Les rumeurs et spéculations vont bon train en ce moment du côté du FC Bâle, qui traverse une période qui pourrait difficilement être plus compliquée. Au point que l’on parle même d’un potentiel retour de Gigi Oeri en sauveuse d’un club à la dérive.
Après avoir émis quelques solides critiques sur la gestion du club il y a quelques mois, l’ancienne mécène à l’origine de quelques-unes des plus belles campagnes européennes du FCB aurait des projets plus concrets. Mais une chose est certaine: même une forte somme d’argent ne suffira pas à acheter ce qui manque cruellement aux Rhénans: du calme et surtout des points. Beaucoup de points.
Sportivement, la descente aux enfers a probablement atteint son point le plus bas dimanche, avec la défaite 3-0 à Berne qui a enfoncé le FC Bâle en queue de classement de la Super League après les succès du Lausanne-Sport et de GC.
Une position au classement et un sentiment assez nouveaux pour les fans bâlois. Ou du moins sans précédent depuis la relégation en LNB au terme de la saison 1987/88, consécutive à une nette baisse d’investissements dont avait souffert la première équipe. Auparavant, la précédente chute du FCB en LNB remontait à… 1945.
Bien sûr, il reste encore beaucoup de temps pour éviter la culbute au printemps 2024. En comparaison avec la prestation désastreuse contre le SLO, on a par moments vu une autre équipe au Wankdorf une semaine plus tard. Et si ces progrès ne sont pas toujours visibles à l’œil nu – cette défaite à Berne était plutôt prévisible –, le classement ne provoque encore «aucune panique», comme le vice-capitaine Taulant Xhaka a tenu à le préciser.
Même le coach d'YB Raphaël Wicky, lui-même passé par le FCB, a apporté un peu de réconfort à son homologue lors de la conférence de presse d’après-match. «Il ne faut pas sous-estimer l’équipe bâloise, même si le classement est un peu rude en ce moment.»
L'entraîneur rhénan Heiko Vogel a ensuite qualifié cette position de lanterne rouge de «moche». Il a tout de même répondu par l’affirmative quand les caméras de blue Sport lui ont demandé s’il serait toujours sur le banc après la pause internationale.
Actuellement, le coach est loin d’avoir le public derrière lui. Il avait pourtant connu de très belles heures sur le banc bâlois avant d’être licencié une première fois. Cela fera onze ans le 15 octobre.
La surprise suscitée par l’éviction de Vogel avait alors été de la même ampleur que lors du récent limogeage de Timo Schultz. Mais les circonstances étaient complètement différentes. Le FC Bâle était prospère sur le plan économique, il était champion en titre et allait célébrer un nouveau sacre au printemps suivant. Quand Murat Yakin a emmené l’équipe en demi-finales de l’Europa League, plus personne ne regrettait Heiko Vogel.
Et aujourd’hui? Tous les indicateurs laissent envisager une possible et durable lutte contre la relégation. Une situation d’autant plus préoccupante que les concurrents directs des Rhénans, autrement dit les principaux candidats à la descente, sont déjà devant Bâle avec un petit matelas d’avance. N’oublions pas que d’autres grands noms du football suisse ont longtemps été incapables d’imaginer leur triste sort. A l’image du club le plus titré de Suisse, GC, en 2019. Ou du FC Zurich trois ans plus tôt.
Jusqu’à nouvel ordre, la mission d’améliorer l’équipe et de rapidement corriger le tir au classement incombe à Heiko Vogel. Le technicien allemand est chargé de réparer les dégâts qu’il a lui-même causés au FCB dans sa fonction de directeur sportif. Et même si les supporters ne le portent pas dans leur cœur, il a l’avantage d’avoir l’équipe de son côté. Du moins à en croire Taulant Xhaka.
Le milieu de terrain de 32 ans était déjà monté au créneau au printemps dernier pour prendre la défense de Vogel, lors de son intérim. Et sa réponse n’a pas changé quand on lui demande si l’entraîneur provisoire doit devenir l’entraîneur permanent : «Bien sûr!» Et d’ajouter:
Une confiance interne qui ne suffit pas à effacer le souvenir des deux récentes défaites aux yeux des fans. Et le directeur sportif Heiko Vogel devra bien juger l’entraîneur Heiko Vogel sur les points qu’il aura fini par obtenir. Ou pas.
Adaptation en français: Stéphane Combe