Vladimir Petkovic joue sa place sur un banc, ce dimanche après-midi contre Strasbourg (15 heures), et ce ne sera pas la première fois de sa carrière. Le Tessinois a connu des expériences contrastées à la tête des différents clubs de première division qu'il a dirigés, ne remportant qu'un seul trophée (une Coupe d'Italie avec la Lazio) en 13 ans de carrière. Les chiffres seuls (33% de victoires sur l'ensemble de ses expériences), bien sûr, ne suffisent pas à estimer la qualité de son travail, et ne disent pas qu'il s'est imposé pendant plusieurs saisons comme l'homme fort de clubs aussi ambitieux que les Young Boys ou la Lazio.
Mais il a connu tellement de succès avec l'équipe de Suisse, devenant même le meilleur sélectionneur de l'histoire de notre pays, que l'on peut se demander s'il est encore un entraîneur de club, sous-entendu si ses compétences et son caractère ne le prédisposeraient pas davantage à un poste en équipe nationale. Exactement comme Murat Yakin. Mais Christian Constantin ne le croit pas. «Ce n'est pas parce que ses résultats actuels ne sont pas bons que ça n'en fait pas un entraîneur de club», estime le président du FC Sion, qui avait engagé «Petko» en 2012 pour sauver le club de la relégation (mission réussie malgré trois défaites en quatre matchs).
Bordeaux présentait des pièges que Vladimir Petkovic n'aurait pas su déceler. «Les Girondins avaient des problèmes avant Petkovic. Ils en ont avec lui et en auront après lui», résume Bernard Challandes, qui a été à la fois entraîneur et sélectionneur. Le Neuchâtelois est formel: «Petkovic a prouvé qu'il pouvait être bon en équipe nationale comme en club. Il n'y a aucune discussion.»
C'est aussi ce que croit Armando Ceroni, commentateur historique de la télévision tessinoise et proche du Mister. Même s'il fait remarquer que «Vlado» doit parfois se faire violence en club pour réussir.
Son passage chez les Girondins risque bien de plomber davantage ses statistiques personnelles comme entraîneur. Mais Challandes en nuance la portée. «Ce sont des chiffres. Alors bien sûr, on vit avec eux dans notre société, on les aime. Mais en tant que coach, je relativise toujours la façon de les interpréter. Je me souviens de l'époque où j'ai entraîné Young Boys. On était en grande difficulté financière, le club avait dû vendre pratiquement tous les joueurs. Je pense avoir fait un excellent (réd: il insiste sur le terme) travail. Pourtant, on ne s'est pas qualifié pour le tour final, et c'est ce que les statistiques ont retenu.»
Pour le moment, les chiffres de la saison bordelaise racontent une histoire encore plus douloureuse pour Vladimir Petkovic: il est l'entraîneur qui possède le pire bilan mathématique de l'histoire du club en championnat.