Il est toujours difficile de percevoir quand Urs Fischer est en colère. Le technicien suisse n'est pas du genre à crier ou à s'en prendre à un joueur. Il lui arrive parfois de dire qu'il est énervé, mais cela ne va jamais beaucoup plus loin, pas comme les pétages de plomb d'un certain Giovanni Trapattoni.
Alors quand Urs Fischer a reçu un carton rouge pour contestation, mercredi dernier en Coupe d'Allemagne après la défaite de l'Union Berlin face à Stuttgart, on se dit que l'entraîneur a perdu son calme légendaire, et que la crise que traverse le club berlinois en est évidemment la raison. Après tout, cette onzième défaite consécutive, toutes compétitions confondues, avait de quoi le faire vaciller.
Aujourd'hui, personne n'est vraiment en mesure de juger si la place d'Urs Fischer est menacée. Oliver Ruhnert, directeur sportif de l'Union Berlin, continue de croire en l'ancien coach du FC Bâle. Après la défaite fin octobre contre le Werder, il déclarait vouloir «faire avancer les choses dans la bonne direction, ensemble», c'est dire la confiance.
Le président Dirk Zingler a également apporté son soutien à Urs Fischer, la semaine dernière, avant le match de championnat contre l'Eintracht.
Pour l'heure, le Suisse est maintenu à la tête de l'équipe, mais jusqu'à quand? Nous sommes nombreux à nous demander combien de défaites il peut encore se permettre, y compris Jan Glinker, véritable légende du club, ayant disputé 13 saisons sous le maillot de l'Union.
Selon lui, l'air commence à se raréfier pour le technicien suisse. Vendredi, il confiait à Sport 1 «qu'en cas de nouvelle défaite contre l'Eintracht, la situation pourrait devenir tendue pour Fischer».
Samedi, la mauvaise série de l'Union Berlin s'est poursuivie. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la manière n'y était pas. L'équipe s'est inclinée 3-0 à domicile contre l'Eintracht, mais surtout, les joueurs étaient déjà menés de deux buts après le quart d'heure de jeu.
«Nous n'étions pas prêts, et puis vous êtes largement menés», à juger Urs Fischer après le coup de sifflet final. Avant d'ajouter: «Après ça, l'équipe a tout essayé et a eu l'occasion de revenir à plusieurs reprises. Mais nous ne sommes pas récompensés, nos erreurs se répètent». Car oui, malgré ce mauvais départ, l'Union a joué, souvent même dominé. Mais ce n'est malheureusement pas toujours cela qui rapporte des points.
Si Urs Fischer est toujours en poste, c'est parce qu'il a énormément apporté à l'Union. Il y est depuis cinq ans maintenant, et a conduit l'équipe de la deuxième division à la Ligue des Champions. Le club est indissociable de Fischer, si bien qu'à l'heure actuelle, il n'est pas vraiment possible de concevoir un autre visage sur le banc unioniste.
Néanmoins, pour Jan Glinker, les dirigeants de l'Union seront bientôt à court d'arguments: «A un moment donné, il faut se séparer de l'entraîneur. Je m'attendais à ce qu'il se passe quelque chose après le match de coupe. Même si je n'aurais pas aimé ça, bien sûr.»
Et si changement il devait y avoir, l'ancienne gloire du club n'imagine qu'un nom pour succéder à Fischer: Steffen Baumgart. «Il serait la solution parfaite», se dit l'ancien portier. Après tout, l'homme connait le club, il y a joué deux saisons.
Steffen Baumgart entraîne actuellement le FC Cologne. Un autre club de Bundesliga en crise, puisqu'il est lanterne rouge, un point derrière l'Union. L'homme est sur la sellette, il pourrait prochainement se chercher un nouvel employeur. Reste toutefois à savoir s'il est judicieux de faire appel à un entraîneur déjà en difficulté ailleurs, plutôt que de conserver quelque temps encore celui qui a longtemps fait les beaux jours de l'Union, pour qu'il se refasse.
Adaptation en français: Romuald Cachod.