Gagner, faire des points, quitter la dernière place. Ces impératifs, les joueurs et le staff du FC Sion les entendent à longueur de journées – et de conférences de presse – depuis samedi et leur défaite mortifiante contre Winterthour (0-1). Et même directement dans le couloir des vestiaires de Tourbillon, quand un ultra est venu faire la morale au groupe après cette grosse désillusion.
«Je n'ai juste pas apprécié qu'il puisse s'introduire dans le couloir, ce n'était pas sa place», déplore David Bettoni. Mais le coach sédunois est d'avis que «les fans ont le droit de donner leur opinion» et qu'il est «prêt à discuter quand c'est pacifique, comme c'était le cas dimanche».
Devant l'urgence de la situation, on serait tenté, à la place de David Bettoni, de montrer quelques bons exemples – comportementaux, tactiques ou techniques – à ses joueurs de ce que qui se fait de mieux au monde, par exemple au Real Madrid, champion d'Europe en titre et toujours en course, en demi, pour conserver son trophée.
D'autant plus que le technicien français connaît la «Maison Blanche» comme sa poche, puisqu'il y a passé quatre ans comme assistant de Zinédine Zidane (trois Ligues des champions à son palmarès). Pourtant, il fait tout le contraire:
Bettoni le dit lui-même: «Les réalités de ces deux clubs sont incomparables». Il le sait, il ne peut pas exiger autant des Sédunois que des Madrilènes. «Dire à un joueur "Regarde comme Modric fait ce contrôle", ce serait catastrophique comme management. On ne peut pas rabaisser nos joueurs comme ça.»
Et puis, entendre un coach mettre sans cesse son CV en avant aurait de quoi lasser ses protégés. Le Français l'a compris. Alors il a eu l'intelligence et la modestie de laisser ses lauriers au Bernabéu, histoire d'être sûr de ne pas s'endormir dessus à Tourbillon. «Et heureusement que je n'ai pas mis en avant ici mon parcours au Real, parce qu'avec les résultats que j'ai, je serais passé pour un charlot», rigole jaune le coach sédunois.
Ses souvenirs glorieux ne sont pas les seuls à être restés à Madrid. A l'entendre, David Bettoni, qui vit sa première expérience d'entraîneur principal, a aussi renoncé à emporter en Valais – temporairement, du moins – ses rêves de beau jeu. «Depuis que je suis arrivé, on est dans une situation d'urgence. Je ne suis pas venu ici pour apporter ma patte, ce serait se tromper d'objectif.» Le Français argumente:
L'ex-assistant de Zinédine Zidane n'a rien à reprocher pour autant à ses joueurs. «Je ne peux pas exiger plus. Ils donnent tout et s'entraînent bien. En fait, ce n'est pas du "plus" qu'il faut, c'est du "mieux"». En question ici, la qualité technique.
Mais David Bettoni insistait, jeudi lors de la conférence de presse au centre d'entraînement de Riddes, sur le bon comportement de sa troupe. «Contrairement à ce que certains disent, même si on est de nouveau derniers au classement, on n'est pas revenu en arrière. C'est faux de dire qu'on a retrouvé le Sion d'avant. Les gars ont changé d'état d'esprit depuis mes débuts», applaudit-il.
L'entraîneur du FC Sion en est convaincu:
Il avoue que le revers face à Winterthour «lui a fait très mal» et qu'il a «revu ce match cinq fois à la TV». On saura samedi face à Servette s'il a tiré de ce binge watching les bons enseignements tactiques et trouvé, surtout, les bons mots pour remobiliser ses joueurs.