Tanguy Ndombele a pris une gueulante de son entraîneur Okan Buruk, selon plusieurs médias turcs cités par le Daily Mail. La raison? Le milieu français de Galatasaray a commandé un burger à l'hôtel après la défaite à domicile en Ligue des champions contre le Bayern (1-3), mardi dernier. Un véritable blasphème au pays du döner kebab, les experts ne diront pas le contraire.
Pourtant, ce n'est pas parce que Ndombele n'a pas mangé local que son coach s'est mis en colère, mais parce qu'il a choisi de la junk food, la malbouffe. Or, selon ces mêmes médias, le joueur prêté par Tottenham avait été mis au régime par le staff stambouliote, estimant qu'il devait perdre 6 kg. Sinon il ne sera plus aligné. Le Français a d'ailleurs été écarté du groupe lors du déplacement à Rizespor en championnat samedi passé.
Ce burger gate en rappelle un autre qui a eu lieu en Suisse ce printemps. Juste après une défaite à Tourbillon contre Lucerne, le défenseur du FC Sion Nathanaël Saintini avait été photographié au McDonald's en train de commander un repas sur la borne. La photo avait fait le buzz sur les réseaux sociaux, où les supporters sédunois – excédés par la situation de leur équipe, alors dernière de Super League – s'étaient fortement offusqués de voir l'un de leurs joueurs manger un McDo après une défaite. Mais était-ce vraiment un crime de lèse-majesté?
Non, répond le président du FC Sion, Christian Constantin. «Vous les journalistes, vous avez tendance à vouloir idéaliser le sport professionnel. Tu n'imagines pas combien de fois on a fait la noce après des matchs quand j'étais joueur!»
Et pour le boss de Tourbillon, aucune différence si la malbouffe est consommée après une victoire ou une défaite. Lui-même n'a jamais interdit le fast-food à ses joueurs. «De toute façon, aujourd'hui tu ne peux plus rien imposer, tu dois toujours tout négocier avec tes employés», se résigne-t-il. Et «CC» a un exemple tout frais, qui lui reste en travers de la gorge comme un nugget englouti trop vite:
Fort de ce constat, le président valaisan mise tout sur le bon sens de ses joueurs. «C'est à eux de comprendre que leur corps est leur outil de travail. C'est ça la différence entre les très grands professionnels, comme Cristiano Ronaldo, et les autres.» Aux «autres», Constantin, qui se définit comme «paternaliste», assure ne pas faire la morale, mais juste les sensibiliser à l'importance de l'hygiène de vie.
Et de toute façon, le boss du FC Sion – qui concède avoir «des problèmes bien plus graves à traiter» dans son club – a pu se rendre compte qu'un petit écart culinaire de temps en temps n'est pas dramatique pour la condition physique ou l'image de ses protégés. «Il y a une quinzaine d'années, j'atterrissais avec mon jet à Munich. Dans le hall de l'aéroport, je croise tous les joueurs du Bayern avec un burger à la main», rembobine-t-il, sans être le moins du monde choqué. Un peu de junk food qui n'a d'ailleurs pas empêché les Bavarois de rouler sur la Bundesliga et l'Europe.
Le discours de Joël Magnin est le même. En charge des M21 de Young Boys, le coach neuchâtelois trouve tout à fait normal d'aller au fast-food de temps en temps pour un footballeur pro. «On est tous humains», rappelle le technicien. «Après, bien sûr, on informe nos joueurs sur l'importance d'une alimentation saine.» Pour l'ex-entraîneur de Xamax, tout est question de dosage, de moment et de lieu. Avec aussi, l'enjeu de l'image publique.
Joël Magnin l'avoue sans problème: il lui est arrivé, comme joueur, de croquer un burger et des frites de temps à autre. Dans le cas spécifique de Ndombele, il comprend toutefois la colère du coach, qui avait imposé un régime au footballeur.
A Neuchâtel, on n'est pas plus stricte avec la malbouffe ponctuelle qu'à Sion et Berne. Comme Christian Constantin, le président de Xamax, Jean-François Collet, fait confiance à l'«intelligence» des joueurs pour ne pas en abuser. «C'est le staff qui gère ces données, en faisant par exemple des contrôles de poids», explique-t-il. Une seule situation gênerait le boss de la Maladière:
L'histoire ne dit pas si Nathanaël Saintini a eu lui aussi l'occasion d'assouvir sa faim directement dans les vestiaires. On espère juste pour le défenseur valaisan qu'aucune révélation ne sera faite sur son choix de menu: si les fans apprenaient qu'il avait testé un McRaclette dans une enseigne américaine, le sentiment de trahison serait encore plus vivace...