Plus que quelques jours avant que nos boîtes mail se remettent à chauffer (véritables mètre étalon de l'activité au 21e siècle, avec les stories Instagram).
Plus que quelques jours et on sera repartis pour un tour: des chiffres qui montent, des mesures pour faire baisser les chiffres qui montent et des avis indignés sur les mesures pour faire baisser les chiffres qui montent.
Puis, les chiffres qui baissent, avant de remonter, suite à un relâchement «de la population», comme l'ont souvent répété nos autorités.
Sur ce champ de bataille qu'est l'année à venir, deux camps sont prêts à s'affronter. Les vaccinés et les non-vaccinés.
Oui, après seulement 870 signes, le «point vaccin» est atteint. (c'est comme le point Godwin, mais en pas nazi).
Enfin… deux camps, c'est ce que nous croyons. Et à tort.
Certes, si l'on accepte les chiffres qui montrent que le vaccin est – jusqu'ici – l'outil le plus efficace ET socialement acceptable pour sortir de la pandémie, on serait tentés (moi y compris) de tout ramener à la question: Êtes-vous vacciné·e·s?
Et c'est humain! À Noël, on a serré son poing dans sa poche, plutôt que son oncle «de l'autre camp» dans les bras, entre deux échanges passifs-agressifs sur le sujet.
Mais en raisonnant de la sorte, on tombe alors dans le piège «so 21e siècle» tendu par nos algorithmes de réseaux sociaux qui ont besoin que deux camps s'engueulent en permanence pour que l'on clique.
Donc, comment ramener de la nuance? En segmentant les deux camps précités? Par exemple en distinguant les vaccinés-par-conviction des vaccinés-pour-être-tranquilles?
En tirant le raisonnement, on constate rapidement que cela ne ferait qu'offrir plus de possibilités de s'affronter. On pourrait alors finir avec une société où les-vaccinés-qui-disent-le-Nutella-et-qui-rient-aux-sketches-de-Claude-Inga-Barbey «emmerderaient» alors:
Au milieu de cette guerre, on peut craindre qu'il ne nous reste que l'arme la moins effrayante de l'histoire de l'Humanité: le vivre-ensemble.
(Je sais: ça ne fait pas peur. Et c'est bien ça qui fait peur.)
Mais attention: pas le vivre-ensemble prôné par un chroniqueur (qui écrit très bien, certes) estimant que son avis simpliste est essentiel.
Non, un vrai truc.
Notez que je n'ai pas la solution. Sinon mon avis serait moins simpliste que: «le bien commun, c'est mieux que le mal individuel».
Peut-être que cela passera par le retour du Paléo, les exploits de Yann Sommer en Coupe du monde, ou l'apéro. Ou – d'après l'université de Limoges – par «[la mise] en lumière [des] émotions et [des] valeurs humaines communes.»
C'est plus facile à écrire (ou à lire) qu'à faire – cela demande de penser contre soi et pour les autres – mais nous avons toutes et tous la responsabilité de faire un geste pour supprimer les barrières qui nous séparent.
(Putain, c'est niais, mais c'est un peu vrai quand même).