L'arrivée du lave-vaisselle a sonné le glas du savoir-vivre, dixit la baronne Nadine de Rothschild. image: keystone/montage watson
punchlines
Le lave-vaisselle a tout foutu en l'air, selon la baronne de Rothschild
L'illustre Nadine de Rotschild, forte de ses 91 ans, 14 maisons, 4 châteaux et de toute sa bonne éducation, s'est confiée début février à Vanity Fair. On vous sert sur un plateau (d'argent, évidemment) les meilleures punchlines de la maître incontestée du savoir-vivre.
C'est original: la baronne vient d'écrire un livre sur les autres grandes baronnes du 20e siècle. Pourquoi donc?
«D’abord, j’en ai connu la plupart»
La plupart, vraiment?
«Pas celles du 19e»
On se permet d'en douter.
«Certaines m’ont laissé des traces»
Nadine a-t-elle un exemple?
«La baronne Julie au château de Pregny, en Suisse, où j’habite depuis soixante ans»
Ben voyons.
Ledit château de Pregny, dans le canton de Genève.image: wikipedia.org
Ah, cette belle Suisse...
«Je vis maintenant dans le parc dans la maison de ma belle-mère»
Par «le parc», elle veut dire la maison du jardinier?
«Elle est ravissante, et beaucoup plus simple. C’est un détail»
Un détail, un détail...
«Aujourd’hui, on peut être très bien dans un studio»
Venant de la baronne de Rothschild, c'est un peu fort de café.
«D’ailleurs, qui, aujourd’hui, a envie de vivre dans une maison comme celle-ci?»
Nous, on veut bien.
«Regardez les dimensions de cette pièce: on pourrait y faire quatre appartements»
La baronne de Rothschild résumée pour les gueux.
Oyé oyé! Vous avez forcément entendu parler de l'intransigeante baronne Nadine de Rothschild, auteure de la bible d'entre les bibles du savoir-vivre: Le Bonheur de séduire, l'art de réussir: le savoir-vivre du XXIème siècle. Après une prolifique carrière d'actrice, Nadine a renoncé au cinéma en 1964, après son mariage avec Edmond de Rothschild, héritier de la dynastie éponyme qui la fait entrer dans la bonne société. En 2004, la baronne de 70 ans a fondé l'académie Nadine de Rothschild International Way of Life, à Carouge, pour inculquer aux jeunes mondaines comment bien se tenir en société.
Revenons-en aux baronnes.
«Disons que ces femmes ont toutes laissé quelque chose d’important – des collections, des demeures, des hôpitaux, des fondations…»
Des biens d'exception.
«Mais les Rothschild, ce n'est pas que ça!»
Ah bon? Et c'est quoi d'autre, les Rothschild?
«Pensez par exemple que le Club Méditerranée n’aurait pas existé sans mon mari»
C'est vrai ça, que seraient nos vacances sans le Club Med. Quoi d'autre?
«Regardez les collections offertes par le grand-père de mon mari au Louvre, des dizaines de milliers de dessins…»
Sinon, après tous ses voyages, de quel pays la baronne se sent-elle la plus proche?
«Je suis internationale»
Ça existe, ça, comme nationalité?
«J’ai beaucoup vécu à New York, en Israël, j’ai pratiqué le monde entier»
Ce n'est pas donné à tout le monde.
«Les Rothschild ont toujours eu des propriétés»
Ça non plus, ce n'est pas donné à tous. Au fait, en parlant de propriétés. Combien Nadine en possède-t-elle?
«J’avais quatorze maisons, dont quatre châteaux, dont avait hérité mon mari»
C'est respectable.
«Ça fait beaucoup pour un seul homme, mais il était fils unique et avait un oncle et une tante sans descendance»
Dur dur. Mais alors, comment gère-t-on quatorze propriétés?
«Avec une vision, et beaucoup d’argent»
Deux qualités indispensables.
«Mon mari me disait: 'Tu as tous les moyens de la terre, je ne veux rien entendre de quoi que ce soit concernant le personnel, c’est ton domaine'»
Heureusement que la baronne sait comment gérer son personnel...
«J’ai pris ce job très à cœur. J’ai encore du personnel qui a quarante ans de maison»
A l'image de sa belle-mère, la baronne Noémie de Rothschild!
«C’est ma belle-mère qui a créé Megève, dans les années 1920»
Mais non?
«Au mont d’Arbois, on avait le golf, trois hôtels, quatre restaurants»
Une vie simple.
«Je connais bien la grande hôtellerie. Si demain, je devais trouver un job, ce serait sans problème»
A 91 ans, pourquoi pas. Et si on parlait cuisine?
«Les baronnes avaient toutes des chefs exceptionnels»
Qui ça?
«Vous savez que Paul Bocuse a fait ses classes chez nous? Et qu’Antonin Carême a été le grand chef de la baronne Betty?»
Ah ben non, on l'ignorait.
«C’est lui qui a apporté le soufflé Rothschild, que vous pouvez faire, chez vous, avec du Grand Marnier et des fruits confits»
Miam. Parlons un peu de l'inoubliable Cécile de Rothschild.
«Cécile, grande amie de Greta Garbo et grande joueuse de golf»
Ah, sacrée Cécile...
«Quand j’étais là, elle me disait: 'J’ai Greta Garbo qui vient, tu pourrais t’en occuper une journée?'»
On n'entend pas cette phrase tous les jours. Du coup, on l'occupe comment Greta Garbo?
«C’était très facile»
Mais encore?
«Elle venait à 8 heures du matin. Elle adorait marcher, mais elle avait des grandes jambes, ce qui n’est pas mon cas»
On a tous nos petits problèmes.
«Bref»
Ensuite, que faisaient-elles, Nadine et Greta?
«On faisait les quatre cents mètres sur les Champs-Elysées»
Et ensuite?
«On retournait déjeuner chez Cécile»»
Oui?
«On appelait Massimo Gargia»
Riche idée!
«C’était reparti pour les quatre cents mètres à nouveau sur les Champs-Elysées»
Un brin répétitif, quand même. Greta Garbo, en résumé:
«C’était une femme formidable»
La belle époque, quoi!
«C’était l’époque où l’on se changeait quatre fois par jour…»
Jusque-là, c'était n'importe quoi.
«La vraie féminité n’existait pas jusqu’à ma génération»
En tout cas, Nadine est convaincue:
«Je n’ai jamais été une femme oisive»
D'ailleurs, la preuve:
«J’avais un mari très exigeant. Il rentrait et disait: 'On part à Londres!', et j’avais dix minutes pour faire une valise»
Quel timing.
«Ou alors la secrétaire me téléphonait le matin pour me dire: 'Vous serez quatre à dîner'»
Véritable challenge, s'il en est.
«Puis elle me rappelait à sept heures pour me dire: 'Vous serez finalement 22.´ Mon mari avait ramené ses copains du bateau»
Le coquin. Ce n'était pas trop délicat, de gérer ces grandes réceptions?
«Recevoir, ce n’était pas tant une question d’argent que de savoir-faire»
Et du savoir-faire, la baronne en a à revendre.
«Et même si nous n'étions que tous les deux, il exigeait pour le dîner que je sois en robe longue et lui en smoking. J’acceptais, j’étais ravie»
La mode, c'est important pour la baronne de Rothschild?
«Oui»
Vraiment?
«Givenchy faisait mes tenues pour le bateau, et je faisais faire chaque année pour nos voyages 15 tailleurs, six robes du soir»
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?
«Aujourd'hui, j’ai un problème à la cheville, je ne peux mettre que des pantalons. Les robes, ça me manque»
On a presque envie de verser une petite larme.
«Et même si je ne vais plus voir les collections, je continue à m’informer, à m’intéresser la mode»
Ah! Comment Nadine juge-t-elle la mode actuelle?
«Je déteste les chaussures avec ces semelles énormes, ces talons trop gros»
Voilà qui ne va pas plaire aux d'jeuns.
«Je trouve ça inélégant, mais ce n’est pas moi qui les porte»
C'est quoi alors, le goût Rothschild?
«Le vrai goût Rothschild, beaucoup veulent le suivre, mais il faut (avoir) des moyens»
Un art de vivre auquel est sensible la jeune génération?
«Laissez-moi vous dire une chose: je ne la connais pas, et ils ne me connaissent pas»
Ça, c'est dit.
«C’est très bien comme ça. Je ne veux pas être celle qui rabâche»
Une punchline, pour conclure?
«L’art de vivre s’est arrêté avec l’arrivée du lave-vaisselle»
Amen.
«Il n’existe plus, comme la bonne éducation – qui est pourtant le meilleur passeport, n’est-ce pas?»
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