L'équipe de Suisse a parfaitement entamé son match de groupe décisif contre la Finlande, jeudi soir à Genève. Les Helvètes ont nettement dominé les 25 premières minutes, avant de céder du terrain. Dans ce début de rencontre, elles ont eu plusieurs occasions d'ouvrir le score. Dont une sur une inspiration géniale de l'attaquante Svenja Fölmli, à la 13e minute. On rembobine.
L'omniprésente Iman Beney déborde sur son côté droit et parvient à centrer sur Fölmli, dans les seize mètres. Lisant parfaitement la trajectoire de ce ballon rapide qui rase le sol, la Lucernoise – dos au but – tente une talonnade avec son pied droit, sur sa première touche de balle. Malheureusement, son très audacieux et spectaculaire geste technique – qui nécessite une excellente coordination – n'a pas été récompensé à sa juste valeur, le cuir filant juste à côté du poteau de la cage finlandaise.
«Oh si ça rentre, c'est magnifique! La Madjer!», s'est enflammé en direct le commentateur de la RTS, Frédéric Scola. «Très beau geste!», a appuyé la consultante, Sandy Maendly.
Comme la panenka, la Madjer est un geste technique qui doit son nom au patronyme de son inventeur. Un geste tellement mythique qu'il passe donc dans le langage commun. C'est encore plus vrai avec la panenka, que plus personne – y compris les médias et experts – n'écrit avec un «P» majuscule.
Si on regarde les références sur le web, la Madjer n'a pas encore tout à fait atteint ce statut puisqu'elle garde son «M» majuscule. Mais bref, le principe est le même qu'avec la panenka, cette manière téméraire de tirer un penalty avec une pichenette au milieu de la cage, réalisée pour la première fois par le Tchécoslovaque Antonin Panenka dans les années 1970.
La Madjer est arrivée plus tard. Le 27 mai 1987 à Vienne, précisément. Ce jour-là, le FC Porto affronte le Bayern Munich en finale de la Ligue des champions. Les Portugais égalisent à 1-1 à la 79e minute, grâce à un but de Rabah Madjer. L'Algérien, dos au but, trompe le gardien munichois d'une talonnade. «Une curiosité et une grande nouveauté dans le monde alors conventionnel du football», rappelle RMC Sport. La Madjer est née.
L'attaquant aussi roublard qu'instinctif expliquera plus tard son geste:
Pour la petite histoire, Porto a fini par s'imposer (2-1) et a ainsi remporté sa première Ligue des champions.
Comme Madjer en 1987, Svenja Fölmli a choisi la meilleure solution, jeudi, pour tenter de conclure cette action.
Cette tentative audacieuse, c'est aussi le signe d'une attaquante en confiance (même si elle n'a pas encore marqué dans cet Euro). De bonne augure avant le quart de finale vendredi prochain à Berne, contre l'Espagne ou l'Italie.