Le projet commence à faire réagir dans la presse internationale: un groupe de spécialistes des sciences sociales danois et américains a annoncé, en usant de l'intelligence artificielle et d'une myriade de données, qu'ils étaient capables de prédire la probabilité de décès d'une personne au cours des quatre prochaines années avec précision.
Mais comment fonctionne cette «calculette de la mort»? Elle est semblable à un chatbot, comme ChatGPT. Le modèle appelé «Life2vec» analyse vos données – âge, santé, éducation, emplois, revenus et autres événements de la vie - et séquence vos informations pour brosser votre (future) trajectoire de vie, décrit USA Today.
Pour ce faire, six millions d'habitants du Danemark ont été choisis et analysés. Ces données s'étalant de 2008 à 2016 proviennent du gouvernement danois.
Selon le rapport, publié en décembre, l’IA a pu prédire correctement le nombre de personnes décédées jusqu'à 2020 dans environ 78% des cas.
Autre petit détail, les personnes qui ont l'existence la plus longue sont, entre autres, associés à un rôle de leader et au revenu plus élevé que la moyenne, souligne The Science Times.
Par ailleurs, des informations telles qu'un départ à l'étranger ont été prédites par la machine. Des détails qui nourrissent la mécanique de l'IA, qui est capable, par le biais de lignes de calculs et de données précises, de façonner notre avenir.
Le programme pourrait même avoir une longueur d'avance dans de nombreux domaines. Il pourrait prédire les personnalités et les décisions nécessaires pour prendre des mesures internationales, a déclaré Sune Lehmann, professeur de «réseaux et sciences de la complexité» à l’université technique du Danemark, au Washington Post.
Les scientifiques continuent à rappeler qu'il est fondamental de garder secrètes les données et ne surtout pas mettre au courant les personnes concernées par l'étude. Sune Lehmann, sur le site Northeastern Global News, «trouverait irresponsable» d'informer les sujets.
En effet, les auteurs du rapport rappellent qu'il est important de protéger les données des personnes qui ont été séquencées par «Life2vec».
Sune Lehmann explique:
Outre l'explication digne d'un film, ce nouvel engin qui flaire bon le futur entraîne une réflexion intéressante (et angoissante) sur notre quotidien: l'être humain est-il si prévisible que ça?
Dans une opinion publiée sur le Washington Post, cette affirmation sonne comme un aveu: les gens ne font pas grand-chose de leur existence. «Même si vous vivez comme une rock star, nous sommes assez prévisibles», tranche Sune Lehmann. C'est désormais un fait: l'intelligence artificielle arrive facilement à reproduire nos faits et gestes avec une précision vertigineuse.
La machine l'a bien compris et la race humaine n'est pas si imprévisible qu'elle le pense. L'être humain est prévisible, car il est victime de l'effet de masse, il réapplique les mêmes schémas comme se nourrir matin, midi et soir; il se lave les dents et prend sa douche; il va au travail et fait son sport quotidien.
En un sens, nous avons des fonctionnements assez répétitifs ou qui se modifient peu à peu, voire pas du tout. L’autre aspect passe par le désir; désirer ce que l’autre désire. Et voilà que l'effet de masse opère sur la race humaine, comme un effet boule de neige, que l'intelligence artificielle calcule avec précision.
Le Post concède que pendant des décennies, l’un des principaux arguments contre la menace de l'IA était que «les humains sont trop spéciaux, trop magiques pour être réduits à des schémas et à des probabilités».
Or, si la question existentielle est prégnante, le fonctionnement peut interloquer, comme le relève le professeur Art Caplan, fondateur de la division de bioéthique au Langone Medical Center de l'Université de New York:
En 2024, comme un constat cinglant, l'ordinateur peut donc reproduire nos choix, notre avenir, simplement parce que nous nous répétons, avant qu'il ne nous dicte nos choix futurs? L'avenir nous le dira.