Connaissez-vous Ashley Madison? Si c'est le cas, et que votre femme ou mari est à côté, chuchotez votre réponse: il s'agit d'un site de rencontres en ligne proposant à ses membres des rencontres extra-conjugales.
Dans une étude menée par ses soins (et celui d'un institut de sondage), Ashley Madison s'est intéressée à une catégorie de la population bien particulière: la Génération Z (ou «Gen Z»), cette tranche de la population née entre la fin des années 90 et 2010. Les sondés de cette génération ont tous entre 18 et 29 ans, et sont issus de 10 pays, dont la Suisse.
Peut-être que l'évocation de cette génération que l'on décrit comme addict aux réseaux sociaux aura fait dresser les poils de bras de plus d'un boomer lisant cet article. Pourtant, comme l'explique Ashley Madison, cette portion de la population est aussi «fascinante» que complexe à étudier.
La raison? La plateforme dénote un taux d'inscription massif émanant de jeunes adultes. Pourtant, ces derniers n'ont pour la plupart encore jamais été mariés.
Ashley Madison pointe du doigt d'autres contradictions pétrissant cette tranche de membres: malgré un accès très large aux nouvelles technologies, et malgré le fait qu'elle a grandi dans un environnement plus tolérant, cette génération a moins de relations sexuelles que ses aînés.
En 2022, ils sont pourtant plus de 1,8 million de «Z» à avoir créé un profil sur Ashley Madison, et représentent... 40% des inscriptions mondiales. En Suisse, on compte plus de 2000 «Z» à avoir rejoint la plateforme de rencontres extra-conjugales en ligne. Parmi toutes les inscriptions,44% sont des femmes, et 39% sont des hommes.
Il n'en fallait pas plus pour que Ashley Madison se mette en tête de recueillir l'opinion de la Gen Z sur la monogamie. Voici les conclusions de son enquête, qu'on vous laisse juger en fin d'article.
La génération «Z» est bien plus progressiste et à l’aise avec le concept de non-monogamie que les générations précédentes.
Moins de pression, expériences sexuelles plus complètes, moins de risque de tomber sur des relations malheureuses... Voilà, selon les «Z», les avantages si l'on envisage de renoncer à un modèle de couple exclusif.
L'enquête menée par Ashley Madison met en avant le «pragmatisme des Z vis-à-vis des relations libres». Cette tranche de la population a plus volontiers recours à «un accord de non-monogamie avec leurs partenaires». En tête de liste des arguments en faveur d'une relation plus libre: le fait qu'une seule personne ne soit pas en mesure de satisfaire leurs besoins sexuels.
En comparaison européenne, quand il s'agit d'envisager une relation non-monogame, les Suisses se démarquent largement.
En moyenne nationale, 51% des Suisses interrogés sur YouGov pourraient envisager une relation non-monogame. La Suisse est donc le chef de file européen en la matière, à côté de l’Espagne. Et si l'on zoome sur les Romands, plus de la moitié des sondés (52%) pourrait envisager une relation non-monogame, ce qui n'est pas négligeable.
Dans le reste du monde, ce sont le Brésil (62%), le Mexique (59%) et les Etats-Unis (57%) qui présentent la plus grande propension aux relations polyamoureuses.
Bien entendu, Ashley Madison prêche largement pour sa paroisse, puisqu'elle vend «une plateforme où les personnes seules comme les couples peuvent rencontrer des individus en quête de relations similaires.» Il faut également prendre les chiffres avec des pincettes: aspirer à un nouveau modèle ne veut pas dire le pratiquer. Cependant, le sondage met en lumière des différences hommes-femmes surprenantes.
En effet, selon les chiffres mis en avant par l'étude, les femmes sont trois fois plus nombreuses que les hommes à toujours avoir été non-monogames (18% contre 5%), «ce qui suggère que les femmes ont adopté la non-monogamie depuis plus longtemps que leurs homologues masculins».
Ashley Madison souligne en outre qu'en matière d'expression des besoins sexuels, il existe une différence de traitement entre les hommes et les femmes. Comme l'explique la sexologue Tammy Nelson, Autrice du livre «Open Monogamy» et citée par l'étude: