Ce vendredi est un jour de paie pour les footballeuses de la Nati féminine engagées au Mondial en Australie et Nouvelle-Zélande (du 20 juillet au 20 août). En pénétrant sur la pelouse de Dunedin pour affronter les Philippines (victoire nette 2-0), chacune des Helvètes a été assurée de recevoir une prime d'au moins 30 000 dollars américains (soit environ 26 000 francs suisses) de la part de la FIFA. Une somme qui augmentera bien sûr en fonction des résultats et pourra atteindre jusqu'à 270 000 dollars par joueuse en cas de titre mondial.
Concrètement, la FIFA verse l'argent aux Fédérations, et c'est à elles ensuite de le redistribuer. Il s'agit d'une procédure inhabituelle, car jusqu'à présent, les Fédérations recevaient chacune leur propre montant et négociaient ensuite les primes avec les joueuses et les joueurs de la sélection.
Ce type de système a une conséquence: il n'y a pas de distinction entre les joueuses. Cela signifie que la vedette de l'équipe reçoit la même somme que la troisième gardienne, même si celle-ci n'a pas disputé la moindre minute de jeu.
En comparaison avec les hommes, les 110 millions de dollars de prix distribués par la FIFA lors de ce Mondial féminin ne représentent qu'un quart de ce qui a été versé aux hommes lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Il s'agit néanmoins d'une augmentation conséquente chez les femmes. En Australie et en Nouvelle-Zélande, les primes versées sont trois fois plus élevées qu'il y a quatre ans, lors du tournoi en France.
Le montant des primes fait néanmoins grincer des dents certaines nations. Les Anglaises, par exemple, souhaitent également recevoir de l'argent de leur Fédération et pas seulement de la FIFA. Toutes les joueuses de l'équipe ont signé une lettre affirmant qu'elles laissent le litige sur les primes en suspens pendant le tournoi (pour le reprendre ensuite). Les Australiennes ont pour leur part critiqué dans une vidéo les salaires inférieurs à ceux des hommes. Et en Allemagne, une discussion s'est enflammée parce que la Fédération n'a pas versé de primes en plus de l'argent distribué par la FIFA.
Aucune voix aussi critique ne se fait entendre dans le camp suisse, où de nombreuses joueuses se réjouissent des primes. Elles parlent d'un pas dans la bonne direction. «Nous touchons enfin ce à quoi nous avons droit», estime Meriame Terchoun, alors que la joueuse de Barcelone, Ana-Maria Crnogorcevic, a une pensée pour certaines de ses coéquipières qui gagnent moins qu'elle grâce au football:
L'équipe de Suisse compte en effet sept joueuses qui n'ont pas pratiqué le football à plein temps la saison dernière. Parmi elles, on trouve Nadine Riesen, qui travaille en crèche, Laura Felber, étudiante, ou Fabienne Humm, commerçante. Cette dernière est la grande exception de l'équipe suisse, puisqu'elle travaille à 100 pour cent. En Nouvelle-Zélande, elle a emporté son ordinateur portable pour travailler. Elle donne un coup de main à son employeur de temps à autre à distance.
Dans ce contexte, les primes sont les bienvenues. La directrice du football féminin, Marion Daube, estime toutefois qu'elles ne doivent pas être considérées sans tenir compte du reste.
Même si les Suissesses sont heureuses avec le «salaire» qu'elles perçoivent de la FIFA, Alisha Lehmann souligne que «c'est encore beaucoup moins que ce que touchent les garçons. Mais c'est un processus. Au prochain tournoi, il y aura certainement plus». Vrai: selon le président de la FIFA Gianni Infantino, les primes pour la Coupe du monde féminine de 2027 devraient être alignées sur celles des hommes. Il l'a annoncé lors d'une conférence de presse avant le début de la Coupe du monde.
Adaptation en français: Julien Caloz