Victor Wembanyama mesure 224 cm et va devenir multimillionnaire en NBA. Mais une résolution le rapproche encore un peu du commun des mortels, que ce dernier prend généralement en tout début d'année: éviter les kilos superflus. «Je ne veux pas ajouter trop de poids trop vite», a affirmé le 2 octobre la nouvelle star du basket.
Mais pour le Français, contrairement à bon nombre d'entre nous, il n'est pas ici question de refouler des envies de malbouffe. Non, il s'agit d'une réponse à tous ceux qui s'inquiètent de son gabarit longiligne et en apparence frêle, même si la pépite a confié avoir pris entre 5 et 7 kilos cet été. Selon Le Parisien, cette prise de poids serait plus proche «des 9 ou 10 kg», pour désormais atteindre 110 kg. Car oui, le basket reste un sport de duels physiques et, pour les gagner, il faut parfois imposer son gabarit. On pense notamment aux percées sous les paniers entre les défenseurs ou aux blocs.
Mais Wembanyama n'a pour l'instant aucun désir de se transformer en malabar. L'idée semble même effrayer son staff, comme le laissent transparaître les propos de son agent, Bouna Ndiaye, tenus en juillet dernier:
Mais pourquoi donc cette hantise de voir l'aiguille de la balance se déplacer un peu sur la droite, d'autant qu'une plus grande masse musculaire paraît être un avantage?
La première raison est d'ordre médical. «Si vous êtes plus lourd, vous allez mettre plus de contraintes sur vos articulations, sur les genoux et les chevilles», explique à RMC Sport le préparateur physique de l’équipe de France de basket, Manuel Lacroix. Avec la répétition des efforts et des matchs (82 de saison régulière en six mois), le risque de blessure augmente à cause de cette charge supplémentaire. C'est encore plus vrai dans ce sport, où les changements de directions sont rapides et nombreux.
La mobilité, justement, constitue la deuxième barrière à une prise de masse pour la recrue des San Antonio Spurs. «Quand vous ajoutez du poids, vous ajoutez une charge supplémentaire, donc potentiellement des déplacements plus lents… et l’un de ses points forts est justement la vitesse de déplacement», fait remarquer Geoffrey Wandji, le médecin de l’équipe de France.
Car malgré ses 224 cm, Victor Wembanyama possède une vivacité exceptionnelle pour sa taille. Elle lui permet de prétendre aussi à d'autres postes que ceux à l'intérieur de la raquette, habituellement dévolus aux colosses, moins mobiles, qui se fraient un chemin jusqu'au panier en jouant des coudes et des épaules. «Il peut jouer extérieur et quand il y a des grands qui vont défendre sur lui, comme Embiid ou Jokic, ils vont mourir car ils vont devoir aller défendre au large, loin du panier», prédit Fred Weis, ancien basketteur de NBA.
Et à en croire le Tricolore, les aptitudes de son compatriote collent parfaitement aux parquets actuels de la prestigieuse ligue nord-américaine:
Et même si ceux-ci ne sont pas encore une espèce éteinte, «Wemby» semble là encore suffisamment équipé pour leur résister, sans avoir à soulever davantage de fonte. «Il n’est pas maigre, il est sec. Et c’est complètement différent. Ce ne sont pas des gros muscles, mais ses muscles sont présents. Tu sens que le mec est en place», recadre Weis.
RMC Sport voit un modèle possible pour Wembanyama: Kevin Durant, 208 cm et pas franchement une carrure de déménageur. «Depuis 2007, année de son arrivée en NBA, le MVP de la saison 2014 a toujours gardé son physique mince et élancé», appuie le média français. Et pourtant, ce dernier rappelle que Durant a parfois joué pivot – là où une solide carcasse est censée faire la différence – lors des deux années où il a été sacré avec Golden State et qu'il a excellé dans les contres (deux de moyenne par match lors de l'exercice 2017-2018). Autrement dit, pas besoin de ressembler au Arnold Schwarzenegger des 70's pour imposer sa loi sous les paniers.
Sans compter qu'avec le prodige de 19 ans, dont le corps était encore en croissance en début d'année, «il faut rester précautionneux avec son squelette. Tu ne peux pas charger comme avec quelqu’un de trente ans. Il y a des risques de petites fractures», met en garde dans L'Equipe son coach physique personnel, Guillaume Alquier.
Antoine Borgeaud, préparateur physique du centre national du basket suisse à Lausanne, dégage un autre avantage pour Wembanyama à ne pas prendre de poids:
Parmi eux, le shoot, un aspect crucial du jeu. «Un kilo de chaque côté en plus sur les triceps ou biceps suffit à modifier la gestuelle», prévient l'expert. «C'est un peu comme si on vous pose un sac sur le dos et qu'il faut réapprendre à courir avec», image-t-il.
Antoine Borgeaud souligne lui aussi les risques d'une prise de masse musculaire soudaine et spectaculaire. Toutefois, le Vaudois ne jugerait pas la situation catastrophique si la balance du joueur des Spurs affichait quelques petits kilos en plus. «Même si Wembanyama doit modifier sa gestuelle de shoot, il a le temps et le talent pour y arriver facilement», avance le préparateur physique, qui enchaîne:
Pas étonnant donc que la star française et Guillaume Alquier aient décidé d'axer leur travail «sur le bas du corps» afin que le joueur soit «assez puissant sur ses cannes pour pouvoir encaisser et enchaîner les contacts, courir en étant bas sur ses appuis», comme le résume le coach dans L'Equipe. C'est donc une fois que les gambettes sont suffisamment solides pour supporter davantage de poids qu'un développement musculaire intense du haut du corps devient envisageable.
Vous l'aurez compris, avec Victor Wembanyama, ce sont les parquets qui luiront plutôt que les biscoteaux et pectoraux. N'en déplaise à Schwarzy.