Ceux qui suivent chaque année le Tour du Pays basque savent à quoi s'attendre: une marée orange (à ne pas confondre avec celle des Pays-Bas), des montées sèches et des descentes dangereuses, une météo capricieuse. Le coin chéri par l'écrivain Frédéric Beigbeider n'est rien d'autre qu'une terre de vélo, de passionnés prêts à s'enflammer pour le grand départ du Tour de France, samedi à Bilbao.
176 coureurs (dont les Suisses Küng et Dillier) s'apprêtent à se faire la guerre sur un terrain de jeu qui fera des victimes, rien que sur une première étape explosive. La mise en jambes sur un terrain humide (il a plu dans la région ces derniers jours) et dans des cols difficiles pourrait valoir une belle indigestion pour des coureurs qui jouent le général, encore en rodage.
Il faudra être rapidement au jeu lors de ce Tour de France 2023. Au menu de samedi, 3330 mètres de dénivelé positif et deux dernières côtes pour se lancer vers la victoire, le Vivero (4,5 km à 7,3%) et la côte de Pike (deux bornes à 9%). Avec le Col de Morga (3,9 km à 4,1%) dans les 30 derniers kilomètres, un cycliste doté d'une bonne giclette pourrait se détacher et lever les bras sur la ligne. Une première étape casse-pattes, qui peut assurément piéger un favori et un outsider.
La presse française voit son chouchou Julian Alaphilippe faire des étincelles sur les pentes ibères. Mais il faudra composer avec les Basques, toujours en jambes quand une course se déroule sur leurs terres. On pense à Ion Izagirre (Cofidis), vainqueur du Tour du Pays basque en 2019, à Alex Aranburu (Movistar), très en vue lors des derniers championnats d'Espagne. Outre les régionaux de l'étape, des forçats du bitume, pour paraphraser Albert Londres, tels que Mathieu van der Poel, Wout van Aert, Richard Carapaz ou des grosses cotes telles que Daniel Martinez (vainqueur en 2022 de l'épreuve basque) sont des noms à suivre. Sans oublier les deux gros bras du peloton, les grands favoris de cette édition 2023: Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar.
En conférence de presse, le Slovène avait même sa petite idée: «Je pense qu’il n’y aura pas un gros groupe à la fin, peut-être 15 à 20 coureurs qui se battront pour la victoire.»
Ce deuxième chapitre du Tour 2023 aura comme juge de paix le difficile Jaizkibel (8,1 km à 5,4%), bien connu des fans de cyclisme, puisqu'il est gravi lors de la Classica San Sebastian. Son sommet, à seize kilomètres de l'arrivée, pourrait donner des idées aux plus audacieux pour se lancer dans une offensive et descendre à tombeau ouvert pour arracher la victoire.
S'il devra garder un regard sur son leader Mikel Landa, Matej Mohoric pourrait être l'un des hommes à suivre dans cette étape.
Le périple basque prendra fin lors d'une troisième étape qui peut se révéler plus difficile que le profil ne le laisse deviner. Les attaquants (Mathieu van der Poel?) auront des «tremplins» pour fausser compagnie au peloton, mais si plusieurs côtes pourraient faire mal aux spécialistes de l'emballage final, la tendance penche pour un premier sprint massif sur ce Tour de France 2023.
Les formations intéressées auront fort à faire pour contrôler les excités du peloton. Verra-t-on un record tomber avec une 35e victoire de Mark Cavendish? Ou Biniam Girmay, toujours dangereux dans ce genre d'étape, pourra-t-il fêter son premier succès sur la Grande Boucle?
Les premières étapes du TdF ressemblent parfois à un vrai champ de mines, avec de nombreuses chutes. David Gaudu, leader des Groupama-FDJ, expliquait récemment à La voix du Nord que la première semaine était la plus nerveuse de l’année.
Elle le sera sûrement cette année encore puisque Tadej Pogacar a déjà concédé qu'il n'était pas à 100 pour cent. «Si j'étais la Jumbo-Visma, j'irais à fond dès le premier jour», anticipe Philippe Gilbert, ex-pro et consultant pour Eurosport. Le Pays basque va enclencher une édition 2023 qui fait (déjà) saliver.