Le prix Goncourt a été attribué lundi à l'écrivain franco-algérien Kamel Daoud pour son roman «Houris», sur «la décennie noire» en Algérie. Le romancier a rendu hommage à la France, «un pays qui protège les écrivains» et lui «donne la liberté d'écrire».
«Je suis très heureux, c'est cliché, mais pas d'autres mots», a réagi l'écrivain de 54 ans au restaurant Drouant, à Paris, où sont annoncés les prix Goncourt et Renaudot.
«Je sais qu'on aime faire du "French bashing", mais pour moi, ce pays-là, c'est un pays d'accueil pour les écrivains, pour les écritures et tout cela qui vient d'ailleurs», a-t-il déclaré depuis le salon Goncourt à Paris.
Kamel Daoud a été choisi par le jury au premier tour, récoltant six voix, contre deux pour Hélène Gaudy, une pour Gaël Faye, lauréat du Renaudot, et une pour Sandrine Collette, a annoncé le président de l'Académie Goncourt, l'écrivain Philippe Claudel.
«L'Académie Goncourt couronne un livre où le lyrisme le dispute au tragique, et qui donne voix aux souffrances liées à une période noire de l'Algérie, celle des femmes en particulier», a salué Philippe Claudel. Et d'ajouter:
«Houris», qui désigne dans la foi musulmane les jeunes filles promises au paradis, est un roman sombre sur le destin d'Aube, jeune femme muette depuis qu'un islamiste lui a tranché la gorge le 31 décembre 1999.
Choisissant comme narratrice une femme, Kamel Daoud situe l'intrigue d'abord à Oran, la ville où il a été journaliste lors de la «décennie noire», puis dans le désert algérien, où Aube part retrouver son village.
C'est le troisième roman de cet auteur, le premier édité par Gallimard. Il avait déjà obtenu le prix Landerneau des lecteurs, en octobre, et ne peut être édité en Algérie, où il tombe sous le coup de la loi qui interdit tout ouvrage évoquant la guerre civile de 1992-2002.
Le romancier Gaël Faye, qui était un des favoris pour le Goncourt, a quant à lui été récompensé du prix Renaudot pour son deuxième roman «Jacaranda» sur la reconstruction du Rwanda après le génocide de 1994.
Alors que dans le premier «Petit pays», prix Goncourt des lycéens 2016 et immense succès de librairie, l'auteur se plaçait du point de vue d'un garçon ayant grandi au Burundi, cette fois le narrateur a grandi en France, à Versailles, d'un père français et d'une mère rwandaise. (ats)