Après plus de 20 ans, Côme est de retour en Serie A. Vendredi, le club de la ville frontalière avec la Suisse a assuré sa promotion en sortant victorieux d'un duel à distance haletant avec Venise.
A la mi-temps de cette dernière journée, les Lombards étaient menés 1-0 à domicile contre Cosenza, pendant que les Vénitiens avaient l'avantage à La Spezia. Mais ceux-ci se sont ensuite effondrés (1-2) et, à Côme, Simone Verdi, ancien jeune talent de l'AC Milan, a égalisé. Conséquence? Les Comaschi ont pu garder leur deuxième place derrière Parme, avec qui ils sont directement promus en Serie A.
C'est la troisième promotion des Lombards durant ces cinq dernières années. Et autant dire qu'ils sont revenus de nulle part. De la Serie D, précisément, championnat amateur de quatrième division. Là où tout a recommencé il y a huit ans, après la faillite du club. Et 21 ans après avoir quitté l'élite, il retrouvera donc le sommet cet été. Mais comment une telle renaissance a-t-elle été possible?
La réponse se trouve en partie dans – ô surprise! – l'argent. Le Como 1907, nom officiel, appartient aux frères Hartono. Ces deux Indonésiens ont fait fortune avec leur groupe de tabac Djarum, spécialisé dans la fabrication de cigarettes au clou de girofle. Et c'est peu dire qu'ils sont très riches: Robert Budi Hartono (83 ans) et Michael Hartono (84 ans) occupent respectivement la 71e et la 76e place dans le dernier classement Forbes des personnes les plus fortunées du monde. Si l'on additionnait leurs fortunes déclarées, ils occuperaient le 26e rang de ce même classement, avec 52 milliards de dollars.
Les frères Hartono n'ont toutefois pas dépensé des sommes folles pour Côme. Mais avec un recrutement pour 10 millions d'euros et une valeur d'effectif d'environ 40 millions d'euros, le club jouxtant le Tessin a fait partie des poids lourds de Serie B cette saison.
Néanmoins, l'argent ne suffit pas à expliquer le succès. Le néo-promu s'est développé grâce à ses experts compétents. Son directeur général est l'ancien international anglais et milieu de Chelsea Dennis Wise. L'icône française Thierry Henry fait partie des actionnaires tandis que Cesc Fabregas, champion du monde et d'Europe avec l'Espagne et ex-star d'Arsenal, Chelsea et Barcelone, est au centre du pouvoir sportif.
Avec l'engagement du Catalan – comme joueur – en été 2022, Côme a souligné pour la première fois ses ambitions. L'automne dernier, l'ancien milieu (37 ans) a mis un terme à sa carrière et a rapidement rejoint le staff des entraîneurs. Officiellement, c'est le Gallois Osian Roberts qui est le coach principal, mais c'est bel et bien Fabregas – qui n'a pas encore sa licence UEFA-Pro – qui tire les ficelles.
L'effectif comprend des joueurs comme Simone Verdi (31 ans), l'heureux buteur de la promotion, Patrick Cutrone (26) ou Daniele Baselli (32), qui ont tous joué plus de 100 matchs de Serie A et comptent également des capes en sélection italienne. Il y a aussi deux noms bien connus du championnat suisse: Jean-Pierre Nsame et Samuel Ballet, qui ont quitté respectivement YB et Winterthour en janvier.
Leur contribution à la montée en Serie A a toutefois été minime. Ballet n'a fait que trois apparitions partielles et Nsame n'a été titulaire qu'une seule fois. Ce manque de temps de jeu s'explique: ils sont arrivés en cours de saison, dans une équipe qui fonctionne bien. Tous deux peuvent espérer jouer davantage lors du prochain exercice.
Dans l'élite, le Como 1907 ne veut pas se contenter de la lutte contre la relégation. Son objectif? Une place en milieu de tableau, avec la perspective de s'installer durablement en Serie A. Le club en a les moyens financiers. Mais il ne veut pas seulement vivre du porte-monnaie des frères Hartono, il veut aussi gagner beaucoup d'argent.
Dans le secteur du tourisme, la ville et la région sont des marques mondialement connues. Et le néo-promu compte bien en profiter. «Nous avons le potentiel de faire passer la valeur du club à un milliard de dollars. Dans le merchandising, nous avons quadruplé le chiffre d'affaires en quelques années pour atteindre quatre millions par saison. Vingt millions de dollars, c'est possible», s'est réjoui dans une interview à La Gazzetta dello Sport Mirwan Suwarso, l'homme fort des frères Hartono dans la région.
Il a également révélé un projet des plus ambitieux:
Un parc comme Disney? Affaire à suivre... Au moins, sur le plan sportif, les cinq dernières années à Côme ont déjà ressemblé à un conte de fées.
Adaptation en français: Yoann Graber