C'est un lecteur de watson qui nous a mis la puce à l'oreille. En se plongeant dans l'épreuve de monobob filles des JOJ de 2024, il s'est aperçu de deux choses. Premièrement, une surprenante concurrente thaïlandaise s'était emparée de la médaille d'argent. Deuxièmement, aucune Suissesse ne figurait dans le classement.
Un problème de relève pour le bobsleigh helvétique féminin, alors qu'au plus haut niveau, le duo Hasler/Morell - troisième en Coupe du monde à Saint-Moritz mi-janvier - performe relativement bien cette saison? Le constat étant identique chez les garçons, mais aussi en skeleton et en luge, cette théorie ne pouvait réellement fonctionner.
Contacté, Swiss Sliding, via l'intermédiaire de son vice-président, Daniel Mägerle, a tenu à expliquer son choix de ne pas envoyer d'athlètes au Centre de glisse d'Alpensia de Pyeongchang, là où se tenaient les Jeux olympiques d'hiver de 2018.
Et non pas des JOJ donc, car comme le précise Mägerle, «lorsqu'ils se lancent réellement dans le bobsleigh, les jeunes dépassent souvent l'âge limite autorisé pour participer à l'événement», fixé à 18 ans. Preuve de ces débuts tardifs dans la discipline, pour des raisons évidentes de sécurité, un pratiquant de bobsleigh est considéré comme «junior» jusqu'à ses 26 ans.
Swiss Sliding préfère ainsi mettre l'accent sur des espoirs plus âgés, plutôt que d'accompagner lors des JOJ des jeunes dont le niveau n'est pas encore suffisant pour espérer de suite se frayer une place parmi les groupes de relève.
La stratégie de la fédération qui, à première vue, pouvait paraître surprenante, semble payer. Chez les jeunes, la relève est au rendez-vous. Début 2024, Timo Rohner et Mathieu Hersperger montaient sur le podium des Championnats d'Europe junior. Et le week-end dernier, sur la piste de Saint-Moritz, la Suisse décrochait trois médailles de bronze aux Mondiaux junior, en bob à deux masculin, bob à quatre masculin et bob à deux féminin, en plus du titre de Debora Annen en monobob féminin. Le skeleton a, lui aussi, rapporté plusieurs breloques cette saison lors des Championnats junior.
Les bobeurs, lugeurs et skeletoneurs helvétiques ne sont pas les seuls absents en Corée du sud. La Norvège, qui domine le ski de fond mondial, et ce, dans presque toutes les catégories, a décidé de ne pas envoyer le moindre fondeur à Gangwon. Le comité de ski de fond de l'Association norvégienne de ski (NSF) estime que les Mondiaux junior doivent constituer le premier grand événement d'une carrière internationale. Les Jeux, même réservés à la jeunesse, seraient beaucoup trop prestigieux, y participer signifierait brûler des étapes. Aussi, la NSF ne veut pas mettre la pression à ses jeunes dès le plus jeune âge. Elle craint l'effet boomerang, avec des burn-out ou des chutes de motivation plus tard, chez des élites en âge de performer au très haut niveau.
Même s'ils n'en avaient pas besoin, voici qui devrait conforter les dirigeants de Swiss Sliding dans leur choix.