«Tu ne peux pas gagner sans joueuses lesbiennes». C'est une phrase prononcée par la star de l'équipe des Etats-Unis Megan Rapinoe lors de la Coupe du monde 2019. Le constat est également valable pour ce Mondial en Australie et en Nouvelle-Zélande. C'est certain: dimanche, après la finale Angleterre-Espagne, des lesbiennes seront championnes du monde.
Dans ces deux sélections, des joueuses sont ouvertement homosexuelles. Les Anglaises Jordan Nobbs, Jess Carter, Lauren Hemp, Rachel Daly et Beth England sont toutes en couple. Des rumeurs évoquent aussi une relation entre les deux coéquipières Lucy Bronze et Keira Walsh. Côté espagnol, la défenseuse Irene Paredes a un fils avec sa femme Lucia Ybarra. Ivana Andrés sera aussi bientôt maman, sa femme Anabel est enceinte. Alba Redondo, Jennifer Hermoso, Tessa Abelleira et la star Alexia Putellas vivraient aussi des idylles avec des femmes.
Au moins 120 joueuses ouvertement homosexuelles ont participé à cette Coupe du monde 2023. La Canadienne Quinn était, elle, la première personne trans et non-binaire à participer à un Mondial.
Le contraste avec la Coupe du monde masculine de l'hiver dernier au Qatar ne pourrait pas être plus grand. Aucun footballeur ouvertement homosexuel n'y a participé. En février, le Tchèque Jakub Jankto, qui avait pris part à l'Euro 2021, a toutefois fait son coming-out. Lorsqu'il a rejoint Cagliari cet été, son transfert a fait grand bruit en Italie.
Au Qatar, sept nations européennes avaient voulu promouvoir la tolérance en portant le brassard de capitaine «One Love». Mais celui-ci a été interdit par la Fifa. En réaction, les Allemands avaient symboliquement mis leur main devant la bouche lors d'une photo d'équipe. La Suisse voulait aussi jouer avec ce brassard. Il est aussi absent de cette Coupe du monde féminine, mais huit brassards qui soutiennent différentes causes ont été portés en Australie et Nouvelle-Zélande. Parmi eux, il y a celui avec le slogan «Unite for Inclusion» («Unis pour l'inclusion») accompagné d'un motif arc-en-ciel.
Huit ans plus tôt, lors du Mondial 2015, seules 17 joueuses ouvertement homosexuelles étaient présentes. Elles sont désormais sept fois plus nombreuses. Cela s'explique notamment par le fait que plusieurs figures de proue du football féminin s'engagent pour les droits LGBTQIA+, dont Megan Rapinoe.
Cette année, la star australienne Sam Kerr en a été l'ambassadrice la plus en vue. Avec sa copine Kristie Mewis, elles forment l'un des couples les plus célèbres du football mondial. Mewis, elle, joue pour les Etats-Unis. Elle a fait une courte apparition en 8e de finale contre la Suède.
Les deux conjointes affichent leur amour pour aider d'autres personnes, comme l'explique Sam Kerr:
Plusieurs joueuses de l'équipe suisse sont également ouvertement lesbiennes. Parmi elles, Ramona Bachmann. L'attaquante partage des contenus de sa vie amoureuse sur les réseaux sociaux. Peu avant la Coupe du monde, elle s'est mariée avec la danseuse Charlotte Baret. Auparavant, sa vie amoureuse était aussi exposée au public parce qu'elle était en couple avec sa coéquipière de la Nati Alisha Lehmann. Avant l'Euro 2022, Ramona Bachmann déclarait à CH Media, le groupe auquel appartient watson:
Malgré tout, même dans le football féminin, toutes les joueuses n'assument pas encore leur sexualité. La journaliste Manuela Kay, qui écrit pour les magazines queer L-Mag et Siegessäule, a déclaré à la Sonntagszeitung que 50 à 80% des footballeuses étaient lesbiennes. «Les domaines masculins ont toujours été intéressants pour les lesbiennes, car on sort du cliché du rôle de la femme.»
Même s'il reste encore une marge de progression, la Coupe du monde féminine 2023 est un pas de plus vers une société davantage tolérante. Le football masculin peut s'inspirer de cette ouverture d'esprit.