas l’attention. C’est l’implication asymétrique. Lui, le pourvoyeur, elle, la muse décorative. De plus, cette tendance pousse croire qu’elle est féministe, que les femmes «reprennent le pouvoir» de cette façon. Certaines influenceuses sur TikTok coachent littéralement d’autres femmes à «ne rien faire pour un homme qui ne paie pas tout». Princesse, ou rien.

Ce fantasme pseudo-romantique version TikTok flirte dangereusement avec un revival de normes patriarcales: la femme douce, bien habillée, qui mérite, par sa beauté et son calme, d’être servie. Et pas celle qui bosse, qui prend des décisions, qui négocie, qui a du pouvoir. Dans la logique du «princess treatment», plus on fait la plante verte élégante, plus on est récompensée.

Des trad wives 2.0

Mais ce n’est pas un phénomène isolé. Le «princess treatment» est la petite sœur maquillée et sponsorisée par Sephora d’une autre tendance: les trad wives, soit les épouses traditionnelles. Des femmes qui, sur les réseaux, prônent le retour au foyer, la soumission conjugale, le bonheur de servir son mari comme dans les années 50, tablier repassé et banana bread maison en prime.

Ces deux tendances ont des points communs: elles valorisent des rôles genrés très rigides, elles mettent la femme dans une position d’attente et d’esthétique, et elles transforment la vie de couple en tableau figé. La trad wife fait briller la maison; la princesse se fait les ongles. Les deux s’effacent derrière une masculinité qui décide, paie, planifie.

Certaines défendent le «princess treatment» comme un choix volontaire. Evidemment, chaque femme a le droit de vouloir un partenaire généreux, respectueux, attentionné. Mais ce que pointe cette tendance, c’est un glissement insidieux entre romantisme et soumission. Un brouillage des codes où le glamour cache mal un vieux script patriarcal.

L’illusion du contrôle

Ce qui rend cette tendance si perverse, c’est qu’elle donne l’illusion de reprendre le pouvoir. «Je mérite d’être traitée comme une princesse», affirment-elles fièrement sur les réseaux, comme s’il s’agissait d’une revendication féministe. Sauf que dans ce joli système bien codé, si demain, monsieur décide d’arrêter de jouer les princes, tout s’effondre.

Dans les commentaires, on lit souvent qu’«au moins, elle se respecte, elle ne se contente pas de moins.» Depuis quand faut-il uniquement se faire entretenir pour être respectée? Car ce qui pose le plus problème ici, c’est l’idéalisation d’un modèle très inégal, avec des vidéos qui en font un mode d’emploi universel, déguisé en «girl power».

Le «princess treatment», tel qu’il est promu en ligne, repose souvent sur une caricature de la féminité: sage, jolie, servie, dépendante. Et il a peut-être un nom mignon, mais la tendance soulève des questions bien plus sérieuses sur la manière dont les rôles genrés s’infiltrent encore dans nos relations, sous couvert de romance et d’esthétique. Etre traitée comme une princesse de temps en temps, très bien. A condition de pouvoir aussi conduire le carrosse.

17 instagrameurs qui ont abusé de Photoshop
1 / 19
17 instagrameurs qui ont abusé de Photoshop
source: reddit
partager sur Facebookpartager sur X
La plus petite femme du monde a rencontré la plus grande
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
L'Italie a peur du virus du Nil occidental
En Italie, le virus du Nil occidental, transmis par les moustiques, est en train de se propager. Cette année, onze personnes en sont déjà mortes. Au sud de Rome, des insecticides sont pulvérisés dans les rues.
Le virus du Nil occidental se propage en Italie. Au sud de Rome, dans la province du Latium, les cas augmentent particulièrement rapidement.
L’article