Lorsque l'équipe de France s'est qualifiée pour la Coupe du monde de football en Australie (du 20 juillet au 20 août), Amel Majri a connu des sentiments contrastés, et même contradictoires: elle était heureuse de pouvoir participer au plus grand tournoi de la planète mais en même temps terriblement inquiète à l'idée de devoir laisser son bébé de onze mois à la maison pendant plus d'un mois.
La milieu de terrain prenait déjà sa fille à chaque rassemblement de l'équipe nationale au centre d'entraînement de Clairefontaine, mais aucune joueuse française ne s'était encore déplacée sur un grand tournoi avec son enfant. Ce sera donc une première cet été puisqu'Amel Majri a été autorisée par le staff à voyager avec Maryam.
Cette nouvelle possibilité offerte aux internationales coïncide avec l'arrivée du nouveau sélectionneur des Bleues. Lors de sa première conférence de presse en avril dernier, Hervé Renard avait laissé entendre que la France était «un peu en retard» sur les questions de la maternité et avait estimé que les joueuses devaient pouvoir vivre le plus sereinement possible leur rassemblement, sans se couper de leur nouveau-né.
Hervé Renard a donc mis en place toutes les conditions nécessaires à l'accueil d'un bébé de onze mois. D'autres (mesures et bébés) devraient suivre. «Il faut arriver à avoir une structure organisée avec une nounou, disait le technicien en conférence de presse début avril. Cela ne nuira pas au fonctionnement du groupe et psychologiquement, cela a une importance capitale. Pour être bien dans sa tête, performante, c’est important d’associer les deux (réd: la maternité et le football). Il y a des progrès à faire au niveau de cette assistance, de cette organisation. On va réussir à faire ce que les États-Unis font. Peut-être qu’un jour, on se retrouvera avec quatre, cinq bambins avec nous. Si c’est bien organisé, cela ne posera pas de problème.»
En prenant les Etats-Unis en exemple, Hervé Renard fait indirectement référence à Alex Morgan, «pionnière sur le sujet de la maternité pour les joueuses de haut niveau» selon France Info. L'Américain se déplace partout avec sa fille depuis 2020.
À ceux qui verraient une incompatibilité dans la gestion simultanée d'un bébé et d'une compétition de très haut niveau, Hervé Renard rétorquait dimanche soir sur France 2 qu'il ne voyait pas en quoi le fait de se consacrer à son jeune enfant une fois l'entraînement terminé était gênant.
On peut même imaginer que la petite Maryam, avec sa tendresse à partager et son humeur badine, apportera beaucoup aux footballeuses de l'équipe de France lors du Mondial australien. «Un petit bébé, c'est toujours mignon, reconnaît l'attaquante Kadidiatou Diani dans Stade 2. Et puis, ça apporte de nouveaux sujets de discussion, des questions. On est un peu curieuses.»
Les Françaises entreront dans la compétition le 23 juillet contre la Jamaïque à Sydney. Elles seront au début d'une histoire qu'elles espèrent riche et couronnée de succès; le genre d'histoire qu'Amel Majri aura beaucoup de plaisir à lire à Maryam dans quelques années.