Si les spectateurs du match Rio Ave - Braga samedi n'ont pas eu la chance de voir de but, ils ont toutefois assisté à un moment historique.
Pour la première fois dans le monde, un arbitre de première division a expliqué sa décision, après avoir consulté la VAR, à tout le stade en direct. En l'occurrence, l'annulation d'un but.
La scène s'est produite à la 63e minute, quand Braga pensait avoir ouvert le score sur un magnifique retourné de son attaquant Simon Banza. Mais, après un check à la vidéo, l'arbitre, Monsieur Fábio Veríssimo, a annulé ce goal pour un hors-jeu du Congolais au départ de l'action. Son micro branché à la sono du stade, le directeur de jeu s'est tourné vers la tribune pour regarder le public et a justifié sa décision dans un speech de dix secondes.
Pendant les explications, on entend quelques sifflets (les fans de Braga) et beaucoup d'applaudissements (ceux de Rio Ave).
Au-delà des émotions opposées qu'elle suscite chez les supporters des deux équipes en fonction de la décision, cette pratique a le mérite de donner davantage de transparence à l'arbitrage. Une demande qui est régulièrement formulée par les joueurs, entraîneurs et fans. Elle s'inscrit dans une tendance qui a vu, par exemple, des tests de micros sur les arbitres pour que les téléspectateurs entendent les dialogues entre ces derniers et les footballeurs ou coachs.
En Allemagne, les directeurs de jeu sont même interviewés après les matchs par rapport à leurs décisions. En Suisse, Luca Cibelli avait répondu aux questions de la RTS tout de suite après le match de Super League Sion - Winterthour (0-1) le 6 mai 2023, alors qu'il avait annulé un penalty en faveur des Valaisans sur une action litigieuse. Cette démarche est restée ponctuelle dans le foot suisse, mais l'ex-arbitre Stéphan Studer vantait ses mérites en expliquant à watson qu'il s'agissait d'«une très bonne idée».
L'ancien sifflet y voyait, en plus d'un moyen de combler un manque de transparence, une possibilité «de faire savoir au public les informations dont dispose l'arbitre au moment de sa décision». Avec, également, un rôle pédagogique pour les spectateurs, dont bon nombre ignore les règles.
Mais pour Stéphan Studer, il est essentiel de laisser du temps à l'arbitre entre sa décision et les explications publiques:
Ce que ne permet pas la démarche entreprise samedi soir au Portugal, où la communication se fait directement après la décision. Et puis, pour parler frontalement aux spectateurs comme Monsieur Veríssimo l'a fait, il faut un certain charisme et de très bonnes aptitudes communicationnelles. Autrement dit, cette nouvelle manière de faire exige des compétences en plus chez les directeurs de jeu, qui ne sont pas forcément innées.
Autre point délicat: parler au public risque de couper le jeu, déjà passablement mis à mal par les interventions de la VAR. Si celles-ci, plus les explications, se multiplient, les (télé)spectateurs risquent de s'ennuyer.
Malgré ces quelques potentiels bémols, l'action de samedi lors de ce Rio Ave - Braga est prometteuse et pourrait inspirer d'autres championnats (la Suisse?). Le Portugal est un pionnier de cette nouvelle forme de transparence, où les tests sont supervisés par la Fifa et l'International Football Association Board (IFAB).