Amanda Anisimova s'est révélée aux yeux du grand public à Roland-Garros 2019. Agée alors de seulement 17 ans et plus jeune membre du top 100 mondial (51e), elle a réalisé une véritable odyssée jusqu'en demi-finale. En quart, elle a même battu Simona Halep, tenante du titre. La prodige américaine n'a été stoppée que par Ashleigh Barty, future lauréate.
Depuis cet exploit, on avait quasiment oublié Amanda Anisimova. A tel point qu'elle était, de loin, la moins connue des quatre demi-finalistes de Wimbledon cette année (qui comprenaient aussi Sabalenka, Bencic et Swiatek). Mais l'Américaine, 23 ans désormais, a fait fi de cette étiquette d'outsider et a créé la surprise en éliminant Aryna Sabalenka, numéro 1 mondiale. Pour sa première finale en Grand Chelem, elle défiera Iga Swiatek ce samedi.
Si Anisimova est autant passée sous les radars ces six dernières années, c'est à cause de gros coups durs dans sa vie hors des terrains. Ils ont lourdement affecté ses performances et l'ont empêchée de confirmer ses prouesses parisiennes, malgré un immense talent.
Quelques semaines après sa demi-finale à Roland-Garros, juste avant l'US Open, son père Konstantin décède d'une crise cardiaque, à seulement 52 ans. C'est un drame pour la tenniswoman, proche de son père qui était d'ailleurs son entraîneur à ses débuts. La pépite, 24e mondiale, plonge alors dans une longue dépression, qui plombera sa carrière pendant plus de quatre ans, jusqu'à fin 2023.
«Au cours des années suivantes, son jeu est devenu irrégulier, sa motivation déclinant et son deuil s'aggravant», raconte The Athletic. Seuls faits d'arme durant cette période noire: un titre WTA 250 à Melbourne en 2022 et un quart de finale à Wimbledon, la même année.
Début 2023, Amanda Anisimova prend une décision radicale, et inhabituelle dans le tennis de haut niveau, pour tenter d'arrêter cette lente chute en Enfer: faire un long break. Ne plus toucher la raquette pendant plusieurs mois.
Après une ultime défaite au 1er tour du tournoi de Madrid, en mai, elle prend ses cliques et ses claques. Pendant huit mois, la jeune femme fait de la peinture, de la méditation et visite des musées. Une coupure totale avec le tennis qui lui a fait beaucoup de bien.
«Parfois, on s'imagine remonter le temps et on se dit qu'on aurait pu faire les choses différemment, mais la décision de faire une pause avec le tennis, je la reprendrais dix fois sur dix», avouait la finaliste de Wimbledon au début de cette année à L'Equipe Magazine.
Les bienfaits de ce ressourcement se remarquent aussi dans ses résultats: retombée au 359e rang mondial fin 2023 après son break, la native du New Jersey – qui a ensuite grandi à Miami – achève l'année 2024 à la 36e place. Un bond réalisé notamment grâce à un joli parcours à l'Open d'Australie dès son retour (8e de finale) et une finale au tournoi WTA 1000 de Toronto (la catégorie juste en dessous des Grand Chelem).
Début 2025, Amanda Anisimova poursuit sa progression. En confiance, elle remporte (enfin) son premier grand titre sur le circuit en février, avec son sacre au tournoi WTA 1000 de Doha. Mais des blessures récurrentes au dos et à la hanche l'empêchent d'enchaîner les perfs.
La droitière fait alors appel, au début du printemps, à la thérapeute Shadi Soleymani. Chiropraticienne, la Suédoise – qui a accompagné la Chinoise Zheng Qinwen vers son titre aux JO de Paris – soigne la championne avec des massages et change son alimentation.
«Soleymani a constaté qu'Anisimova consommait beaucoup de calories qui n'étaient pas bénéfiques pour son corps. C'est en partie pourquoi elle manquait constamment d'énergie sur le terrain d'entraînement et en match», relate The Athletic. Conséquences? La tenniswoman est invitée à manger davantage de légumes, de poulet et de poisson. Elle arrête aussi de boire du café après 18h00, pour mieux dormir et donc mieux se reposer.
Shadi Soleymani (35 ans) semble jouer un rôle qui va au-delà de la préparation physique de la joueuse. «Je suis avec elle comme une mère», résume la thérapeute dans The Athletic.
Cette nouvelle relation semble donc réussir à Amanda Anisimova, qui a atteint le meilleur classement de sa carrière (12e) fin juin, après une nouvelle finale (perdue au Queen's).
Ce samedi, la Floridienne écrira la plus belle page de sa carrière en cas de sacre à Wimbledon. Qu'elle mettra ensuite peut-être en peinture, son hobby salvateur. Qui sait?