Alors que le chaos est total sur le Tour de Suisse causé par une nuée de cas de Covid, la chaleur est une autre élément à prendre en compte. Des coureurs sont poussés à bout et dans leurs derniers retranchements. La canicule a même changé les plans de la Route de l'Occitanie, amputant l'étape de sa quasi totalité - elle n'en fera que 36 km alors qu'elle devait en faire 156 km.
En Suisse, à l'occasion de la 5e étape, Remco Evenepoel s'était plaint d'avoir les jambes lourdes, victime d'un gros coup de chaud. Gino Mäder avait craqué dans la première étape à Küsnacht, victime de la chaleur lui aussi, avant d'abandonner pour des soucis gastriques avant le départ de la 5e étape. Geraint Thomas expliquait au micro de L'Equipe souffrir comme jamais des températures.
Mais un coup de chaud, ça donne quoi? Danilo Wyss, ex pro aux 13 saisons dans l'élite, nous explique qu'il «n'a jamais vécu de gros coup de chaud». Il préparait le terrain pour affronter les premières courses aux fortes chaleurs:
Des températures caniculaires que l'ancien coureur connaît bien pour avoir roulé sur le bitume australien. «J'ai déjà vécu des étapes raccourcies à l'occasion du Tour Down Under, mais je n'avais jamais vu ça en Europe.»
Cette fois-ci, comme le souligne Danilo Wyss, c'est le département qui a opposé son veto. Pas de course dans le Tarn. «C'est une première», souligne-t-il.
#AlerteVigilanceRougeCanicule 🔴
— Préfet du Tarn (@prefet81) June 16, 2022
Pour la sécurité, le Préfet a décidé d'annuler dans le Tarn la route d'Occitanie et les événements autorisés à son niveau.
Il a préconisé aux maires d'annuler les événements en extérieur qui sont de leur responsabilité et exposant le public.
La question du protocole et d'une Union cycliste internationale (UCI) plus soucieuse de la santé des coureurs explique peut-être ces prises de décision.
Des coups de pédales sous le cagnard, le maillot grand ouvert et la transpiration sur les lunettes, la pratique du cyclisme sous la canicule est un supplice, surtout si vous êtes victime d'un coup de chaud. «Le corps dit stop pour descendre la température corporelle», décrit l'ancien pro d'Orbe. Une équation météo extrême + gestion de l'effort qu'il est difficile de résoudre sur la selle.
De petites techniques pour mieux digérer la chaleur, pour ne pas voir sa peau brûler en plein effort, par exemple: «On met la crème solaire au départ, même sous le maillot. Ils sont tellement fins que les rayons passent à travers. D'ailleurs, la crème solaire permet d'abaisser la température corporelle».
En se replongeant dans ses souvenirs, Wyss se rappelle d'une chaude journée sur la Vuelta: «Une équipe avait consommé 220 bidons sur une seule étape». Autre petit détail cocasse: «Pour combattre la chaleur, on mettait de la glace dans des bas pour dame et on buvait du sodium au maximum, pour compenser la perte de sels minéraux durant l'étape.» Les heures sur le vélo se transforment en une course à la ruse et aux petits «trucs» pour éviter le gros coup de mou. L'équilibre entre souffrance et organisation, pour ne pas finir scotché au macadam et abonné au gruppetto.