Si Luis Enrique exige des joueurs du Paris Saint-Germain la même condition physique que la sienne, ceux-ci devraient réussir à tenir les 90 minutes sans problème.
Oui, l'Espagnol est un fada de sports d'endurance, qu'il a commencé à pratiquer à peine sa carrière de footballeur terminée en 2004. Course à pied, cyclisme, triathlon: rien n'effraie le natif de Gijon.
Son premier objectif? Courir un marathon en dessous des trois heures (14 km/h de moyenne). Il l'a atteint en 2007 à Florence. Depuis, l'ancien sélectionneur de l'Espagne a notamment participé à l'Ironman de Francfort et au terrible Marathon des Sables (2008), une épreuve où les participants gobent 250 km en six jours, le tout en plein désert du Sahara. Tout sauf un hasard, donc, si Luis Enrique affiche une silhouette des plus «fit».
Le nouveau coach du PSG n'est de loin pas le seul technicien à entretenir sa forme et son summer body. Sur les bancs de la nouvelle génération, les seuls bidons sont ceux en plastique remplis de boissons isotoniques. En même temps que les ordinateurs portables et les tablettes y sont apparus, les bedaines ont disparu. Des exemples? Le longiligne Thomas Tuchel (49 ans, Bayern Munich), dont le pourcentage de masse graisseuse est, à vu d'œil, à peine plus élevé que le nombre de victoires du FC Sion la saison dernière à Tourbillon (2).
Et en Valais justement, si les trois techniciens utilisés par Christian Constantin lors du dernier exercice ont échoué à maintenir l'équipe en Super League, ils ont par contre réussi avec leur poids de forme. Paolo Tramezzani (52 ans), Fabio Celestini (47) et David Bettoni (51) ont tous gardé une apparence sportive, qui n'a pas grand-chose à envier à celle de leurs joueurs. Leur successeur, Didier Tholot, n'arbore lui non plus aucun kilo superflu.
Dans le foot suisse, on peut encore citer Raphael Wicky (YB), Alex Frei (Aarau), Bruno Berner (GC), Peter Zeidler (Saint-Gall) ou encore Anthony Braizat (Stade Lausanne Ouchy). A l'international, Julian Nagelsmann (ex-Bayern) et Antonio Conte (ex-Tottenham), entre autres, sont aussi à classer dans cette catégorie.
Si ces coachs parviennent à garder une silhouette svelte, c'est d'abord, logiquement, parce qu'ils sont issus d'un milieu qui favorise la minceur. Biberonnés au sport depuis leur enfance, nombreux sont ceux qui n'arrivent (ou ne veulent) pas s'en passer, même après avoir raccroché les crampons. Et on les comprend: quiconque a déjà pratiqué un peu de sport peut se rendre compte des bienfaits pour la santé (physique et mentale).
Or, quand on fait un job aussi stressant et exposé qu'entraîneur de foot, mieux vaut se sentir bien dans ses baskets. «J’ai besoin d’être en phase avec moi-même: faire attention à ce que je mange, comment je dors, le sport que je pratique et mes activités dans mon temps libre. Je m’estime équilibré, en bonne santé, c’est ainsi beaucoup plus facile pour moi, avec mon tempérament assez impulsif et très exigeant, de pouvoir garder un équilibre», nous confiait David Bettoni en mai, quand il était encore l'entraîneur du FC Sion.
Elie Baup, ex-Bordeaux et Marseille, entre autres, ne niera pas la nécessité pour un entraîneur d'être capable de résister au stress: des électrodes posées sur lui en plein match affichaient jusqu'à 160 pulsations cardiaques par minute!
Et le sport de haut niveau, c'est aussi, forcément, l'esprit de compétition. Difficile de le perdre quand il a été exacerbé pendant si longtemps, comme c'est le cas chez les entraîneurs (notamment quand ils étaient joueurs). «Il n’avait pas perdu son esprit de sportif», expliquait à propos de Luis Enrique son coach physique personnel, l'ancien cycliste Victor Gonzalo.
Mais être fit n'est pas qu'une question de bien-être pour les entraîneurs. Derrière la silhouette se cachent aussi des enjeux d'image. A commencer par celle dégagée auprès des joueurs. «Je me suis toujours dit que je devais être exemplaire devant mes joueurs. Je suis aussi un athlète, je dois dégager de l’énergie. Je dois pouvoir faire des choses avec eux sur le terrain», (s') affirmait David Bettoni. En Valais, le Français avait l'habitude de faire du sport trois par semaine en dehors des entraînements, par exemple des sorties à VTT.
L'ancien adjoint de Zinédine Zidane au Real Madrid (2016-2021) pointe ainsi un autre aspect du métier d'entraîneur, où là encore l'apparence est primordiale: le rôle d'ambassadeur. Avec des caméras sans cesse braquées sur eux et des images désormais partagées en un clic à la planète entière, les entraîneurs de foot sont ultra-exposés médiatiquement. C'est d'autant plus vrai dans les grands clubs, ceux qui jouent la Ligue des champions (comme le PSG, le Bayern, le Real ou Tottenham).
A Sion, David Bettoni était le seul coach de Super League à arborer un costard-cravate pendant les matchs. «En tant qu'entraîneur, on représente le club. Je veux donner un image d'élégance, de responsabilité.»
Un soin particulier du look qui n'est sans doute pas étranger à son passage au Real Madrid. A en croire le quotidien sportif AS, les dirigeants du prestigieux club espagnol sont particulièrement pointilleux sur l'apparence de leurs techniciens, à tel point qu'ils ont demandé à Rafael Benitez, lors de son arrivée en été 2015, de se mettre au régime pour perdre son embonpoint.
Quand il officiait en Angleterre, le coach ibère avait d'ailleurs été la cible de fans adverses qui évoquaient en parlant de lui, dans un chant teinté de racisme, de mépris de classe et de grossophobie, un «fat Spanish waiter» (en français: serveur espagnol gras).
Morale de l'histoire: si vous souhaitez éviter la bêtise de certains supporters britanniques ou rêvez d'entraîner le Real Madrid, commencez à manger cinq fruits et légumes par jour!