Il y avait 4500 personnes au Stade municipal, soit 3000 de plus que d'habitude (nouveau record de la saison). Avec une grande nervosité, mais avec aussi avec un certain courage, Yverdon Sport a décroché contre Aarau le petit point qui manquait à son bonheur (1-1). C'est officiel: «l'autre club vaudois» est de retour en Super League.
L'arbitre a sifflé le début de la récré à la 95e minute. Dès cet instant, la foule a envahi le terrain pour ne plus le quitter jusque tard dans la nuit. Chants, danses, selfies et embrassades ont unis équipe et supporters dans un chahut superbe, sans cordon de sécurité ni barrière sociale. Cette vidéo prise par notre confrère du Temps Lionel Pittet montre que le président Mario Di Pietrantonio n'était pas le dernier à entretenir la liesse:
Yverdon retrouve la Super League au moment où il s'y attendait le moins, un peu comme en amour. C'est un exploit pour un club qui vivotait en quatrième division il y a encore six ans et qui découvrait la Promotion League il y a à peine deux ans. Conscients de cette puissance surhumaine, les supporters des Verts ont rendu hommage à leur président avec un tifo représentant la marmite de Panoramix, enveloppée de quelques fumigènes verts et blancs.
Mario Di Pietrantonio est arrivé en février 2014 pour «dépanner», tandis que le club était au bord du dépôt de bilan. Au début de cette saison, le président entrepreneur n'avait pas caché une certaine usure et même une vente imminente qui, pour des raisons diverses, n'a pas eu lieu. Aux côtés de son directeur général Marco Degennaro (ex FC Sion), le président a construit un club parfaitement dimensionné, doué d'une grande intuition sur le marché des transferts.
On dit souvent que cette équipe est composée de «revanchards», à sa tête comme à ses pieds. Revanchard comme le capitaine Anthony Sauthier, éconduit de Servette en janvier 2022. Revanchard comme l’attaquant français Brian Beyer, 26 ans, ancien chauffeur-livreur enfin reconnu dans ses compétences de footballeur. Revanchard comme Marco Schällibaum, 61 ans, l'éternel entraîneur des situations compliquées.
Dans Blick, Marco Schällibaum dit qu'«Yverdon n'est pas St Tropez» mais qu'il amènera «un petit charme provincial à cette ligue». Peu lui importe que ce charme n'opère pas sur certaines instances du football suisse: «Cela ne m'atteint pas.»
Le jour s'est levé, mais la récré n'est pas terminée. Ce mercredi soir, Yverdon organise une réception à l’Hôtel de ville et promet un éclairage aux couleurs du club dans les rues du centre.