Meta a lancé mercredi son nouveau réseau social, baptisé Threads, plateforme de «microblogging» aux caractéristiques proches de celles de Twitter. Ayant déjà enregistré cinq millions d'inscriptions quatre heures après sa mise en ligne, il s'agit d'une menace pour le groupe d'Elon Musk, déjà fragilisé.
«Allons-y. Bienvenue sur Threads», a écrit le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, sur son compte Threads, un message qui a recueilli plusieurs milliers de «likes» en quelques minutes, signe du démarrage en trombe de ce nouveau venu des réseaux sociaux. L'application n'a pas encore été déployée en Europe.
Pour l'heure, Meta n'a pas communiqué davantage sur sa disponibilité ailleurs qu'aux Etats-Unis. «L'app de conversations écrites d'Instagram.» Voilà la description de Threads (fils en anglais) sur l'Apple Store:
Dans les faits, la présentation de cette nouvelle application apparaît proche de celle de son principal concurrent, avec un fil général, sur lequel figurent déjà de nombreux comptes d'acteurs institutionnels, notamment Netflix ou celui du site d'information spécialisé The Hollywood Reporter.
La mise en ligne de Threads intervient quatre mois seulement après que les premiers échos du projet ont filtré, et quelques jours seulement après une nouvelle péripétie chez Twitter, dont le réseau social ressort affaibli.
Samedi, l'actionnaire principal, Elon Musk, a annoncé la mise en place, officiellement à titre provisoire, d'une limite au nombre de messages consultables par compte et par jour, qui a pris à rebrousse-poil usagers, annonceurs et développeurs.
Une décision qui intervient après plusieurs autres mal accueillies depuis la prise de contrôle du milliardaire, notamment la transformation en service payant de la vérification d'un compte ou le licenciement de la quasi-totalité des équipes de modération des contenus. Lundi, le réseau à l'oiseau bleu a aussi révélé que le tableau de bord TweetDeck, très populaire chez les utilisateurs actifs, ne serait bientôt plus accessible qu'aux comptes vérifiés, donc payants.
L'impact immédiat de ce lancement pourrait néanmoins être limité par le fait que Meta a choisi d'attendre avant de proposer Threads aux résidents de l'Union européenne. Le géant veut se donner le temps de clarifier les conséquences pour la société et ses produits du nouveau règlement des marchés numériques (DMA), entré en vigueur début mai, selon une source proche du dossier.
Le DMA vise à imposer des règles spécifiques aux entreprises incontournables d'Internet pour éviter des pratiques anti-concurrentielles. Le géant de Menlo Park ne fait pas mystère des synergies sur lesquelles il entend s'appuyer pour faire croître rapidement son nouveau-né, le présentant d'entrée comme une émanation d'Instagram.
Avec ses plus de deux milliards d'utilisateurs actifs, Instagram offre à Threads une rampe de lancement dont n'auraient pu rêver les petits compétiteurs de Twitter, de Mastodon à Bluesky, en passant par les sites prisés des ultra-conservateurs comme Truth Social, Parler, Gettr ou Gab. L'application permet ainsi aux utilisateurs d'Instagram d'être authentifiés avec leurs identifiants existants pour poster du contenu sur la nouvelle plateforme.
Quelques célébrités semblaient avoir déjà des comptes sur Threads à son lancement, parmi lesquelles la chanteuse Shakira, le mannequin Karlie Kloss ou l'acteur Jack Black.
Cette perspective est potentiellement d'autant plus inquiétante pour le groupe de San Francisco, car il a vu fondre son chiffre d'affaires publicitaire depuis l'arrivée du milliardaire à sa tête. Un exode que n'est pas encore parvenue à enrayer la nouvelle directrice générale, Linda Yaccarino, arrivée il y a un mois chez Twitter mais très silencieuse jusqu'ici. (ats/jch)