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Guillaume Meurice traite Netanyahou de «nazi sans prépuce»

Guillaume Meurice traite Netanyahou de «nazi sans prépuce». Sur l'antenne de France Inter, Guillaume Meurice a «nazifié» le premier ministre israélien. La polémique ne fait que commencer
image: france inter, montage: watson

Un humoriste français traite Netanyahou de «nazi sans prépuce»

Sur l'antenne de France Inter, Guillaume Meurice a «nazifié» le premier ministre israélien. Alors que la comparaison reste en travers de beaucoup de gorges, des plaintes pleuvent et la directrice de la radio parle d'une «limite qui a été franchie, celle du respect et de la dignité». La vanne de trop?
01.11.2023, 10:5301.11.2023, 18:56
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Halloween draine chaque année son lot de déguisements blottis tout contre l'actualité. Il y a deux décennies, on pouvait croiser des masques d'Oussama Ben Laden, entre deux citrouilles sculptées. L'année dernière, Vladimir Poutine faisait une entrée remarquée dans les soirées d'épouvante pour adultes en quête du petit frisson intellectuel. Le mauvais goût n'a comme détracteur que le bon goût.

En 2023, surprise, c'est la guerre au Proche-Orient qui déboule, tel un fantôme du placard. Pour l'occasion, dimanche soir, Guillaume Meurice, «l'humoriste d'investigation», bien connu des auditeurs de France Inter, a osé un numéro plutôt périlleux. «Pour faire peur», puisqu’«Halloween approche».

«En ce moment, il y a le déguisement Netanyahou, qui marche pas mal. Une sorte de nazi, mais sans prépuce. Voilà»

La chronique en intégralité:

Le chroniqueur enchaîne alors, comme si la vanne mendiait une quelconque explication: «Alors, bon, il ne fait pas peur à tout le monde, hein. C'est très perso, la peur». Non seulement cette petite précision nous offre une brouette d'indices sur les opinions intimes de Guillaume Meurice mais, aussi curieux que cela puisse paraître, cette attaque frontale du premier ministre israélien ne dégoupillait même pas un billet politique au vitriol, mais un inoffensif micro-trottoir avec des enfants.

Comme s'il fallait justement coller à l'actu, coûte que coûte, quitte à tirer son épingle du jeu d'un geste beaucoup trop brusque.

Des bonbons ou un sort?

Disons que si l'on parle du sort de Guillaume Meurice, il serait peut-être sage de se jeter sur les sucreries. Car trois jours après cette chronique, la vanne n'a toujours pas été digérée. L'accusant notamment d'antisémitisme, de nombreux internautes, politiques et représentants d'associations juives s'avouent «choqués», «indignés», «dégoûtés».

Pêle-mêle, on lui a également offert du «Dieudonné du service public» ou de «porte-parole de La France Insoumise». Lundi soir, l’actrice Aure Atika a carrément écrit «au revoir France Inter», sur X. Mardi, la femme rabbin Delphine Horvilleur, dont on dit qu'elle est la «voix du judaïsme libéral», a paraphrasé l'humoriste en appelant, avec une certaine finesse, à une punition.

«Prépuce ou pas: Moi je serais plutôt en faveur de circoncire le temps d’antenne de Guillaume Meurice (et le mandat de Netanyahou aussi, mais c'est une autre histoire)»
la femme rabbin Delphine Horvilleur, sur X.

Il faut dire que le timing est sacrément kamikaze. Trois semaines après la boucherie perpétrée par le Hamas, alors qu'Israël pilonne Gaza sans ménagement, les étoiles à six branches infestent les façades et les violences antisémites explosent à travers le monde. Notamment en France où plus de «800 actes ont été recensés en 21 jours et 406 interpellations ont été effectuées», selon Gérald Darmanin.

Le ministre de l'Intérieur a d'ailleurs été personnellement appelé à sévir, tout comme l'organe de surveillance du paysage audiovisuel français a été officiellement saisi. De son côté, l'avocat Gilles-William Goldanel a annoncé vouloir porter plainte contre le chroniqueur, arguant que «ça devient une spécialité du service public de nazifier les juifs». Sans oublier le fatras d'insultes anonymes qui n'amènent, comme à chaque fois, rien de bien comestible.

Du côté des soutiens du Tout-Paris, pas grand-monde, si ce n'est l'ex-auteur des Guignols, Bruno Gaccio, rompu à la polémique depuis belle lurette, qui considère qu'une «blague, ça pique toujours un peu, c'est pour ça que c'est bon». Voilà, en gros, pour les réactions à chaud.

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Si Guillaume Meurice, pour tout commentaire, s'est pour l'heure contenté de poster une couverture de Charlie Hebdo et une archive de Georges Brassens, sa patronne a pris la polémique autrement plus au sérieux. Dans un long message publié sur la page de la médiatrice de France Inter, la directrice Adèle Van Reeth a sèchement remis son chroniqueur à l'ordre.

«Pour beaucoup, une limite a été franchie: non pas celle du droit, qu’il reste à établir, mais celle du respect et de la dignité»
«Qualifier n’importe quel représentant politique de "nazi" est une outrance dont le caractère comique peut être, en temps normal, questionné. Quand ce représentant, dont on peut par ailleurs désapprouver et critiquer la politique, est lui-même juif, à la tête d’un Etat juif, dont les habitants viennent de subir une attaque terroriste ayant assassiné plus d’un millier d’entre eux, cet humour est encore plus discutable.»
Adèle Van Reeth, directrice de France Inter. Pour lire le communiqué en intégralité, vous pouvez cliquer ici.

Même son de cloche (et c'est plutôt cocasse) du côté de son mari. Quelques minutes plus tôt, dans l'émission C à vous, le philosophe Raphaël Enthoven, en se demandant si la chronique tombait «sous le coup de la loi», la qualifiait malgré tout «d'irresponsable, dangereuse, partiale et pas drôle».

Le célèbre humoriste du service public n'a jamais voulu dévoiler officiellement ses aspirations politiques, mais force est de constater qu'il peine chaque jour un peu plus à les planquer. Que ce soit dans ses chroniques, ses spectacles ou sur les réseaux sociaux. Ce n'est d’ailleurs pas la première fois qu'il choisit son camp dans le conflit qui met aujourd'hui le Proche-Orient à feu et à sang.

Lors d'un entretien chez ses collègues de Franceinfo, il y a de cela à peine dix jours, Guillaume Meurice évoquait «la liberté d'expression qui est toujours menacée par le pouvoir» et «la bêtise humaine», qu'il «dénonce», mais à laquelle il «participe», parce que «c'est passionnant». Mise en abîme?

Quant à savoir si c’était LA vanne de trop, l’avenir (ou plutôt la directrice de France Inter) le dira. Mais c'est souvent celle que toutes les explications du monde ne pourront jamais arrondir. En ces temps particulièrement troublés, «nazifier» bêtement un Juif dans une émission de large audience est une provocation au minimum dangereuse, même quand on a le droit de critiquer les actions du premier ministre israélien.

Comme nous le suggérait l'humoriste et auteur romand Benjamin Décosterd, lorsque Laurent Gerra avait zigouillé Zelensky en direct, «la question, maintenant que ses mots font polémiques, est peut-être de se demander s'il est lui-même toujours à l'aise avec ses vannes».

Gaza après les bombes
Video: watson
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