Le championnat d'Europe 2022 est terminé pour notre équipe nationale. Pour son dernier match du tournoi, la Suisse s'est inclinée lourdement (4-1) face aux Pays-Bas dimanche, malgré une bonne performance d'ensemble. La voici sortie au premier tour avec un seul point obtenu.
Il était déjà clair après le tirage au sort de ce groupe C que les choses seraient très difficiles. La Nati féminine s'est retrouvée face à des adversaires comme la Suède, finaliste des JO, et les Pays-Bas, champions d'Europe en titre. Elle s'est rendue en Angleterre en tant qu'outsider, dans l'espoir de créer la sensation d'une manière ou d'une autre. Cette sensation n'a pas eu lieu, bien que la Suisse n'ait pas démérité. Elle aurait même pu accrocher le nul face aux Suédoises, ne s'inclinant qu'à la 79e minute.
La performance de dimanche contre les Pays-Bas a été encore meilleure. Il y a eu une phase dans ce match où la Suisse aurait dû ouvrir le score. A la 57e minute, Coumba Sow, seul devant le but hollandais, a raté le 2-1. Si elle avait marqué, le rêve de l'Euro aurait peut-être continué.
Après ce championnat d'Europe, on ne peut rien reprocher à l'équipe nationale dans ses duels avec les meilleures équipes. Elle a tout donné, s'est battue, s'est démenée et a pratiqué par moments un beau football. Mais on se souviendra aussi du match d'ouverture décevant contre le Portugal. Après avoir mené 2 à 0, le match s'est terminé sur un score nul (2-2). Ce résultat est à mettre au compte de l'entraîneur national Nils Nielsen, qui est resté trop longtemps inactif et n'a pas effectué de changement.
Les choses ont aussi mal tourné entre les matchs. Le terrain d'entraînement a dû être changé en raison de conditions trop mauvaises, plusieurs athlètes ont été touchées par un virus gastro-intestinal et Lia Wälti ainsi qu'Ana-Maria Crnogorcevic se sont blessées pendant la préparation.
La Suisse aurait eu besoin de toutes ses forces si elle voulait créer la surprise, surtout si l'on considère le rapport de force entre les nations. Notre équipe, bien qu'elle ait instauré une égalité dans les primes avec les hommes, a des kilomètres de retard sur des pays comme la Suède ou les Pays-Bas en ce qui concerne l'égalité dans le football. Et même des nations comme le Portugal, qui se classaient autrefois nettement derrière la Suisse, sont revenues dans la partie grâce à un bon travail de formation.
Dans toute l'Europe, on investit assidûment dans le football féminin - sauf en Suisse. Ce n'est pourtant pas faute de joueuses: l’Association Suisse de Football (ASF) a vu son nombre de footballeuses doubler en 15 ans pour s'établir à plus de 25 000 licenciées en 2020. Un chiffre en constante augmentation. Malgré tout, les femmes ont toujours un statut déplorable, et il n'est guère question de professionnalisation. Même dans la promotion de la relève, la différence entre les garçons et les filles est encore énorme. De tels problèmes se sont reflétés sur les pelouses anglaises.
L'intérêt pour le football féminin augmente pourtant dans notre pays. Des projections publiques ont été organisées lors de cet Euro (Genève avait créé une fan zone), et les foules se déplacent lors des matchs internationaux, des rendez-vous de la Ligue des champions ou des finales de la Coupe. Le football suisse ferait bien de ne pas regarder passer le train.
Adaptation en français: Julien Caloz