Melanie Hasler et sa pousseuse Mara Morell enchaînent les bonnes performances en bob à deux. Cinquièmes à La Plagne et à Innsbruck en décembre, les deux femmes ont pris la troisième place à Saint-Moritz en janvier. Battues seulement par deux équipages allemands, qui disposent d'engins plus rapides.
A l'automne, la pilote Melanie Hasler n'aurait jamais pu imaginer que les choses se passeraient ainsi. A l'époque, elle cherchait encore désespérément une nouvelle pousseuse, sa partenaire habituelle, Nadja Pasternack, étant devenue maman. Clairement, ce poste à l'international n'a pas été simple à pourvoir, car celles capables de l'occuper ne sont pas nombreuses en Suisse.
Pour exceller, une pousseuse doit remplir divers critères physiques. «Elle doit avoir un certain poids et une force rapide», explique Melanie Hasler. En effet, celle qui s'installe à l'arrière donne à l'engin l'impulsion initiale, il lui faut donc des qualités de vitesse et de l'explosivité. Mais elle a aussi une autre tâche: apporter toute sa masse corporelle, pour alourdir le bob et donc l'accélérer.
Il y également l'investissement personnel à prendre en compte: «Il faut trouver quelqu'un qui a beaucoup de temps à consacrer en hiver». En plus des courses, les entraînements (et les stages) sont nombreux.
Et puis, il y a ça: «En tant que pilote de bob, on a toujours besoin d'options de remplacement». C'est ainsi que Muswama Kambundji accompagnait l'Argovienne en début de saison - le duo a même remporté les championnats suisses fin décembre à Saint-Moritz. Afin de disputer une saison complète, sans encombre, il est important d'avoir plusieurs athlètes à disposition.
La Grisonne Mara Morell est devenue la pousseuse avec laquelle Melanie Hasler évolue avec succès en Coupe du monde cette année. Ce n'est que peu de temps avant le début des premières courses que la jeune femme de 29 ans a été définitivement retenue. Pendant longtemps, il n'était pas certain que Morell, qui collaborait auparavant avec Martina Fontanive (désormais à la retraite), veuille poursuivre. D'autant qu'elle venait tout juste de débuter un nouveau travail, en tant qu'avocate.
Lors des premiers tests de performance en automne, il a été découvert que la condition physique de l'ancienne sprinteuse était meilleure que ce à quoi elle s'attendait. Les temps de départ étaient si bons que Mara Morell et Melanie Hasler ont finalement décidé de tenter leur chance ensemble.
Melanie Hasler se réjouit de cette évolution inattendue: «Pour Mara aussi, c'était une expérience formidable de pouvoir monter pour la première fois sur un podium en Coupe du monde». Mais pourquoi cela se passe-t-il si bien? «Être en tête au départ, c'est tellement important», explique l'Argovienne.
La question demeure quant à la suite. Un partenariat à long terme avec Mara Morell est-il réaliste dans la perspective des JO de 2026? Pour Melanie Hasler, les Jeux de Milan/Cortina sont un objectif clair. Mais qu'en est-il de sa pousseuse?
La Suissesse ne se fait pas d'illusions: «Je ne sais pas à quoi cela ressemblera. Ce sera certainement difficile. En tout cas, il est important que je planifie la suite le plus rapidement possible». Même si les Jeux n'ont pas lieu la saison prochaine, l'exercice 2024/2025 sera déjà déterminant pour affiner les réglages en vue de l'année suivante.
Adaptation en français: Romuald Cachod.