Le Canada et son sport national sont en train de vivre des heures sombres. Les médias canadiens ont relayé que le comité de la Chambre des communes, qui enquête sur les abus dans le sport, se réunira de nouveau la semaine prochaine pour enrayer cette crise qui n'arrête pas de ternir l'image du pays. Elle entend étendre son enquête au-delà de Hockey Canada.
Les politiciens veulent faire la lumière sur des pratiques passées sous silence durant de nombreuses années. Le député libéral Chris Bittle, l’un des douze membres réguliers du comité du Patrimoine canadien, veut empoigner les affaires. Le licenciement du président du conseil d'administration d'Hockey Canada, Scott Smith, ainsi que de tous les membres restants du conseil d’administration, était nécessaire. Mais ce n'est pas suffisant. Une grande lessive est ordonnée pour qu'un changement de culture se fasse dans les plus brefs délais.
Les instances politiques canadiennes entendent passer par une refonte complète d'un système mutilé par les mensonges. Un autre député, Peter Julian, assure que cette vague de démissions ne change pas «les problèmes fondamentaux concernant la façon dont Hockey Canada traite ces horribles allégations de violence sexuelle, traite les agressions sexuelles et traite les victimes». Avant d'étendre la problématique à différentes organisations sportives du pays: «Il n’y a pas que Hockey Canada qui ne prend pas au sérieux les questions de protection des athlètes», déplore Julian.
Même si le hockey, le tout puissant sport national, est ciblé depuis plusieurs mois, le Canada s'enfonce dans une crise plus profonde qui touche de nombreux et nombreuses athlètes. Comme le rapporte l'agence de presse canadienne, des centaines d’athlètes (gymnastique et Bobsleigh Canada Skeleton ) ont signé en mars des lettres ouvertes demandant des enquêtes indépendantes sur les abus et les environnements toxiques. Pour ces sportifs, leur silence était lié à leur peur d'être écartés des équipes nationales et olympiques s'ils osaient parler des agissements de l'encadrement.
Dans de nombreux sports canadiens, des allégations de violences psychologiques, physiques et sexuelles ont surgi ces dernières années, notamment en aviron, en boxe, en rugby, en ski et en soccer (football). En 2018, la fédération alpine (Canada Alpin) a été poursuive par des athlètes après la dissimulation de cas d'agressions sexuelles, pour éviter une perte de parrainages.
Peter Julian explique que «le gouvernement fédéral a laissé les organisations sportives nationales se gérer sans surveillance, sans aucune obligation, et cela doit fondamentalement changer.»