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Football: de la 7e ligue à l'élite, la folle épopée du FC Tyrol du Sud

Le stade champêtre du FC Südtirol.
Le stade champêtre du FC Südtirol.

De la 7e ligue aux portes de la Serie A, l'épopée du FC Tyrol du Sud

Le FC Südtirol dispute ce vendredi soir les playoffs de promotion en Série A, l'élite du football italien. Ce club encore jeune franchit les frontières linguistiques dans un contexte tendu.
02.06.2023, 19:10
Gabriel Vilares
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Le Tyrol du Sud. Il y a les Dolomites et les vignobles. Un endroit rêvé pour les vacanciers en quête de bien-être et les gourmets. Ce sont sans doute les pensées les plus évidentes qui nous viennent à l'esprit lorsque nous pensons à la province la plus au nord de l'Italie. Mais ces jours-ci, c'est le football qui est à l'honneur. Le FC Südtirol bouscule le Calcio et rêve de Serie A.

«Nous sommes en train d'écrire un conte de fées», reconnaît l'entraîneur Pierpaolo Bisoli au moment du sprint final. La promotion en Serie B avait déjà été décrite comme telle. L'été dernier, le club, qui n'a que 28 ans d'existence, avait atteint la deuxième plus haute division italienne.

Un tel succès en si peu de temps? Ceux qui pensent qu'un puissant bailleur de fonds en est à l'origine se trompent. La majeure partie des recettes est générée par des sponsors locaux. Sur le site internet du club, 204 partenaires sont mentionnés et honorés par un «Vergelt’s Gott» («merci, mon Dieu») tiré du jargon local. Du fabricant de cabines de douche (sponsor principal) au garagiste, en passant par le boulanger, on trouve de tout. Ce type de modèle économique correspond plutôt à la Bundesliga.

Tensions ethniques

La Gazzetta dello Sport, le journal sportif au plus gros tirage en Italie, a consacré une page entière au «Modello Südtirol» (qui s'écrit même avec un ü). Sa conclusion: le club s'est équipé structurellement au lieu d'investir des millions dans des transferts de joueurs. Il a misé sur de jeunes talents en devenir au lieu de s'engager dans des opérations de prêt. Le budget total est estimé entre 10 et 12 millions d'euros. Le FC Tyrol du Sud se situe ainsi dans la moyenne inférieure des clubs de Serie B.

Le club veut également laisser une trace en dehors du terrain. Il se considère comme un «ambassadeur» et un «modèle d'intégration» pour les trois communautés linguistiques qui vivent dans la province autonome, rattachée à l'Italie depuis 1919. Pour 62% de la population, l'allemand est la langue maternelle. Les italophones sont minoritaires avec 23%.

Le FC Tyrol du Sud est au coeur des tensions ethniques. Les responsables du club l'ont bien senti lorsque l'Alto Adige, le Tyrol du Sud en italien, a été remplacé par «Bolzano – Bozen» sur les armoiries du club, afin de mieux le commercialiser. Un groupe d'ultras a rédigé une prise de position en début de saison, précisant qu'il ne pouvait pas s'identifier au nom de Tyrol du Sud. En guise de protestation, une banderole portant l'inscription «Avanti Alto» est installée lors des matchs à domicile.

Le capitaine du SFC Fabian Tait (avec le ballon) est l'un des deux natifs du Tyrol du Sud.
Le capitaine du SFC Fabian Tait (avec le ballon) est l'un des deux natifs du Tyrol du Sud.

Le FC Tyrol du Sud se tient à l'écart des débats politiques, soulignant toujours l'élément fédérateur. Ainsi, au Drusus-Stadion de Bolzano, la capitale de la province, deux speakers parlent en duo: l'un fait les annonces en allemand, l'autre en italien.

A trois matches d'une promotion en Serie A

En revanche, les acteurs sur le terrain s'expriment en italien. Le capitaine Fabian Tait et le défenseur Simone Davi sont les deux seuls natifs du Tyrol du Sud. Le point fort de l'équipe, qui n'a pas de vedettes, réside dans la défense. Seuls les promus directs de Frosinone et du Genoa ont encaissé moins de buts.

Les Tyroliens du Sud ont terminé leur première saison en deuxième division à la sixième place, et peuvent continuer à rêver d'une montée en Serie A. En effet, le troisième élu est désigné par les playoffs de promotion (rangs 3 à 8). Les Tyroliens ont déjà franchi un tour.

Lors du match aller de la demi-finale dans le Drusus-Stadion fraîchement rénové, les travées ont fait le plein (5500 spectateurs) le lundi de Pentecôte. Dans la plus petite enceinte de la ligue, les tifosi ont fêté une victoire 1-0 contre Bari (avec l'ancien attaquant du FC Bâle Sebastiano Esposito) grâce à un but à la 92e minute. Ce vendredi soir, le match retour aura lieu dans le troisième plus grand stade du pays, San Nicola, d'une capacité de plus de 58 000 places. «Nous ne serons pas béats d'admiration», prévient l'entraîneur Bisoli. Un match nul suffirait à atteindre la finale. Parme, avec son légendaire gardien Gigi Buffon et le jeune Suisse Simon Sohm, ou Cagliari, seraient le futur adversaire du FC Südtirol. Les vacanciers en quête de bien-être et les gourmets devraient bientôt avoir d'autres distractions.

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