Il y avait de l'émotion jeudi sur la ligne d'arrivée du Giro, du côté de Fano dans les Marches. D'abord parce que le double champion du monde, Julian Alaphilippe, a retrouvé le chemin de la victoire, après une longue série de mauvais résultats et des critiques acerbes, venant parfois de son propre manager.
Ensuite parce qu'il a réalisé un numéro sensationnel, en compagnie de Mirco Maestri, coureur de l'équipe Polti Kometa, qui malgré sa 9e place à l'arrivée, a lui aussi vécu une journée de rêve.
Les deux hommes figuraient dans une échappée importante, mais ont décidé de relancer la course à plus de 120 kilomètres du but, lorsqu'un groupe s'apprêtait à revenir. Une mission suicide pensait-on, sauf qu'ils se sont entendus à merveille pour creuser l'écart, alors que les poursuivants ont peiné à s'organiser. Plus les kilomètres avançaient, plus Alaphilippe encourageait son compagnon de fugue. Il allait jusqu'à l'attendre dans les côtes, car Maestri était d'une précieuse aide sur le plat.
Mirco Maestri, coureur robuste et membre d'une équipe invitée, n'avait aucune chance de lever les bras, face à un Julian Alaphilippe affuté, qui avait coché cette étape en raison des nombreuses côtes présentes dans la deuxième moitié du parcours. Maestri a pourtant travaillé sans compter à l'avant, avant de se faire logiquement distancer dans la dernière ascension, à 11 kilomètres de Fano.
A l'arrivée, lorsqu'Alaphilippe a aperçu l'Italien franchir la ligne, il s'est précipité vers lui, car il tenait à le remercier pour ses efforts. «Loulou» lui a confié qu'il méritait aussi cette victoire, et qu'il se souviendrait toujours de cette journée à ses côtés, avant qu'ils ne prennent une photo ensemble.
Mirco Maestri, dont le palmarès n'est pas aussi étoffé que celui du Français, a par la suite déclaré qu'il s'agissait du jour le plus dur et le plus beau de sa vie.
Sur son tour national, Maestri, 9e, n'est pas reparti les mains vides. Outre les points de la montagne, que Julian Alaphilippe lui a volontiers cédé en cours d'étape, l'Italien est lui aussi monté sur les marches du podium, à l'arrivée à Fano, dans le cadre de l'intergiro. Il le méritait.
(roc)