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Chelsea: pourquoi la stratégie du club vire au chaos

Chelsea's caretaker manager Frank Lampard reacts during the English Premier League soccer match between Wolverhampton Wanderers and Chelsea, at the Molineux Stadium, in Wolverhampton, England, Sa ...
L'entraîneur de Chelsea Frank Lampard est lui-même projeté dans l'incompréhension. Image: sda

Orgie d'argent et de joueurs, la stratégie de Chelsea vire au chaos

Chelsea continue de faire tomber les records financiers, mais peine à les rendre cohérents et profitables. Onzième en Premier League, le club londonien est condamné à écraser le Real Madrid, mardi soir, pour sauver sa saison.
18.04.2023, 11:5105.05.2023, 12:20
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Chelsea affrontait Brighton samedi dernier. Le score était de un partout lorsque Frank Lampard, dépêché au chevet de son club de coeur après le licenciement de Graham Potter, s'est lancé dans un quadruple changement à 56e.

Les survêtements tombés, se présentent Mateo Kovacic, Hakim Ziyech, Joao Felix et Reece James. Les quatre hommes entrent sur la pelouse de Stamford Bridge en remplacement d'Enzo Fernandez, Christian Pulisic, Raheem Sterling et Wesley Fofana. Les sortants ont coûté la modique somme de 281,5 millions de livres sterling – avec pour tête de gondole le champion du monde argentin Fernandez, 107 millions de livres sterling à la signature. Cette analyse est l'oeuvre de l'expert financier Kieran Maguire:

Ce calcul reflète l'état de la formation londonienne: beaucoup de dépenses, peu d'effets. La saison reste morne avec une 11e place en Premier League et une présence en Ligue des Champions qui paraît bien compromise après la défaite au match aller face au Real Madrid (2-0). Mais ce qui interpelle, c'est la gestion du club façon Todd Boehly.

Des folies à la pelle, des contrats de très longue durée (Fernandez a signé jusqu'en 2032): le copropriétaire américain multiplie les gros investissements dans un sport qu'il ne connaît presque pas du tout.

Chelsea reste le club anglais avec la plus grosse masse salariale: 212 millions de livres sterling. Pour donner un petit aperçu, c'est deux fois plus qu'Arsenal. Les Blues se placent devant des flambeurs telles que Manchester City (182 millions) et Manchester United (211millions), selon le Mirror.

Par un effet bassement mécanique, les éléments qui peuplent les rangs de Chelsea perdent de la valeur. Or Boehly, en bon Américain, en attend tout le contraire: il signe des contrats de longue durée dans un but (notamment) de revente et de plus-values.

Comme l'équipe ne marche pas, la valeur marchande de plusieurs joueurs est en chute libre. Le cas de Kai Havertz est un bon exemple: acheté 80 millions d'euros par l'ancien propriétaire Roman Abramovitch, l'Allemand n'en vaut plus «que» 60 à l'heure actuellement et reste sous contrat jusqu'en 2025. Hakim Ziyech, lui, a vu son prix passer de 40 millions (le montant de son transfert à Chelsea) à 18, selon Transfertmarkt. Le Marocain est lui aussi lié au club jusqu'en 2025.

Des recrues fantomatiques

L'autre laissé-pour-compte est Carney Chukwuemeka, transfuge d'Aston Villa l'été dernier contre 18 millions d'euros. L'Anglais de 19 ans n'a joué que 241 minutes cette saison. Il est censé représenter l'avenir, comme Noni Madueke. L'ailier anglais de 21 ans s'est fait un nom au PSV Eindhoven et Chelsea l'a enrôlé contre 35 millions d'euros. Mais le gamin n'est presque jamais sorti du banc et n'est même pas inscrit pour la Ligue des Champions.

Denis Zakaria n'a pas répondu aux attentes non plus, depuis son prêt de la Juventus, trop souvent gêné par des blessures. Le même refrain pour Pierre-Emerick Aubameyang, acheté 12 millions d'euros, fantomatique sous le tricot londonien avec 2 buts en 19 matches. Tout comme Madueke, le Gabonais a été retiré de la liste des joueurs inscrits en Ligue des champions, au profit des nouveaux arrivants Mudryk et Félix.

Les supporters s'expliquent avec Todd Boehly.
L'atmosphère était tendue après la défaite face à Bighton. Des supporters ont harangué Todd Boehly. Image: Getty

Lukaku, le retour qui n'arrange rien

Comme s'il n'y avait déjà pas assez de monde, Romelu Lukaku rentrera bientôt de son prêt à l'Inter, où il déçoit. Sous contrat jusqu'en 2026, l'attaquant belge a été acheté 113 millions d'euros par Chelsea. Il en vaudrait 40 aujourd'hui.

Un retour qui va gonfler les rangs d'un effectif déjà excessivement fourni - 32 joueurs, dont 8 prêtés. Cette abondance se ressent: Frank Lampard bricole pour trouver la meilleure formule. Mais ils sont nombreux à se plaindre de ne pas jouer assez. Comme l'expliquait le journaliste Philippe Auclair, «beaucoup de joueurs ne s'estiment pas traités comme ils le devraient. Ils parlent à leurs agents, lesquels font remonter les plaintes aux journalistes». Et de conclure: «Tous ces joueurs aux contrats de longue durée, ces nombreux joueurs dont il faudra se séparer: it's a mess!»

Dans les médias anglais, Lampard ciblait un autre gros souci des Blues:

«Je pense que l'équipe a besoin d'un travail physique»
Frank Lampard dans Mirror

«Un manque de confiance doit être résolu», renchérissait-il dans le Telegraph. L'ancien roi de Stamford Bridge a passé son temps à causer avec les joueurs, selon les journalistes anglais. «Il lui faudra une grande bouteille d'eau et des pastilles pour la gorge», rigole Auclair. Une sérénité qui peine à revenir, puisque même Boehly et les copropriétaires Behdad Eghbali et Hansjorg Wyss seraient tous entrés dans le vestiaire après la défaite contre Brighton. Cela peut-être vu à la fois comme une implication totale ou une ingérence malsaine.

Le club souhaite avancer et constituer un noyau dur. Selon les bruits rapportés par la presse anglaise, l'équipe est pensée et construite autour des éléments d'avenir: Reece James, Wesley Fofana, Enzo Fernandez, Mykhailo Mudryk et Benoit Badiashile, en attendant Christopher Nkunku (arraché à Leipzig pour un montant estimé à 60 millions d'euros).

A force d'avoir grillé des joueurs et des billets (verts), la méthode Boehly va-t-elle finir par faire ses preuves? La saison actuelle flirte avec le néant, qui raviverait même le titre d'un livre de Françoise Sagan: des bleus à l'âme.

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