Le champêtre stade du Grünfeld à Rapperswil (SG) est niché entre le lac de Zurich et les préalpes saint-galloises. Il y a dix mois, les joueurs de Neuchâtel Xamax imaginaient peut-être passer des vacances bien méritées dans ce cadre idyllique en ce 31 mai, voire même y organiser une sortie d'équipe pour fêter la promotion en Super League. Raté!
A la place des tongs ou des chaussures de randonnée, c'est bien leurs crampons que les Xamaxiens chausseront ce mercredi dans la petite ville saint-galloise à l'occasion du barrage contre la relégation. La faute à une saison catastrophique en Challenge League, qu'ils ont conclue à la dixième et dernière place, treize points derrière l'avant-dernier, Bellinzone...
En face d'eux, les «rouge et noir» auront l'équipe locale, cinquième de Promotion League. Qu'on se le dise tout de suite: le FC Rapperswil-Jona n'est pas un crack du foot suisse, ni même de la troisième division. Il doit sa place en barrage à l'inéligibilité de deux équipes mieux classées que lui, Lucerne M21 et Cham. Mais un barrage reste un barrage, avec les fortes émotions qu'il génère et l'obligation de bien gérer celles-ci pour en sortir victorieux. On pense notamment au stress causé par la peur de mal faire pour l'équipe qui a tout à perdre, en l'occurence Xamax.
Et puis, Rapperswil a des qualités. «Ce n'est pas une équipe très joueuse ni spectaculaire, elle laisse le ballon à l'adversaire mais elle sait se montrer efficace», analyse Lucien Dénervaud. L'entraîneur du FC Bulle – qui s'apprête à quitter le club – a pu le constater en affrontant deux fois les Saint-Gallois en championnat cette saison. «Leur pièce maîtresse est leur attaquant Christian Konan, qui est puissant.»
L'ailier droit italo-ivoirien (23 ans), meilleur buteur de «Rappi» avec 13 pions, a aussi tapé dans l'œil de Christophe Caschili, coach du Stade Nyonnais: «Il est très explosif, tout comme son homologue à gauche, Oan Djorkaeff». Ce dernier n'est autre que le fils du champion du monde français de 1998, Youri Djorkaeff.
Le trio offensif saint-gallois est complété par l'avant-centre Rilind Nikovazi (10 goals à son compteur personnel), grand gaillard de 188 cm que les Neuchâtelois devront marquer à la culotte sur les coups de pied arrêtés. Ceux-ci sont d'ailleurs l'un des gros points forts des joueurs de Rapperswil. «Ils ont des combinaisons intéressantes et comptent de grands gabarits dangereux de la tête», prévient Christophe Caschili.
Même si aucun nom clinquant ne figure dans cette équipe – sa star est sur le banc, en la personne du coach et ex-international suisse David Sesa –, elle est «très mature et expérimentée», selon l'entraîneur nyonnais. Elle sait aussi pimenter son jeu avec du vice, à en croire Lucien Dénervaud. Le Bullois rappelle que ses protégés ont fini à neuf quand ils sont allés jouer à Rapperswil, la faute notamment à leur incapacité de gérer les provocations adverses. Le technicien a aussi une anecdote à ce sujet:
Une attaque dangereuse, un certain talent balle au pied et de la roublardise: autant de qualités qui font du FC Rapperswil-Jona un adversaire dont les Xamaxiens devront se méfier, même si ceux-ci restent les favoris de cette double confrontation.
Mais les Saint-Gallois ont aussi leurs points faibles. Ils concernent principalement leur défense. «Leur gardien, Diego Yanz, est emprunté dans le jeu aux pieds», remarque Christophe Caschili. «Et les défenseurs sont lents.» Un constat partagé par Lucien Dénervaud:
Aux hommes d'Uli Forte, donc, de réussir à mettre du rythme dans leurs offensives et à faire exploser ce bloc – relatif, donc – saint-gallois, «qui évolue bas dans le terrain et ne vient pas chercher l'adversaire», comme l'a observé Christophe Caschili. Le technicien nyonnais voit un autre avantage pour Neuchâtel Xamax: sa pelouse synthétique. «Sur les cinq matchs que Rapperswil a joués sur du synthétique cette saison, il en a perdu quatre», rappelle-t-il.
Mais avant de penser au match retour (samedi 19h00) de ce barrage sur le gazon artificiel de la Maladière, les «rouge et noir» seraient bien inspirés de faire déjà la différence sur celui, naturel, du Grünfeld ce mercredi.
Même si les dynamiques ne parlent pas en leur faveur (Rapperswil reste sur trois victoires, Xamax sur une fessée 1-6 contre Vaduz à la maison), c'est aux Neuchâtelois de rester convaincus qu'ils sont supérieurs, de faire le jeu et de prouver qu'ils méritent leur place en Challenge League.