Alors qu'elle était en train de concasser ses adversaires du Tour de France féminin, samedi après-midi dans le col de la Madeleine, Pauline Ferrand-Prévot a peut-être eu une pensée pour le long chemin qu'elle avait parcouru ces onze derniers mois. Le commentateur de France TV s'en est en tout cas souvenu. «Le premier jour du retour de Pauline, c'était aux Mondiaux de Zurich», a justement rappelé Nicolas Geay à l'antenne.
C'est dans notre pays, lors des Championnats du monde de cyclisme au mois de septembre 2024, que Pauline Ferrand-Prévot a donné les premiers coups de pédale qui devaient l'emmener vers son sacre sur la Grande Boucle.
La championne olympique de VTT 2024 avait décidé de participer aux Mondiaux pour savoir où elle se situait dans la hiérarchie. Elle n'avait plus disputé la moindre épreuve internationale sur route depuis six ans et la discipline avait forcément changé, d'autres filles étaient apparues et le niveau avait grandi. «PFP» serait-elle encore capable de rivaliser, elle qui avait réalisé ses meilleurs résultats sur route il y a bien longtemps (Flèche wallonne, titre mondial et 2e du Giro en 2014)?
A Zurich, la Française déclarait vouloir «prendre (s)es marques en vue de la saison prochaine» et « voir ce que je dois travailler cet hiver» pour remporter le Tour de France dans les trois prochaines années, son objectif avoué.
Pauline Ferrand-Prévot avait pris l'initiative d'appeler le sélectionneur français Paul Brousse pour obtenir sa sélection. Elle aurait compris que ce dernier lui dise non, elle s'y attendait même. «Je lui ai demandé sérieusement mais j'étais quand même sûre qu'il allait me dire non, ce que j'aurais compris.» Mais le coach a accepté.
Ferrand-Prévot n'avait pas obtenu de rôle de leader au sein de la délégation française. Elle était là pour jouer la carte du collectif, pour «aider les filles», comme elle disait, dans une équipe de France au talent exceptionnel, avec des coureuses comme Juliette Labous, Evita Muzic ou encore Cédrine Kerbaol.
Bien sûr, «PFP» souhaitait figurer elle aussi parmi les meilleures, mais elle n'avait pas de statut protégé. C'était encore trop tôt, et le scénario qui allait se dessiner sur les routes humides et glacées de Suisse allemande, ce samedi 28 septembre, allait le confirmer.
La vraie-fausse néophyte avait abandonné l’épreuve à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée, prise de vomissements. «J’ai beaucoup mangé en prévision de la fin de course et je n’ai pas bien digéré», avait regretté Ferrand-Prévot.
La Rémoise de 32 ans était rentrée chez elle avec beaucoup d'enseignements malgré tout. Quand elle est arrivée au stage de décembre dans sa nouvelle équipe «Team Visma-Lease a bike», son entraîneur l'a trouvée changée.
Elle savait, à ce moment-là, que le chemin qui la séparait d'un sacre sur le Tour de France était encore long, et pénible. Mais elle était convaincue que cela valait la peine de faire des efforts.
Humble, travailleuse, «PFP» a mis toutes les chances de son côté pour briller sur route, sans jamais oublier ce qui lui était arrivé aux Mondiaux. L'expérience de Zurich lui a servi de leçon. Elle savait que pour rivaliser, elle devait apprendre à mieux s'alimenter.
La Française a adapté son corps et sa tête aux nouvelles exigences de son sport, elle a appris par expérience et s'est sentie de mieux en mieux sur la route. Le 26 juillet au départ de Bretagne, elle s'est présentée sur le Tour de France féminin avec quatre kilos de moins mais un appétit de victoire intact. Elle rêvait de s'imposer mais ne doutait pas que cela arriverait si vite, et que Zurich resterait pour toujours le point de départ de sa chevauchée fantastique.