Dimanche matin, le Valais entier s'est réveillé avec une gueule de bois digne des soirées les plus arrosées à la légendaire Foire de Martigny. Mais cette fois, les ballons de rouge enquillés jusqu'à pas d'heure sur du Gilbert Montagné et du Jean-Jacques Goldman n'y sont pour rien.
Non, les habitants du Vieux Pays doivent cet état nauséeux à des Vaudois. Et pas à cause du vin de ceux-ci, comme l'imaginent peut-être les mauvaises langues, mais bel et bien d'une équipe du FC Stade Lausanne Ouchy que personne n'avait vraiment vu venir. Troisièmes de Challenge League, les Lausannois sont venus s'imposer 2-0 à Tourbillon en match aller du barrage, posant un pied en Super League.
Cette situation rappelle étrangement celle de Neuchâtel Xamax au printemps 2019. Pensionnaires de l'élite au moment d'affronter Aarau en barrage, les «Rouge et noir» avaient vécu une soirée cauchemardesque au match aller à la Maladière: une claque 0-4. Les Neuchâtelois, tétanisés par l'enjeu, n'arrivaient pas à aligner trois passes alors que leurs adversaires, en pleine confiance, déroulaient et auraient même pu s'imposer plus largement encore. Violemment chahutés par leur propre public, les Neuchâtelois avaient dû quitter le terrain sous escorte. Exactement comme les Sédunois samedi.
A l'image de Xamax il y a quatre ans, Sion a paru dépassé par l'enjeu et un outsider à qui tout (ou presque) réussissait. Sans parler du courroux de ses fans. Or les Xamaxiens avaient réussi l'impossible trois jours plus tard à Aarau: un maintien arraché aux tirs au but, après avoir mené 4-0 jusqu'à la fin des prolongations. L'un des exploits les plus fous de l'histoire du foot suisse. «On a même eu droit à un article dans le New York Times!», rappelle l'un des héros neuchâtelois, le gardien Laurent Walthert.
Pour le désormais jeune retraité, aucun doute: Sion peut, lui aussi, renverser la vapeur. «On ne parlerait même pas de miracle si les Valaisans y parvenaient», s'avance-t-il. D'abord, parce que le score à rattraper est deux fois moins grand que celui de Xamax en 2019. Mais aussi parce que, contrairement à Neuchâtel, les Valaisans n'ont pas le contingent d'un petit poucet de Super League:
Tout ça fait dire à Laurent Walthert que le défi qui attend le FC Sion mardi à la Pontaise est «beaucoup plus réalisable» que celui des Xamaxiens à Aarau. L'ancien portier voit encore au moins deux raisons qui poussent à ce constat.
Son ancien coéquipier, Mustafa Sejmenovic, également sur le terrain lors du «miracle du Brügglifeld», est du même avis: les pensionnaires de Tourbillon ont les capacités de retourner ce barrage. «Si Sion marque en premier, idéalement tôt dans la partie, il mettra une grosse pression sur le SLO. Et sur un match, avec l'expérience des Sédunois, tout est possible.»
C'est ce qu'avait fait Xamax en ouvrant le score à la 20e minute et en menant 3-0 à la mi-temps. Mais ces buts n'étaient bien sûr pas tombés tout seuls: ce jour-là, Neuchâtel a pu compter sur onze guerriers prêts à se battre sur chaque ballon. «Dans ce genre de match, le coach ne devrait pas aligner les meilleurs joueurs techniquement mais ceux qui en veulent le plus», conseille Mustafa Sejmenovic, désormais entraîneur des M21 d'Yverdon.
Il voit bien Gaëtan Karlen dans le rôle de détonateur pour Sion, lui qui était aussi de la partie avec Xamax il y a quatre ans à Aarau. «Un Valaisan, un joueur de caractère et qui a l'amour du maillot.»
Cet état d'esprit conquérant, c'est assurément ce qui avait permis aux Neuchâtelois de se sauver. «Deux jours avant ce match retour, l'entraîneur Stéphane Henchoz avait pris la parole dans le vestiaire pour jouer sur notre fibre émotionnelle», rembobine l'ex-défenseur des «Rouge et noir».
Mustafa Sejmenovic enchaîne: «On verra déjà dans les dix premières minutes mardi dans quel état d'esprit sont les joueurs du FC Sion.»
On ne connaît pas les mots que leur coach, Paolo Tramezzani, a utilisé pour tenter de remobiliser ses troupes. Mais tout le Vieux Pays espère qu'ils seront les bons, histoire de n'avoir pas un autre méchant mal de crâne d'ici la prochaine Foire du Valais le 29 septembre.