Sport
Football

Urs Fischer, ce coach suisse au sommet de la Bundesliga

01.08.2022, Sachsen, Chemnitz: Fußball: DFB-Pokal, Chemnitzer FC - 1. FC Union Berlin, 1. Runde, Stadion an der Gellertstraße. Union Trainer Urs Fischer steht vor Anpfiff im Stadion. Foto: Hendrik Sch ...
Urs Fischer, en poste depuis 2018, est leader de Bundesliga avec Union Berlin.Image: keystone

Urs Fischer, ce coach qui cartonne et offre des frites aux joueurs

Le Zurichois et son équipe d'Union Berlin sont en tête de la Bundesliga. Un immense exploit, possible grâce aux valeurs d'un entraîneur aussi humble qu'admiré et dont le contrat vient d'être prolongé. Portrait.
08.10.2022, 08:4608.10.2022, 15:54
Suivez-moi
Plus de «Sport»

Le FC Zurich vient de battre Lausanne aux tirs au but en finale de la Coupe de Suisse, ce 28 mai 2000. Comme le veut la tradition, les footballeurs zurichois sont montés dans la tribune principale de l'ancien Wankdorf pour recevoir le trophée. Alors que c'est normalement à lui de le soulever, le capitaine Urs Fischer laisse cet honneur au président du club, Sven Hotz.

La scène n'a rien d'anecdotique. Elle démontre la personnalité de l'actuel entraîneur d'Union Berlin. Son altruisme et son humilité sont unanimement reconnus et appréciés. Ces valeurs ne l'ont jamais quitté, et ce sont elles qui, 22 ans plus tard, expliquent en bonne partie le succès d'Urs Fischer et de son équipe, leaders inattendus de Bundesliga.

La promotion d'Union Berlin en Bundesliga en 2019, fêtée comme il se doit.
La promotion d'Union Berlin en Bundesliga en 2019, fêtée comme il se doit. image: instagram

Quand il a fêté la promotion dans l'élite avec le club berlinois, il n'a pas oublié, fidèle à lui-même, de remercier toutes les personnes de l'ombre qui contribuent au succès, «de la blanchisseuse au service marketing.» «De la star du vestiaire au réserviste en passant par l’intendant, il avait le même respect pour tout le monde», appuie Germano Vailati, qui a eu Fischer comme entraîneur au FC Bâle.

«Il avait de la considération pour chacun. Sur cet aspect, il me fait penser à Roger Federer, avenant et disponible avec tout le monde»
Germano Vailati, ancien gardien du FC Bâle

Urs pêcheur, Jürgen Klopp et des schnitzels

L'ancien gardien, désormais entraîneur des portiers juniors du club rhénan, a noué une relation étroite avec Urs Fischer quand ils étaient collègues. Ils passaient du temps ensemble hors du terrain autour d'une passion commune: la pêche. «On est allé quelques fois dans le Jura ou au bord d'une rivière proche du Parc Saint-Jacques», rembobine Vailati, qui préférait récupérer des poissons plutôt que des ballons dans ses filets. «L'entraîneur-assistant, Markus Hoffmann (réd: qui occupe le même poste à Union Berlin) venait aussi parfois avec nous. Mais on ne parlait jamais de foot, pas un seul mot. La pêche, c'était une activité pour nous vider la tête.»

Jamy Gourmaud Urs Fischer, pratiquant l'un de ses hobbies.
Jamy Gourmaud Urs Fischer, pratiquant l'un de ses hobbies. image: instagram

Germano Vailati et Urs Fischer n'ont plus le temps d'aller pêcher ensemble, mais sont restés en contact. «On s'écrit de temps en temps sur WhatsApp», précise l'ex-Sédunois, qui décrit son ancien collègue comme «un super type».

Un type qui n'a pas besoin de flatter et de caresser dans le sens du poil pour être apprécié. Non, Urs Fischer est réputé pour sa franchise et son honnêteté. Il sait s'affirmer quand il n'est pas satisfait. «Malgré notre proximité en dehors du foot, je ramassais comme tout le monde dans le vestiaire quand ça n’allait pas», rejoue Germano Vailati. Mais le Zurichois sait mettre les formes. Contrairement à bon nombre de ses collègues, il n'est pas du genre gueulard. Ni sur la touche, ni dans le vestiaire. Un trait de caractère totalement assumé. «En tant que joueur, j'avais des entraîneurs qui étaient très impulsifs et parlaient beaucoup», expliquait-il en janvier 2021 dans la NZZ.

«Je n'ai jamais aimé ça. J'ai emporté cette expérience avec moi. En tant qu'entraîneur, je veux donner à l'équipe un certain calme, même lorsque les choses sont agitées»
Urs Fischer

Un objectif atteint. La preuve? Même pendant le bouillant match retour du barrage contre Stuttgart qui a offert la promotion à Union Berlin en mai 2019, Fischer semblait imperturbable. «Il se tenait la plupart du temps à l'écart, les bras croisés, apparemment calme», décrivait la NZZ. «Avec une casquette, des lunettes, une veste à capuche et une barbe de trois jours, il ressemblait à la version suisse anesthésiée de l'entraîneur de Liverpool Jürgen Klopp.»

12.03.2022, Berlin: Fu�ball: Bundesliga, 1. FC Union Berlin - VfB Stuttgart, 26. Spieltag, Stadion An der Alten F�rsterei. Trainer Urs Fischer von Union Berlin wechselt Andras Sch�fer (r) ein. Foto: A ...
«Alles klar?» Image: keystone

Flegmatique, il sait également se montrer psychologue après une lourde défaite. Dans son livre sur les coulisses d'Union Berlin Wir weden ewig leben (Nous vivrons éternellement), le journaliste Christoph Biermann raconte un épisode où Fischer a invité toute l'équipe à un bowling avec frites et schnitzels après une claque, histoire d'évacuer la frustration tous ensemble.

Un DJ, des ouvriers et des chapeaux rouges

A Zurich aussi, on se souvient des qualités humaines du technicien de 56 ans. «Je l'ai revu en avril dernier lors de la finale de Coupe femmes entre Zurich et GC, on a tapé la discussion. Il m'a reconnu après des années, même si j'ai aujourd'hui plus de poils de barbe que de cheveux», rigole Jérôme Thiesson. L'ex-pro, 35 ans, a évolué sous les ordres de Fischer avec les M21 du FCZ en 2006, quand il était encore imberbe et arborait une longue tignasse.

FCZ Coach Bernard Challandes, left, and his assistant Urs Fischer pose, prior to a charity soccer game between FC Zuerich and Bayer 04 Leverkusen, in Zurich, Switzerland, Saturday, July 14, 2007. The  ...
Urs Fischer a été l'assistant de Bernard Challandes au FC Zurich lors de la saison 2007-2008.Image: KEYSTONE

Comme Germano Vailati, il fait l'éloge d'un «grand monsieur» quand il parle de son ancien entraîneur. C'est grâce à ce dernier que l'ex-latéral de Zurich, Bellinzone et Aarau, entre autres, a compris ce que le professionnalisme signifie dans le football. Cette révélation a eu lieu à un moment précis. «On était en pleine analyse vidéo», se rappelle Thiesson.

«Urs Fischer a pointé à l'écran un attaquant sur le point de penalty. Dans la salle, il lui a dit calmement: "Qu'est-ce que tu fais ici? Je t'ai demandé plusieurs fois d'attendre toujours les centres au premier ou au deuxième poteau". Le joueur en question était le DJ de l'équipe, celui qui mettait la musique dans le vestiaire. Alors Fischer a enchaîné: "Je ne comprends pas que tu ne saisisses pas ma consigne, alors que tu es capable de retenir autant de noms de chansons et d'artistes". Cette comparaison m'a marquée. J'ai saisi que le foot pro était une question de détails.»
Jérôme Thiesson, ex-footballeur pro

Dans la capitale allemande, Urs Fischer a trouvé un club à son image: simple, travailleur, solidaire, sans starlettes ni paillettes. «Union Berlin vit des valeurs qui correspondent aux miennes», a résumé le Suisse. Elles ont leur ancrage dans le passé de ce club atypique souvent catalogué à gauche politiquement, soutenu par les ouvriers de l'ancienne Berlin-Est.

Et si Fischer se reconnaît dans Union Berlin, c'est réciproque pour les fans du leader de Bundesliga. A tel point que, pour rendre hommage à leur coach, non sans humour, nombreux d'entre eux portent régulièrement un chapeau rouge de pêcheur dans les tribunes.

Urs Fischer est très apprécié des fans d'Union Berlin, qui lui rendent ici hommage avec un tifo.
Urs Fischer est très apprécié des fans d'Union Berlin, qui lui rendent ici hommage avec un tifo. image: keystone

Contrairement à ceux du FC Bâle, les supporters berlinois ne reprochent pas à Fischer ses origines zurichoises (tout au plus, ils rigolent de son accent suisse-allemand) ni le manque de panache dans le jeu qu'il prône et fait appliquer. Arrivé à échéance en 2017, son contrat n'avait pas été prolongé sur les bords du Rhin, alors qu'il avait gagné deux titres de champion consécutifs et même réalisé le doublé coupe-championnat lors de sa seconde saison. Sa relative frilosité offensive n'avait pas plu à certains experts ni aux nouveaux dirigeants.

S'il s'était dit déçu par cette fin de la collaboration, Urs Fischer n'est aujourd'hui certainement plus affecté par ces critiques, lui qui joue désormais les premiers rôles en Bundesliga, un championnat plus prestigieux et attrayant que la Super League suisse. D'autant que le Zurichois n'est pas homme à renoncer à ses principes: «C’est la base pour gagner des matchs», expliquait-il dans La liberté en 2018 à propos de la stabilité défensive. «Pour développer des actions offensives, cela passe d’abord par une bonne organisation et ensuite par de la créativité.»

«Aussi bon que Guardiola et Mourinho»

Comme l'ouvrier, berlinois ou d'ailleurs, Fischer est avant tout pragmatique. L'efficacité avant l'art. Plutôt sardine que caviar. Et ses joueurs ont mordu à l'hameçon. «C'est notre architecte, dans le jeu sans ballon il est aussi bon que Guardiola ou Mourinho», adulait l'ancien gardien d'Union Berlin, Rafael Gikiewicz. «Tout le monde sait quoi faire et nous ne sommes jamais surpris sur le terrain. Cette équipe n'est rien sans lui.»

Urs Fischer, vom FCZ, beim Fussballspiel FC Zuerich - St. Gallen in Zuerich am Samstag, 29. Juli 2000. (KEYSTONE/Walter Bieri) === ELECTRONIC IMAGE ===
Avant d'être entraîneur, Urs Fischer a été le capitaine emblématique du FC Zurich, au poste d'arrière central. Image: KEYSTONE

Mais ne vous y trompez pas: malgré ses talents de stratège et son calme, Urs Fischer n'a rien d'un froid tacticien. Il a une rage de gagner hors norme, qu'il insuffle à ses protégés. Jérôme Thiesson en sait quelque chose. «On s'entraînait avec les M21 du FC Zurich et il avait invité son ancien coéquipier Artur Petrosyan, déjà âgé, à se joindre à nous pour se maintenir en forme dans l'optique de retrouver un club», rembobine-t-il.

«C'était une session en hiver, sur un petit terrain synthétique. Fischer jouait avec une équipe, et Petrosyan dans une autre. Les deux voulaient absolument gagner, ils poussaient à fond leurs jeunes coéquipiers. Je n'ai jamais connu un match d'entraînement aussi intensif. Je crois qu'on a dû le stopper uniquement parce que l'éclairage s'est éteint automatiquement. Un truc de fou!»
Jérôme Thiesson

Alors oui, leur peau, Urs Fischer et ses joueurs la vendront très cher. Le Bayern – qui vise un onzième sacre consécutif – et les autres grosses cylindrées d'Allemagne sont prévenus.

Les photos les plus WTF sur le compte Instagram de Federer
1 / 17
Les photos les plus WTF sur le compte Instagram de Federer
source: instagram @rogerfederer
partager sur Facebookpartager sur X
Copin comme cochon: le Burning Man
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Le meilleur cycliste suisse agite le marché des transferts
En fin de contrat, Marc Hirschi est sur les petits papiers de plusieurs équipes (dont deux suisses) avant La Flèche Wallonne ce mercredi, dont il sera l'un des grands favoris.

Marc Hirschi est en très grande forme. Il l'a encore prouvé lors de l'Amstel Gold Race dimanche dernier, en attaquant à plusieurs reprises avant d'échouer à la 2e place, seulement battu par Tom Pidcock dans l'emballage final. Le coureur d'Ittingen a une nouvelle fois montré ce dont il était capable quand son équipe l'autorisait à être à l'avant d'une course. Il doit en effet trop souvent se contenter d'un rôle de lieutenant au service de la star de son équipe UAE Emirates: Tadej Pogacar.

L’article