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Odermatt était attendu comme le messie, et si Meillard était l'atout?

Switzerland's Loic Meillard, left, speaks to his teammate Marco Odermatt during an alpine ski, men's World Cup giant slalom, in Soelden, Austria, Sunday, Oct. 24, 2021. (AP Photo/Gabriele Fa ...
Loïc Meillard et Marco Odermatt face-à-face.Image: sda
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Odermatt était attendu comme le messie, et si Meillard était l'atout?

Alors que Marco Odermatt gamberge, Loïc Meillard s'apprête à entrer dans la sarabande olympique. Peut-il éclipser la star de notre délégation alpine? On prend le pari et on vous explique pourquoi.
08.02.2022, 20:4509.02.2022, 11:28
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Chaque quatre ans, c'est la même rengaine: aux Jeux olympiques, les cartes sont rebattues. L'hypothèse de voir l'outsider coiffer au poteau les grands favoris du jour et rafler une médaille est souvent à l'ordre du jour.

On pense à ces skieurs qui comptent une grande victoire à leur palmarès. L'exemple de Jean-Luc Crétier vainqueur à 32 ans de la descente de Nagano en 1998. La consécration. Son seul fait d'armes. C'est ça, la magie d'une course d'un jour.

Et si Odermatt passait à côté de ses Jeux?

Loin de nous l'idée de jouer les oiseaux de mauvais augure, mais ce Super-G, ce mardi 8 février 2022, a une saveur très, très amère. Pour nous et pour Marco Odermatt. Archi dominateur cet hiver, «Odi» est en train de passer à côté de ses joutes. Sur un tracé pensé par son coach Reto Nydegger, sa manche de Super-G rappelait celle de Beaver Creek. Le funambule tendait des lignes monstrueuses (la recette miracle dans cette discipline), jouait de sa souplesse et de son toucher de neige affolant, sans pour autant parvenir à concrétiser son excellent temps intermédiaire.

La tête dans les mains dès sa sortie de piste, surpris par la compression sur cet appui pied droit, la déception était énorme, une fois les skis enlevés et les bâtons jetés, dans l'aire d'arrivée.

«J’espérais gagner au moins une médaille dans les épreuves de vitesse, ce qui m’aurait libéré pour le géant»
Marco Odermatt

Le prodige d'Hergiswil était affalé sur la rambarde - titrant sur son compte Instagram «Skiracing can be hard». Réminiscences de souvenirs douloureux des dernières finales de Lenzerheide, quand Alexis Pinturault le privait du grand globe du général et du géant.

Marco Odermatt ravive les anciennes mésaventures d'un certain Marcel Hirscher: ces métronomes qui passent au travers des grands rendez-vous. En 2014, à Sotchi, l'ogre autrichien s'était cassé les dents avant d'arracher l'argent du slalom derrière Mario Matt. Une seule médaille pour Hirscher, une anomalie. A Pyongchang, quatre ans plus tard, l'Autrichien avait rectifié le tir pour glaner l'or en géant et en combiné, avant de sortir en slalom.

Etait-ce un signe qu'Odermatt n'allait pas écraser ces (premiers) JO? A l'instar des championnats du monde de Cortina l'an dernier, les grands événements semblent se refuser au maestro. Alors oui, nous sommes devenus très gourmands, parce que le Suisse n'est âgé que de 24 ans.

La soupe à la grimace dans le camp helvétique

Pourrait-on parler d'une leçon pour l'édition de 2026? Emmagasiner cette précieuse expérience avant de revenir...à Cortina d'Ampezzo pour se couvrir d'or? Le leader du général de la Coupe du monde apprend et applique vite. A ce jour, Yanqing n'est pas une terre d'exploits, mais un examen (très) coriace.

Et si Meillard était l'homme providentiel?

Le public, les suiveurs ne voyaient qu'Odermatt. Sa dernière cartouche est le géant, sa discipline de prédilection. Mais si Feuz a sa breloque, «Odi» est pour l'instant bredouille.

Le contingent de Swiss-ski est encore vaste. Des Justin Murisier, Daniel Yule, Gino Caviezel ou encore Luca Aerni sont armés pour dégainer. Mais la fédé pourrait voir un autre de ses diamants bruts briller et voler la vedette au héros nidwaldien: Loïc Meillard.

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Loin du tumulte des médias, le skieur d'Hérémence a pris la température avec les deux premiers entraînements de descente, bouclant la première session à une belle huitième place. Un résultat peut-être anecdotique, mais qui démontre que la neige artificielle chinoise semble lui convenir.

Deux manches de même qualité pour une médaille

Pour étayer nos propos, prenons la trajectoire de sa saison. Le skieur de 25 ans n'est (vraiment) pas loin d'une performance XXL depuis son entame, surtout en slalom. Un petit récapitulatif s'impose: meilleur temps en seconde manche à Madonna di Campiglio; 3e temps en seconde manche à Adelboden; 2e temps en seconde manche à Wengen; 5e temps en seconde manche à Kitzbühel. Des top 10 à la pelle, et une place de 8e au classement de la spécialité. Il ne manque plus que ses deux manches soient de même qualité.

Il monte en puissance en géant, comme l'atteste son 8e rang à Adelboden. Onzième du classement général du géant, Meillard se rapproche de son meilleur niveau. Le jour J (dimanche 13), s'il arrive à assembler les pièces du puzzle, une médaille est au bout. Au regard de la saison actuelle, son ski est solide, d'une justesse et d'une élégance sans faille.

Les deux compères de la série documentaire «Bending Gates» sont les grands atouts du quatuor qui se présentera dans le portillon pour le géant. Et si l'un abat sa dernière carte, le second entrera dans le vif du sujet pour nous faire rêver - et gagner notre pari.

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