L'équipe de Suisse est fixée. Le groupe A, auquel elle appartient désormais, semble convenir à de nombreux observateurs. Il faut dire que le tirage aurait pu s'avérer bien plus compliqué. Murat Yakin, sélectionneur de la Nati, a fait part de sa satisfaction d'affronter le voisin allemand à la SRF, une première dans un tournoi majeur, tout en rappelant qu'il n'y avait «pas d'adversaires faibles, mais de grands joueurs au sein des trois équipes».
Xherdan Shaqiri, qui rêvait d'affronter la Nationalmannschaft, afin de disputer un match d'ouverture, est servi. En revanche, ce sont les Ecossais qui lanceront la compétition, dans la capitale bavaroise le 14 juin prochain.
Les médias alémaniques, eux aussi, n'ont pas boudé leur plaisir à l'idée de rencontrer la sélection de Julian Nagelsmann. Le Tages-Anzeiger a titré «Enfin l'Allemagne!», un adversaire qui rend un groupe «pas trop difficile» très excitant. Même son de cloche du côte du Blick, mais qu'en est-il des réactions ailleurs, chez ceux qui s'opposeront à la Nati?
Le premier adversaire de l'équipe de Suisse est relativement confiant, il estime pouvoir se hisser en 8e de finale. Selon, Dénes Dibusz, le portier aux 34 sélections en équipe nationale, il n'y a aucune raison d'être pessimiste.
Le gardien juge que «ce groupe n’est pas aussi relevé qu’il ne l’était lors du dernier Euro» et que l'Allemagne «bénéficiera de l'avantage du terrain». Il sait de quoi il parle, puisque la Hongrie accueillait une partie des matchs de la précédente édition. S'il a un avis bien tranché sur l'Allemagne et l'Ecosse, le portier reste plus partagé sur la question de la Nati: «Quant à la Suisse, cela aurait pu être pire, cela aurait pu être mieux. L'équipe est forte, mais peut-être pas autant que les Italiens.»
Attila Fiola, l'un des cadres de la Hongrie, confirme cet engouement: «Nous pouvons espérer passer un bel été». Il se remémore les deux défaites contre la Nati, une «équipe qui n'a plus à être présentée», lors des éliminatoires du Mondial 2018. Mais rappelle que depuis, la sélection hongroise s'est très nettement améliorée: «Nous préparons notre troisième Euro consécutif, nous avons une équipe unie, forte et de qualité, nous n'avons aucune raison de craindre qui que ce soit».
Deuxième adversaire de la Suisse au prochain Euro, l'Ecosse est la nation la moins expérimentée du groupe A. Interrogé par la SRF, le sélectionneur Steve Clark s'attend à des rencontres difficiles. Il apprécie le fait de pouvoir disputer le match d'ouverture contre l'Allemagne et sait que celui contre la Nati ne sera pas une partie de plaisir. Il évoque néanmoins les progrès de son équipe, constatés depuis quelques années.
Le sélectionneur écossais s'est également exprimé au micro de la BBC, désignant la Hongrie et la Suisse «comme deux bonnes équipes». Il estime toutefois que sa formation sera «compétitive», et qu'il s'agit d'un «bon groupe, équilibré», pouvant laisser à l'Ecosse le droit de rêver.
Les médias locaux mettent l'accent sur le match d'ouverture face à l'Allemagne, et n'ont que peu à dire sur la Suisse. Certes, la Nati est respectée, mais ne règne aucun sentiment de peur. Le Daily Record rappelle d'ailleurs que la Suisse «n'a réussi à enregistrer que deux victoires contre Andorre lors de ses huit dernières rencontres». Et se remémore le dernier succès de l'Ecosse à l'Euro, c'était en 1996, contre les Suisses justement, grâce à une superbe frappe d'Ally McCoist.
Ally McCoist’s magnificent winner for Scotland against Switzerland at Euro 96.
— The Herald (@heraldscotland) December 2, 2023
The sides will meet again next summer at Euro 2024 pic.twitter.com/w0lXNwLIFL
Le sélectionneur Nagelsmann, en poste depuis la mise à l'écart d'Hansi Flick en septembre dernier, parle d'un groupe intéressant, il a surtout évoqué les liens entre l'Allemagne et la Suisse, avec de nombreux helvètes qui évoluent ou ont évolué en Bundesliga.
Au micro de la SRF, Nagelsmann s'est dit heureux de figurer au sein de cette poule - il juge le match contre la Nati comme un «beau duel», précisant que «Murat Yakin est un coach avec des idées créatives».
Les médias allemands décrivent, eux aussi, un groupe satisfaisant, «les choses auraient vraiment pu être pires pour la Nationalmannschaft», selon Eurosport. La ZDF va dans ce sens, «il suffit de demander aux Français, qui auront affaire à l'Autriche et aux Pays-Bas». La deuxième chaîne nationale ajoute que la Suisse vit une situation comparable à celle de l'Allemagne, «l’ambiance est toxique là-bas aussi». Kicker décrit un groupe «fort, expérimenté, qui a du cœur», avec «des Suisses qui ont été l'une des meilleures équipes d'Europe ces dernières années, et ont célébré quelques succès notables».
Bild joue la carte de l'ironie, en déclarant qu'avec un tel groupe, «même l’Allemagne pourrait prendre l’avantage». La crise de résultats n'empêche pas le média, comme d'autres, de regarder vers l'avenir. Les choses pourraient devenir véritablement dangereuses à partir des 8e de finale, avec un éventuel match face à l'Angleterre, l'Italie ou l'Espagne. La Nati est prévenue - elle pourrait elle aussi croiser le chemin de ces grandes nations du football européen, si elle parvient à sortir de ce groupe.