Il fallait bien trouver la parade depuis que le géant de l'édition Penguin Random House s'est retiré de Russie l'an dernier, en réaction à l'invasion de l'Ukraine.
Faute d'avoir obtenu les droits nécessaires à la diffusion des sulfureuses mémoires princières, le groupe d'édition russe Eksmo a trouvé la solution pour contourner l'interdiction de publication de best-sellers internationaux.
Leur idée? Les publier sous forme de résumé, sans citation directe. Une alternative aussi habile que moralement discutable pour palier à l'absence de de licence et «garantir la disponibilité» de livres populaires pour les Russes. Le PDG d'Eksmo a expliqué à Kommersant:
Le premier tirage, de 3000 exemplaires, est sorti le 16 février, sous format audio et électronique.
Le Suppléant ne sera pas le seul livre à connaître ce destin. A l'avenir, Eksmo prévoit de publier d'autres ouvrages, dont la licence a expiré en 2022, sous ce même format.
Le schéma ne convainc toutefois par tous les acteurs du marché. Interrogés par Kommersant, d'autres maisons d'édition ont affirmé qu'elles ne tenteraient pas contourner les sanctions, par crainte de jeter un froid avec les ayants droit.
«Autoriser le piratage sous une forme ou une autre - et le format du résumé peut être considéré comme un piratage voilé - signifie jeter le russe marché du contenu légal depuis plusieurs années», a précisé un interlocuteur anonyme qui dit craindre un «précédent à haut risque» pour l'ensemble du marché.