Le cyclisme féminin commence à prendre de la place, une ampleur nouvelle qui pousse et offre à de jeunes femmes l'opportunité de se professionnaliser progressivement. Des marques qui investissent et des courses qui naissent au fil du temps. L'arrivée du premier Tour de France Femmes a porté l'image du vélo féminin haut, très haut, bien plus que le Tour d'Italie Femmes, réputé pour être la grand-messe des courses par étapes féminines.
Et une chose est certaine, après ces cinq étapes sur sept: la course est débridée et s'emballe. Ces gladiatrices ne tirent jamais la prise. Des attaques à foison, des chutes dans tous les sens, une nervosité de tous les instants; la crème du cyclisme féminin a décidé de se flinguer sur le bitume pour décoller et accrocher un bouquet de la toute première édition du Tour de France Femmes.
Le cyclisme féminin s'affranchit de celui des hommes. Et c'est tant mieux, car on ne leur demande pas de se calquer sur leurs homologues masculins, mais bien de construire leur identité, leur ADN de course. Cela passe par un calendrier distinct et une marche à suivre différente. Par exemple, le ski alpin féminin s'est affranchi du ski masculin et s'est forgé sa propre identité.
Le cyclisme en prend le chemin. Audrey Cordon-Ragot l'a expliqué clairement sur le site d'Eurosport:
Même si la championne de France en titre reconnaît que le Tour de France était «une bataille importante et une vraie bonne nouvelle», empruntant la vitrine médiatique du Tour de France masculin. Surtout, la différence réside dans cette manière de courir: décomplexée et furieuse.
Un bonheur, un feu d'artifice incessant. C'est ça que les coureuses doivent garder: cette insouciance, ces mouvements de course qui font la beauté du vélo. A présent, les hommes se montrent un brin réticents avant de lancer les hostilités, les grandes empoignades sont devenues rares - l'étape du Granon fait presque office d'anomalie - et les coureurs capables de faire basculer une étape - Van der Poel, Pogacar, Van Aert - ne sont pas légion dans le peloton. Encore faut-il avoir les cuisses pour s'embarquer dans une grande entreprise.
La journée était calme jusqu'ici mais une énorme chute massive intervient dans le peloton à 45km. Concernant l'échappée, elle continue de perdre du terrain avec 1'30" d'avance. #TDFF pic.twitter.com/hENDMQj3ir
— Le Gruppetto (@LeGruppetto) July 28, 2022
Dans le cyclisme féminin, les coureuses font honneur au sport. «Les courses sont beaucoup plus courtes, entre 120 et 160 kilomètres, ça part tambour battant, et ça roule à bloc tout le temps», confirmait Cordon-Ragot.
Des étapes plus courtes, mais aussi des effectifs réduits: six cyclistes contre huit coureurs pour les hommes. Encore une fois, grâce à ces équipes limitées, les schémas de course sont totalement différents. Déjà, les coursières se fatiguent plus vite. Avec deux coureuses de moins, elles sont moins nombreuses pour prendre le vent et protéger leurs leaders. Une tout autre manière de courir et surtout moins de contrôle sur les faits de course.
Les communications radio à l'antenne comme en F1, c'est un grand oui. Excellente initiative de la réalisation sur ce Tour de France Femmes #TDFF
— Olivier Perrier (@OlivPerrier) July 26, 2022
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Si bien que le système du cyclisme féminin pourrait même inspirer les courses masculines et les rendre plus musclées. Une nouvelle dynamique et un nouveau format pour ces messieurs? Les femmes se sont affranchies et créent leur propre cyclisme, laissant l'instinct de compétitrice prendre le dessus sur l'ennuyeux qu'est le tactique.