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Le foot féminin suisse a repris: autre terrain, autre ambiance

Le foot féminin suisse a repris: autre terrain, autre ambiance
Retour à la vie quotidienne pour les «mondialistes» du FC Zurich. keystone

Le foot féminin a repris en Suisse: autre terrain, autre ambiance

Pendant la Coupe du Monde, la moitié de la Suisse parlait de football féminin. Pour la reprise en Super League samedi, l'intérêt semblait déjà évaporé. On y était.
28.08.2023, 18:50
Stefan Wyss
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Seraina Piubel n'a eu besoin que de 27 minutes pour marquer son premier but de la saison. En ouverture du championnat, le FC Zurich a battu Aarau 3-0. Ses buts ont été applaudi par quelque 150 spectateurs sur le terrain de Heerenschürli, dans la périphérie zurichoise. Un décor sinistre.

Quel dépaysement pour l’attaquante de 23 ans par rapport au battage médiatique vécu à la Coupe du monde... Seraina Piubel a marqué un but décisif dans le match d'ouverture de la Suisse contre les Philippines. Il y avait 14 000 supporters au stade et environ 100 000 chez eux devant la télévision. Et lorsque Piubel s'est qualifiée pour les huitièmes de finale avec la Suisse, près d'un demi-million de personnes l'ont suivie sur SRF Zwei.

Seraina Piubel n'est pas déçue qu'il ne reste déjà plus grand-chose de cet enthousiasme au début de la nouvelle saison. «Nous ne connaissons rien d'autre et nous apprécions simplement chaque fan qui vient.» La reconnaissance demande du temps et de la patience, selon l'attaquante. «Et nous en avons. Nous sommes beaucoup plus avancée qu’il y a quelques années. Il ne faut pas s'attendre à trop de choses trop rapidement grâce à la Coupe du Monde.»

Les joueuses du FCZ ne sont pas les seules dans cette situation. Bien sûr, la Super League féminine se joue principalement dans des installations sportives conçues pour le sport de masse. Ce n'est pas très attrayant. Mais même au stade, les supporters ne viennent pas en nombre. Le match entre Saint-Gall et Young Boys a eu lieu samedi au Kybunpark; mais il n’y a eu qu’un demi-millier de spectateurs. La saison dernière, seuls cinq matchs de Super League féminine ont atteint une affluence à quatre chiffres, avec un record de 1937 spectateurs pour la finale entre Zurich et Servette.

Les audiences sur les chaînes nationales sont également faibles. Depuis 2020, la télévision suisse diffuse entre sept et neuf matchs en direct. En moyenne, 36 000 téléspectateurs ont regardé du foot féminin la saison dernière sur la TV alémanique. Beaucoup moins en Suisse romande, logiquement.

Les audiences télévisées ont même diminué au cours des trois années d'existence du contrat. «La première saison 2020/21 a obtenu les meilleures audiences jusqu'à présent mais elle n'est pas comparable aux deux suivantes en raison du changement de comportement des utilisateurs pendant le Covid», nous a répondu la SSR.

En Allemagne aussi, le football féminin suscite essentiellement l'intérêt lors des moments décisifs. Marion Daube, directrice du football féminin à l'ASF, n'est donc pas déçue du nombre de spectateurs en Super League féminine, mais «heureuse qu'il y ait davantage d'intérêt pour les tournois. On voit que le potentiel est là. Cela me rend très positive.»

L'automne dernier, les joueuses du FC Zurich ont prouvé que l'intérêt pouvait augmenter non seulement à la télévision pour l'équipe nationale, mais aussi au stade pour les rencontres de Ligue des champions. Par exemple, plus de 4000 spectateurs ont assisté à la venue d'Arsenal, même si le match s'est déroulé à Schaffhouse.

Le potentiel de croissance est également lié à la publicité et au marketing. Les clubs et associations font de nombreux efforts dans ce sens. Un nouveau poste a été créé à l'ASF dans le domaine du marketing et de la communication pour le développement de la Super League féminine. «Les clubs se portent bien. A Servette, Saint-Gall, YB, Lugano ou encore GC, ce sont d'anciennes joueuses internationales qui sont aux commandes», explique Marion Daube, qui fut pendant de nombreuses années directrice générale du FCZ féminin avant de rejoindre l'ASF.

Mais le problème du faible intérêt pour la vie quotidienne des footballeuses ne sera pas résolu grâce aux seuls efforts de l'ASF et des clubs. D'autres intervenants seront également nécessaires. En témoigne la phrase prononcée samedi par le commentateur Manuel Köng lors du match Saint-Gall-YB. «Peut-être que tout le monde n'est pas au courant que la saison commence.» En réalité, si l'on prend pour référence le battage médiatique autour du football féminin pendant la Coupe du Monde, la couverture avant la reprise en Super League féminine était marginale.

Début de la saison de Super League féminine devant un maigre public.
Début de la saison de Super League féminine devant un maigre public.

Au mieux, les dix clubs et la ligue ont fait l'objet d'un article dans les journaux régionaux. Mais les deux grands quotidiens zurichois, par exemple, qui comptent sur leur territoire les championnes du FCZ féminin et une deuxième équipe de Super League avec GC, ont complètement renoncé aux présentations d'avant-saison. Cette indifférence irrite Martina Moser, experte en télévision et ancienne joueuse internationale: «L'intérêt doit rester exactement le même, pour que les gens se familiarisent avec le football féminin, qu'ils le remarquent et y prêtent attention. Il faut avoir envie de le suivre, quoi qu'il en soit.»

Si l'on veut donner une chance au football féminin dans ce pays, il ne faut pas seulement s'y intéresser dans le contexte social brûlant d'une Coupe du Monde ou d'un Championnat d'Europe, mais aussi lorsque la vie quotidienne revient. Seraina Piubel continue de marquer des buts dans l'espoir que ce jour arrive enfin.

Il imite un footballeur après un but à la perfection
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